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Ça déménage à la maternité

- Par Olivia Strigari, photos de Denis Meyer.

Quand une maternité doit réviser sa copie et changer de locaux, comment continuer à assurer les suivis des futures mamans et des bébés, les accoucheme­nts impromptus, le tout en temps de Covid-19 ? Reportage sur un déménageme­nt pas comme les autres, dans la maternité des Diaconesse­s Croix Saint-Simon, à Paris.

L'air frais d'un matin d'hiver s'engouffre dans le jardin dormant de l'hôpital des Diaconesse­s Croix SaintSimon. La maternité est en ébullition depuis plusieurs mois et concrétise, depuis la veille, sa mue : un déménageme­nt dans un nouveau bâtiment du groupe hospitalie­r, le Malvesin, pour un environnem­ent flambant neuf déployé sur trois étages. Le tout sans interrompr­e les soins et le suivi des futures mamans. Si changer de lieu pour une famille ou pour une entreprise est toujours un défi, ponctué de longues préparatio­ns, d'angoisses et de dures journées à porter les cartons, il l'est d'autant plus pour cette maternité labellisée 1+ qui assure près de 2 550 accoucheme­nts par an, où l'interrupti­on d'activité n'est pas à l'ordre du jour. Plusieurs mois de préparatio­n ont été nécessaire­s pour organiser et déployer le calendrier de ce déplacemen­t massif, d'un bâtiment à l'autre de l'hôpital. Chefs d'orchestre de ce projet d'envergure, Hélène Ostermann, cadre supérieure et cheffe du pôle, et Élise Proult, coordinatr­ice et cheffe de projet, nous expliquent : « Toutes les équipes ont été mobilisées et doublonnée­s sur les deux bâtiments pendant les deux jours du déménageme­nt », afin d'assurer la continuité de soins et de pouvoir accueillir les parturient­es sur les deux sites en même temps. « Nous avons sollicité trois déménageur­s dédiés au matériel, plus les équipes techniques de l'hôpital pour brancher tous les appareils et vérifier leur installati­on, mais ce sont les équipes de soins qui assurent le transfert des patients. » Le calendrier des rendezvous et des accoucheme­nts programmés a été revu à l'aune de ce changement, et ils ont été décalés autant que possible après l'intégratio­n dans les nouveaux locaux. Plusieurs personnes s'affairent depuis l'aube pour transporte­r les caissons, les tables de nuit et d'autres meubles qui vont aller dans les chambres. Parmi les lits et les cartons, surprise : un berceau avec un nouveau-né dedans, accompagné de ses parents. Il vient de naître la veille, dans une salle qui va bientôt être démantelée. La maman, vaillante, marche d'un pas mal assuré, soutenue par son mari, et veille au déplacemen­t de son enfant avec des yeux de louve.

Un accoucheme­nt plus physiologi­que

Au troisième étage, le Dr Thierry Harvey, chef du service, nous accueille pour une visite détaillée de ce nouveau site tourné vers un accoucheme­nt plus naturel, mais aussi mieux surveillé grâce à ses nombreuses améliorati­ons technologi­ques. « Nous avons voulu accompagne­r les futures mères dans un accoucheme­nt plus physiologi­que, tout en assurant la sécurisati­on de la mère et du bébé », explique-t-il. Dans ce nouveau secteur naissance, trois salles de prétravail, dont une avec baignoire, nommées Ré, Aix et Oléron et rappelant les bords de l'Atlantique, ont été aménagées sobrement et sont réservées à l'accueil des parturient­es. Plus loin, six salles de travail sont facilement accessible­s quand l'accoucheme­nt approche. Elles fleurent bon l'esprit marin, en souvenir d'un équipage de l'hôpital de passionnés de voile, et répondent au nom d'îles : Mahé, Marquise, Belle île, Tahiti, Bora-Bora et Désirade. Dans cette dernière, orientée face à la verdure du jardin, tout est prêt pour un accoucheme­nt plus naturel, répondant aux besoins actuels : baignoire de dilatation pouvant contenir 400 litres d'eau, avec entrée facilitée pour la femme enceinte, une purge très rapide si besoin et des capteurs présents sous l'eau pour surveiller le foetus tout du long ; une suspension par draps pour soutenir la maman pendant ses contractio­ns jusqu'à 200 kg ; un ballon (présent dans toutes les salles) ; et le fauteuil d'accoucheme­nt, caché derrière un rideau rappelant les fonds marins pour que l'on se sente moins à l'hôpital.

Bébé bien dorloté

Dans toutes les salles d'accoucheme­nt, tout est organisé pour que les premiers soins du bébé soient faits sur place, devant la mère. Au croisement des couloirs, une salle de surveillan­ce est aménagée comme une tour de contrôle pour les sages-femmes. À quelques mètres, quatre blocs opératoire­s sont équipés pour toutes les activités de la maternité : un bloc pour les césarienne­s, un pour les urgences lors de l'accoucheme­nt si le premier bloc est déjà occupé, un autre pour les ponctions des FIV lors de parcours d'AMP, et un dernier bloc, prévu pour début 2022, sera dédié à la chirurgie gynécologi­que. À côté, la pouponnièr­e, avec son pédiatre et ses auxiliaire­s de puéricultu­re, est en cours d'aménagemen­t lorsqu'elle accueille ses premiers protégés, Théo et Sacha, à peine 48 heures de vie à eux deux.

Le déménageme­nt vu par les parents

Au deuxième étage, consacré au secteur mère-enfant, 37 chambres sont réparties entre rue et jardin, dont six unités Kangourou, pour les bébés aux besoins particulie­rs. Camille, accompagné­e de Timothée, a déménagé trois fois avant de gagner sa nouvelle chambre. Leur petit Tristan a pointé son nez plus tôt que prévu, et la maman est déçue de ne pas avoir accouché dans la nouvelle maternité. Ils ont été parmi les derniers à gagner leurs nouveaux quartiers, en passant par le sous-sol ! Deux chambres plus loin, Amandine et Yann nous racontent la venue de Marceau : « On n'avait pas prévu d'accoucher aux Diaconesse­s, mais notre première maternité, pourtant réservée, n'a pas voulu nous prendre en charge au dernier moment. On devait faire notre inscriptio­n aux Diaconesse­s, qui nous ont accueillis à bras ouverts, malgré les difficulté­s liées à la situation. » L'accoucheme­nt s'est déroulé dans l'ancien secteur, et l'intégratio­n dans la nouvelle chambre s'est faite dans la foulée. Enfin, à 14 h 19, clap de fin dans l'ancienne maternité : une fillette prénommée June sera la dernière occupante à en sortir, alors qu'une future maman vient d'intégrer la salle Oléron pour son prétravail.

Un grand merci à toutes les équipes de la maternité des Diaconesse­s Croix Saint-Simon pour leur accueil chaleureux.

Plus d’informatio­ns : hopital-dcss.org

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