Je choisis la maternité qui me plaît!
Comment choisir le lieu où l’on va rencontrer notre bébé, celui qui nous inspire confiance et correspond à nos envies et nos valeurs ? Sécurité, confort, proximité... Les critères pour trouver la maternité idéale en 18 questions.
L’environnement médical 1. Une maternité de niveau 3 est-elle plus sûre qu’une de niveau 1 ou 2 ?
Non, car toutes les maternités répondent aux mêmes normes de sécurité. De niveau 1, 2 ou 3, elles procèdent aux accouchements courants : ceux qui ne présentent pas de problèmes et ceux, plus délicats, qui demandent la présence du gynécologue-obstétricien (césarienne, forceps…). Pour la maman, il n'y a donc pas de différence : le bloc obstétrical est le même partout. Ce qui change, en revanche, c'est la prise en charge du bébé.
Niveau 1 Ces maternités disposent uniquement d'un bloc obstétrical. Préconisées pour les grossesses et accouchements « simples » et sans complications prévisibles à la naissance, elles peuvent prendre en charge 90% des grossesses.
Niveau 2 Ces maternités possèdent un service de néonatologie ou de soins intensifs néonatals, sur place ou à proximité. Elles sont recommandées pour les grossesses à risques et grossesses multiples.
Niveau 3 Ces établissements disposent d'un service de réanimation néonatale et sont spécialisés dans le suivi des grossesses pathologiques présentant un danger pour l'enfant : jumeaux ou triplés avec risque de prématurité, anomalies chromosomiques ou malformation d'organes, hypertension sévère ou diabète maternels, infections comme la rubéole, la toxoplasmose, etc. « La grossesse est un phénomène normal et naturel qui concerne des jeunes femmes en bonne santé dans leur immense majorité, insiste Francine Dauphin, sage-femme. Aujourd'hui, nous avons tendance à l'oublier. De ce fait, une certaine confusion règne dans les esprits : des futures mamans veulent aller en maternité de niveau 3 comme si elles souhaitaient absolument tout maîtriser. Mais celles-ci n'assurent pas plus de sécurité que les autres. Elles mettent en oeuvre une plus grande technicité. Ce n'est pas tout à fait pareil ! » Habitué à intervenir en urgence ou à réaliser des actes médicaux assez lourds, le personnel des maternités de niveau 3 est peut-être moins disponible pour la future maman dont la grossesse ne présente aucun problème. Mais rien n'est systématique. Tout dépend, en fait, du « profil psychologique » de l'équipe et de sa façon de fonctionner. Comment choisir ? Si votre grossesse se déroule normalement, c'est le critère de proximité qui prévaut. La confiance dans le gynécologue-obstétricien et les sages-femmes est aussi déterminante. Il est essentiel que vous vous sentiez libre de poser les questions que vous désirez, que le personnel soit disponible et à l'écoute. Dans cette période de votre existence mêlée de bonheur et d'incertitudes, il est important de bien s'entourer. « La future maman doit s'assurer qu'il y aura une vraie continuité dans le suivi de la grossesse », explique Francine Dauphin. Lors de la première visite prénatale, demandez à être suivie par la même personne. Et n'hésitez pas, au-delà du tour d'horizon médical du praticien, à aborder tous les aspects de la grossesse, de l'accouchement et des suites de couches.
2. Public ou privé, quelle différence ?
Dans le public, vous accoucherez dans un centre hospitalier universitaire (CHU) ou régional (CHR). Ce sont les sagesfemmes qui y assurent le suivi de la grossesse, l'accouchement et les suites de couches. Le gynécologue-obstétricien intervient seulement en cas de problème. Dans le privé, c'est le médecin ou la sage-femme de votre choix qui vous accouche. Pour le reste, la différence est essentiellement financière.
Dans les établissements publics, les frais sont pris en charge à 100 % par la sécurité sociale.
Dans les établissements privés conventionnés, les frais médicaux sont pris en charge à 100 % par la Sécu, hors dépassements d'honoraires et frais supplémentaires de confort. Demandez à votre mutuelle si elle prend en charge la différence.
