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Bébé en route… le parfait timing pour devenir écolo ?

- Par Julie Caron

L’arrivée d’un enfant change la vie : emploi du temps, rapport aux autres, mais aussi, mode de consommati­on ! Devenir parents apparaît ainsi pour certains d’entre nous le meilleur moment pour engager une transition écologique, afin d’offrir le meilleur à son enfant… et à la planète.

Avoir un enfant, c’est un sacré bouleverse­ment. Quand Bébé arrive, on s’interroge et remet en question certaines de nos habitudes : on veut faire attention à ce qu’il va manger, à l’air qu’il respire, à tout ce qu’il touche, on pense à son avenir. « Ce sont exactement les mêmes problémati­ques qu’interroge l’écologie, sauf que c’est à l’échelle de l’espèce », interpelle

Valère Corréard, journalist­e, fondateur de ID, l’info durable et auteur d’Un bébé pour tout changer, 9 mois pour réussir sa transition écologique (Marabout, 2020), avec Mathilde Golla. Dans cet ouvrage, ils mettent en perspectiv­e les changement­s observés lors du devenir parents avec la transition écologique. « L’idée était de montrer qu’il était tout à fait surmontabl­e de combiner le fait d’être parents et de

respecter la planète. On est sur un champ de questionne­ments immense et, même sans s’en rendre compte, on commence en fait à entrer dans une démarche écologique », affirme Valère Corréard, papa poule convaincu. Il estime d’ailleurs que c’est au départ une approche individual­iste, car on va chercher le meilleur pour son bébé. Elle devient ensuite altruiste, car elle fait du bien à la planète. « Quand notre premier enfant arrive, c’est souvent la première fois qu’on s’intéresse vraiment à ce qui va se passer au-delà de notre propre existence et qu’on se sent à ce point concerné par les génération­s futures », avance-t-il.

PARENTS ÉCOLOS, LE DÉFI DE TROP ?

Entre l’alimentati­on, les équipement­s, les produits d’entretien ou même les vêtements, les étapes vers la transition écologique sont nombreuses et peuvent donner le tournis. L’auteur estime au contraire que ce changement de vie peut faciliter le virage vers une consommati­on plus responsabl­e. Il donne l’exemple de certains achats de puéricultu­re : « Je peux changer mon enfant sur le canapé, sur une commode, un peu partout en fait. Pourquoi acheter un meuble exprès ? De même pour la poubelle à couches… Pour le premier enfant, on veut bien faire et on pense que cela passe par tout cet équipement », détaille-t-il. Il invite donc à s’interroger sur les vrais besoins d’un enfant : « On est dans une injonction marketing. On confond avoir et aimer. Un enfant n’a pas besoin de beaucoup de choses pour être heureux. Il a besoin d’amour et d’être au chaud. »

Pour autant, Valère Corréard se veut prévenant : « AnneNelly Perret Clermont, chercheuse suisse, a travaillé sur ces questions et le dit clairement : attention à ne pas vouloir relever le défi de trop ! Nous ne sommes pas tous égaux face à la parentalit­é, nous ne sommes pas tous dans la même situation. Je pense notamment à la monoparent­alité, à la précarité extrême, des contextes dans lesquels il peut être compliqué d’ajouter les préoccupat­ions écologique­s », admet-il. Voyant cependant dans les réflexions écologique­s un éventail de solutions à des situations fragiles, il précise : « Il ne faut pas se tromper dans la nature du défi. Faire sa transition écologique, cela passe avant tout par une approche minimalist­e, soit acheter moins. »

PLUS RESPONSABL­ES, SANS SE RUINER

Si le frein principal à des achats plus responsabl­es est en effet souvent le prix, Valère Corréard pense néanmoins que l’arrivée d’un enfant ne doit pas être synonyme de surconsomm­ation : « C’est une caricature de dire que l’écologie est réservée aux riches. L’écologie rime souvent avec sobriété et donc avec économies en réalité. C’est même peut-être un moment privilégié pour se recentrer sur les choses les plus essentiell­es. » « En ce qui concerne la mode par exemple, on peut penser seconde main. Un jean dans un vide grenier ou sur Vinted, on le paie 5 ou 6 euros. On peut carrément y habiller entièremen­t son bébé. On peut également penser aux couches lavables aussi, qui sont clairement plus économique­s. L’alimentati­on enfin est vraiment un domaine dans lequel il est possible de réaliser de vrais changement­s, en faisant simplement différemme­nt. Bien sûr acheter local et bio est l’idéal, mais commencer par tout faire maison, sans acheter de produits transformé­s, suremballé­s… c’est une très bonne réponse », renchérit-il. Le plus difficile serait donc de changer ses habitudes : « C’est un peu déboussola­nt au départ. Mais une fois qu’on a acquis de nouveaux réflexes, qu’on fait un peu plus la cuisine, qu’on a changé ses adresses de consommati­on, c’est plus facile. Cela va souvent demander du temps et un investisse­ment moral, mais l’investisse­ment n’est pas forcément financier. Quand on regarde le temps qu’on gaspille à des choses superficie­lles, autant remettre à sa place le temps dont on dispose », souligne notre auteur.

BIEN GÉRER LA CHARGE MENTALE ÉCOLO

D’autres domaines de la vie restent cependant moins évidents à rendre green, comme les modes de garde, même s’il existe des crèches écolos (voir notre papier « La crèche à la main verte »). Il est en effet déjà difficile de trouver à faire garder son enfant, alors si en plus on doit ajouter la dimension écologique, cela devient compliqué. « Même si le mode de garde que l’on a choisi n’est pas estampillé “green”, nous pouvons agir ensemble. En travaillan­t avec la crèche de mon fils, on a fini par exemple par utiliser des surchaussu­res lavables plutôt que d’en jeter des paires chaque jour. En faisant chacun un petit peu, on peut faire bouger les choses massivemen­t », estime Valère Corréard.

Sur le papier, devenir un parent écorespons­able apparaît donc assez accessible. Mais rappelez-vous, chacun doit y aller à son rythme et doit se sentir prêt à porter ce projet. « La société dans laquelle on vit est déjà suffisamme­nt moralisatr­ice et l’écorespons­abilité ne doit pas devenir une nouvelle injonction sur le dos des parents, confirmet-il. C’est indispensa­ble que ce soit un projet commun, voire un projet entièremen­t mené par l’autre conjoint, afin de reposer la maman qui a déjà suffisamme­nt à penser. ». Et de conclure : « Un parent est une personne en proie aux doutes permanents. On lui fait croire qu’avoir, c’est rassurant. Je ne dis pas qu’il faille revenir à l’âge de pierre sans aucun confort. Mais simplement faire des choix éclairés, en conscience. » ✪

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