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La grande question Doit-on arrêter d’acheter des vêtements neufs à nos enfants?

Être un parent green passe aussi par l’habillemen­t ! La mode se veut de plus en plus écorespons­able, mais le marché de l’occasion serait-il la véritable solution ? On pèse le pour et le contre.

- Par Clémentine Thiney

Le secteur de la mode et de l'habillemen­t n'échappe pas aux questionne­ments écologique­s. Lorsque l'on commence à s'intéresser à l'industrie textile, on comprend pourquoi elle est de plus en plus sujette aux polémiques. C'est en effet la deuxième source de production de CO2 dans le monde… juste après la production de pétrole. La WWF estime que chaque année, ce secteur émet 1,7 milliard de tonnes de CO2. Ce chiffre s'explique notamment par les transports des marchandis­es, souvent pointés du doigt (« Ton jean a fait plusieurs fois le tour de la planète avant d'arriver entre tes mains »). Il faut également prendre en compte la création de la matière textile. Qu'elle soit synthétiqu­e ou naturelle, elle nécessite de nombreuses étapes, qui font toutes consommer de l'énergie. Outre la pollution de l'air, l'un des grands points noirs est la surconsomm­ation d'eau. À titre d'exemple, la production d'un jean nécessite entre 7 000 et 10 000 litres d'eau.

MODE ÉTHIQUE OU SECONDE MAIN ?

En tant que parents, si vous désirez mieux consommer, pas de panique, des alternativ­es s'offrent à vous. Certaines marques se lancent ainsi dans des démarches plus éthiques. Elles produisent des vêtements « made in France », avec des matériaux recyclés ou biologique­s. La vente de seconde main, en friperie ou via des sites ou des applis, prend également de plus en plus d'ampleur, et répond à des critères aussi bien écologique­s qu'économique­s. L'applicatio­n la plus connue reste Vinted, et certaines enseignes historique­s se lancent aussi dans la revente de seconde main. La Redoute crée ainsi La Reboucle, qui permet aux utilisateu­rs de vendre et d'acheter des produits d'occasion, issus du site ou non. La marque de vêtements pour enfants Okaïdi a, pour sa part, créé l'applicatio­n ÏDTROC, qui permet aux parents de donner ou de revendre leurs produits de la marque. L'argent leur est ensuite reversé sous forme de carte cadeau. Quelle est la meilleure alternativ­e pour acheter les vêtements de son enfant ?

« LA SECONDE MAIN, ÉCOLOGIQUE ET ÉCONOMIQUE »

Avec Agathe Fontaine de Family Affaire

Maman de deux enfants de sept et neuf ans, Agathe Fontaine est partie s'installer à Londres il y a sept ans, où elle a lancé Family Affaire, avant de revenir à Paris en août dernier : « Je me suis retrouvée à Londres avec tous les vêtements de ma fille, et je les ai vendus sur Instagram. Ça a très bien marché. Puis j'ai des amies qui m'ont demandé de vendre les vêtements de leurs enfants, en prenant une commission. Petit à petit, je me suis retrouvée avec beaucoup de stocks, donc j'ai commencé à faire des pop-ups

chez moi », explique-t-elle. Cela a pris tellement d'ampleur qu'en octobre 2019, Agathe crée son site Internet, avec plus de 10 000 pièces (du 0 au 14 ans), dont certaines haut de gamme, à vendre en ligne, mais aussi dans des pop-up stores (espaces de vente éphémères). Ainsi, les mamans ont toujours le loisir de se rendre en « boutique » et voir les pièces en vrai. « En général, les parents achètent souvent neuf pour le premier bébé. Pourtant, c'est l'âge où il faut acheter de seconde main, car les vêtements sont très peu portés. Et je pense que les gens s'en rendent compte, car j'en vends de plus en plus. C'est l'occasion pour eux de se faire plaisir sur des vêtements de très belles marques, qu'ils pourront toujours revendre par la suite. Un pull en cachemire reviendra aussi cher qu'un pull en acrylique si vous l'achetez en seconde main. » Selon Agathe, le marché de l'occasion pour les enfants ne présente que des avantages : « C'est malin, sur le plan écologique, économique, c'est un geste hyper intelligen­t, surtout pour l'enfant qui grandit tellement vite ! Et puis ça limite le gâchis et la surconsomm­ation. Autre point très intéressan­t avec ce mode de vente : on trouve des vêtements de toutes les saisons toute l'année. » Par ailleurs, les mentalités évoluent, et acheter des vêtements de seconde main n'est plus quelque chose de ringard. Au contraire : « C'est devenu un mode de vie. On est plutôt fier ! Cela se démocratis­e énormément, estime-t-elle. Mais il ne faut pas boycotter absolument le neuf pour autant. Car à force, le marché de la seconde main va finir par s'épuiser. On peut aussi acheter neuf et plus responsabl­e. »

« ACHETER NEUF EN FAISANT ATTENTION AUX MOYENS DE PRODUCTION »

Avec Thomas Bucaille, directeur RH et RSE de Petit Bateau

Spécialisé dans les vêtements pour enfants, Petit Bateau prône « la qualité et la durabilité des produits », d'après Thomas Bucaille, directeur des ressources humaines. Selon lui, la durabilité est vraiment un point essentiel lorsqu'on parle d'écorespons­abilité : « Un produit qui dure, qui peut être réutilisé, c'est le meilleur moyen de réduire son impact environnem­ental. Cela implique de pouvoir les entretenir et les réparer facilement. » L'enseigne est sensible à la question de l'environnem­ent, et c'est pour cette raison qu'elle s'engage à ce que tous ses produits soient écoconçus d'ici 2025. Cela signifie que toutes les étapes de production des vêtements seront réalisées dans le respect de l'environnem­ent, avec du coton biologique. Thomas Bucaille met en avant ses avantages : « Le coton biologique n'utilise pas de pesticides. Par conséquent, il y a moins de maladies chez les agriculteu­rs. Il nécessite aussi moins d'eau. » La marque veille également attentivem­ent à la provenance de ses matériaux : « On n'achète pas n'importe quel coton bio. On travaille en collaborat­ion avec des partenaire­s qui respectent les normes environnem­entales. Contrôler nos chaînes d'approvisio­nnement permet aussi de faire attention au travail forcé. » L'enseigne s'engage aussi à ne plus jeter de vêtements, en donnant ses invendus à des associatio­ns. Récemment, elle s'est aussi lancée dans la vente de seconde main : « Les clients viennent en magasin avec leurs articles Petit Bateau, et on les revend moins cher. » ✪

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