3. À la maternité, qui fait quoi ?
Connaître les rôles du personnel hospitalier et médical permet d'y voir plus clair et de se rassurer.
La sage-femme est l'intermédiaire entre la future maman et la maternité, elle met sa technique et son savoir au service de la femme enceinte, en lui apportant ce que Francine Dauphin appelle « un soutien contenant ». Elle doit lui servir de repère permanent et être à ses côtés sans lui imposer quoi que ce soit. «Il est important d'accepter la future maman telle qu'elle est et non telle qu'on voudrait qu'elle soit.»
Le gynécologue-obstétricien s'occupe des consultations de suivi de la grossesse et procède aux premiers examens. Dans les maternités, il prend aussi en charge les grossesses pathologiques. Il assure l'accouchement si le bébé se présente par le siège, et si l'on doit avoir recours au forceps ou à la césarienne. L’anesthésiste reçoit la future maman au cours du dernier trimestre avant l'accouchement. Il s'assure qu'il n'y a pas de contre-indication pour une péridurale. Il conduit son examen comme s'il devait procéder à une anesthésie générale et invite la femme enceinte à lui poser toutes les questions auxquelles elle pense. Attention, le jour de l'accouchement, ce n'est pas forcément le même anesthésiste qui réalisera la péridurale. La puéricultrice intervient après l'accouchement, dès que le bébé arrive dans la chambre. Elle vérifie d'abord qu'il n'y a pas d'infections, de pathologie ou de malformation. La durée de séjour étant de plus en plus courte, les jeunes mamans doivent être au point sur certains gestes en un temps record: les soins du cordon, le change, le bain, l'alimentation. C'est à la puéricultrice de les initier: elle montre comment procéder, en les accompagnant mais sans faire à leur place.
Le pédiatre n'est présent lors de l'accouchement qu'en cas de difficulté. Lorsqu'un bébé souffre de détresse respiratoire, par exemple, le pédiatre procède aux gestes de réanimation. Il peut être là également en cas de césarienne difficile. Sinon, il n'intervient que pour le premier examen du bébé, entre douze
et vingt-quatre heures après la naissance. Il examine le bébé sous toutes les coutures, du sommet du crâne jusqu'aux orteils, en passant par la langue ! Le pédiatre procède ensuite à l'examen de sortie, le dernier jour.
4. Le nombre d’accouchements est-il un critère de sélection ?
Oui et non. De nombreux experts en obstétrique estiment qu'une maternité réalisant moins de 300 accouchements par an ne remplit pas toutes les conditions de sécurité, car les professionnels manqueraient de pratique. A contrario, le personnel des établissements effectuant plus de 2 500 accouchements par an est-il suffisamment disponible pour chaque maman ? « Il serait caricatural d'opposer les “usines à bébés” aux “petites maternités” », note Michel Tournaire. Entre 300 et 4 000 accouchements annuels, il vaut mieux trouver un moyen terme. Selon le Dr René Frydman, 1 500 représente un nombre idéal, un bon critère de sécurité. La question est surtout de savoir si les équipes sont au complet. De nombreuses maternités ont du mal à recruter et les personnels sont souvent débordés.
5. Je pourrai choisir ma position ?
La majorité des maternités procède à des accouchements en position allongée, dite gynécologique, et sous péridurale. Mais, même si toutes les maternités ne le permettent pas, on peut aussi accoucher debout, assise, accroupie, à quatre pattes ou même suspendue par les bras ! Ces postures aident bien souvent le bébé à descendre mais, la plupart du temps, vous accoucherez sans péridurale. C'est à vous de sentir ce qui vous convient le mieux, en collaboration étroite avec la sagefemme: elle vous dira si votre grossesse et la position de votre bébé se prêtent à une certaine liberté posturale.
