Magicmaman

Interview Lucie Lucas

- Par Marine Chassang Filipe Photo : Christophe Lartige

Elle parle d’écologie avec douceur et bienveilla­nce. La planète, elle la protège telle une mère qui protège ses enfants. La star de Clem se bouge pour le monde de demain, celui qu’elle laissera à Lilou, 11 ans, Moïra, 9 ans, et Milo,

3 ans. Rencontre avec une femme, une mère et une comédienne engagée. Lucie, vous militez pour l’environnem­ent. Comment a commencé votre cheminemen­t vert-ueux ?

Mes parents m’ont toujours éduquée et sensibilis­ée à la beauté et à la complexité de la nature. Petite, je regardais les documentai­res de Yann Arthus-Bertrand, bouleversé­e par la beauté des paysages et l’horreur de nos activités. Avec la maternité, je me suis rendu compte que l’écologie était une véritable urgence et que l’on ne pouvait pas vivre épanoui dans une poubelle. Être maman était l’obsession de ma vie, et je me suis vraiment plongée dans l’écologie par le biais de mes enfants.

Comment tentez-vous d’améliorer la situation ?

J’ai trouvé de l’intérêt à la notoriété pour pouvoir débattre et partager avec les autres, notamment par le biais des réseaux sociaux. Aujourd’hui, on peut se réunir par millions pour dire stop ou pour changer notre vision des choses. On peut se battre ensemble pour des causes fondamenta­les.

Par exemple, la pétition « L’Affaire du siècle », avec à l’origine quatre ONG – Notre Affaire à tous, Greenpeace, Oxfam et la Fondation Nicolas-Hulot –, a réuni plus de 2 millions de signatures en un temps record pour contraindr­e le gouverneme­nt à agir. Les choses changent et les réseaux sociaux sont un véritable soutien.

Vous avez créé un écovillage au coeur de votre domaine en Bretagne. Comment l’idée est-elle née ?

Avec mon mari, nous n’avions pas envie de rester en ville et souhaition­s transmettr­e à nos enfants quelque chose de l’ordre de l’autonomie. On ne sait pas de quoi demain sera fait et s’ils savent faire pousser des légumes ou construire une éolienne, ils auront plus de

« Lors de ma première grossesse, j’ai essayé de manger bio sans en faire une priorité. Lors de la deuxième, j’avais déjà beaucoup avancé dans ma façon de penser, et c’était inconcevab­le pour moi de ne pas manger bio. Et enfin, pour ma troisième grossesse, je mangeais tout ce que mon corps me réclamait en privilégia­nt toujours des aliments frais et locaux. »

chances de s’en sortir. Nous nous sommes installés dans une ferme pédagogiqu­e où nous travaillon­s avec des producteur­s locaux. L’idée de cet écovillage, c’est l’entraide et la transmissi­on. Nous proposons des ateliers de démocratie participat­ive pour sensibilis­er aux problèmes actuels et de permacultu­re : chacun de nous peut apprendre et agir. Nous allons également ouvrir un centre de soins avec des médecines douces et alternativ­es.

Comment organisez-vous votre vie à la ferme et votre vie d’actrice ?

Quand les enfants sont à l’école, je nourris les chevaux, les poules, je travaille dans le potager pour semer, planter, désherber… À certains moments, je m’arrête pour faire une vidéo pour les réseaux sociaux, répondre à une interview, lire un scénario. Quand je pars en tournage [NDLR : les tournages de Clem durent jusqu’à sept mois], j’essaye de travailler quatre jours par semaine de façon à profiter d’un vrai weekend en famille. Je m’en sors car je suis très bien entourée, profession­nellement et dans le cercle familial. C’est très dur d’être loin des gens qu’on aime, particuliè­rement de ses enfants car ils en souffrent aussi, mais c’est un choix que j’assume. J’essaie de profiter de ce temps pour moi, c’est très précieux quand on est parent.

Comment votre façon de penser et d’agir s’estelle traduite dans votre maternité ?

Lors de ma première grossesse, j’ai essayé de manger bio sans en faire une priorité. Lors de la deuxième, j’avais déjà beaucoup avancé dans ma façon de penser, et c’était inconcevab­le pour moi de ne pas manger bio. Et enfin, pour ma troisième grossesse, je mangeais tout ce que mon corps me réclamait en privilégia­nt toujours des aliments frais et locaux. C’est drôle parce que Lilou, mon aînée, n’aime pas grand-chose, Moïra aime pas mal de choses et mon dernier mangerait… de tout ! J’ai toujours accouché à la maternité dans des conditions naturelles. J’ai été déclenchée pour la naissance de Milo : j’ai passé onze heures dans la baignoire, avec une péridurale minuscule, trop même. [Rires] J’ai allaité mes trois enfants, un mois et demi à chaque fois seulement car je reprenais le travail.

Et dans l’éducation de vos enfants ?

Je leur dis toujours que le plus important, c’est de se respecter soi-même et les autres. À partir du moment où cette notion est au centre, l’écologie, qui a pour principe le respect des écosystème­s, des êtres vivants et des rouages de la nature, va de soi. Nous habitons à la campagne, au milieu d’un théâtre de nature sublime, ça aide ! On fait du potager avec eux, même si, souvent, ils traînent des pieds. [Rires] J’aime leur apprendre des choses, expériment­er avec eux, partager. On joue beaucoup et on est très fusionnels lorsqu’on est ensemble. J’ai trois enfants profondéme­nt gentils, qui m’apaisent et forcent mon respect.

Réussissez-vous à adopter une hygiène de vie 100 % écolo lorsque vous tournez ?

Ce n’est pas simple de respecter ses conviction­s au travail car on n’est pas seul décisionna­ire. L’industrie audiovisue­lle est aussi polluante qu’inspirante. Sur les tournages de Clem, on essaie de diminuer notre impact au maximum : on achète bio, on prend de la seconde main pour les costumes, on utilise des voitures électrique­s et hybrides, je suis maquillée avec des produits bio et naturels. On avance petit à petit, même si avec le Covid, c’est difficile. On a aussi une borne pour y mettre les masques jetables. Ils sont ensuite récupérés et transformé­s en objets d’art.

Quels sont vos projets pour cette année ?

Je suis en train de tourner la saison 11 de Clem qui est, selon moi, la meilleure de toutes ! On a réussi à revenir à l’ADN initial de la dramédie, les nouveaux personnage­s sont top, on rit beaucoup. Je joue également dans la série Gloria [NDLR : sur TF1 depuis le 18 mars], le personnage d’une jeune femme aigrie par la vie, notamment parce qu’elle n’a pas réussi à avoir d’enfant. Je vais aussi m’arrêter quelques mois pour écrire un livre sur mon engagement pour l’écologie. ✪ Lucie Lucas s’adresse aux Magicmaman­s en vidéo (magicmaman.com/ lucielucas­video) et sur notre podcast Planète famille.

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