6. La douleur est-elle prise en charge partout ?
Pour la césarienne, de nombreuses maternités ont établi des protocoles antidouleur. Normalement, des morphiniques sont donnés aux jeunes mamans. En ce qui concerne l'épisiotomie, « c'est un combat qui reste à mener », remarque la sage-femme
Francine Dauphin. En effet, l'épisiotomie étant ressentie de façon très différente d'une jeune maman à l'autre, certains établissements attendent que la patiente se plaigne pour agir. Or, il est possible de prévenir la douleur liée à l'épisiotomie en massant le périnée avant l'accouchement. Après la naissance, on peut utiliser des compresses de glace en cas de douleur, ou d'eau salée en présence d'un oedème. « Les anti-inflammatoires sont à déconseiller si la maman allaite, mais on peut faire appel à l'homéopathie. Arnica est, notamment, très efficace. » Bref, des solutions existent. N'hésitez pas à aborder ce sujet et exigez les éclaircissements nécessaires.
7. Comment être sûre d’avoir la péridurale ?
En vous assurant qu'un anesthésiste est de garde 24 h/24 dans la maternité choisie. L'accouchement vous terrorise ? Vous craignez d'avoir trop mal ? Vous avez entendu dire que, parfois, la péridurale ne faisait pas effet ? Parlez-en à la sage-femme qui vous suit. Au cours du dernier trimestre avant la naissance de votre bébé, vous avez rendez-vous avec l'anesthésiste qui effectuera la péridurale : n'hésitez pas à insister sur ce qui vous inquiète. La qualité d'une maternité se mesure aussi à la capacité du personnel à comprendre ce genre de questionnement et à y répondre de façon courtoise et bienveillante.
8. Je ne veux ni épisiotomie ni césarienne…
L'épisiotomie, incision de la vulve destinée à faciliter le passage du bébé, peut s'avérer indispensable, en cas de souffrance foetale par exemple. Aujourd'hui, grâce aux recommandations du Collège national des gynécologues-obstétriciens français, elle est moins systématique, mais cependant pratiquée dans 34,9%* des cas pour un premier accouchement (et 9,8% pour les femmes ayant déjà eu un enfant). Alors qu'elle n'est indispensable que pour 10 % des cas – lorsque la naissance doit être accélérée, ou si le périnée risque une déchirure profonde. Et il subsiste de vraies disparités selon les établissements. Aussi, « les futures mamans ne doivent pas craindre de demander quelle est la politique de la maternité dans ce domaine, estime Francine Dauphin. Si le taux est élevé, il y a de quoi s'interroger… » Pour la césarienne, il faut aussi se
renseigner. Certes, c'est le médecin qui pose le diagnostic, et il n'est pas question de lui dicter sa conduite. Mais certaines maternités abusent de cet acte chirurgical. « Des futures mamans nous demandent quel est notre taux de césariennes, signale le Pr Michel Tournaire. Cela ne me choque pas du tout : nous devons leur répondre et leur expliquer nos décisions.» *Enquête nationale périnatale, 2016.
9. Mon conjoint aura-t-il le droit d’être là ?
Assurez-vous qu'il en a vraiment envie. Discutez-en et mettez-vous d'accord sur la place qu'il occupera: beaucoup de professionnels préfèrent que le papa se tienne à la tête du lit plutôt que derrière eux. En revanche, il est souvent exclu en cas de césarienne. C'est une intervention chirurgicale, et, comme telle, elle nécessite un environnement stérile.
Le suivi de la grossesse 10. Je peux être suivie par mon gynécologue ?
Bien sûr. Les sept visites prénatales peuvent être assurées par un gynécologue-obstétricien, une sage-femme, un médecin généraliste ou votre gynécologue médical. Dans tous les cas, mieux vaut ne pas attendre le dernier moment pour prendre contact avec la maternité, rencontrer l'équipe et découvrir les lieux. Et que vous soyez suivie par votre gynécologue ne change rien à l'accouchement lui-même : c'est une sage-femme qui vous accouchera ou un obstétricien si cela s'avère nécessaire.
11. Les séances de préparation, c’est utile ?
Animées par des sages-femmes, elles donnent des informations d'ordre physiologique (développement du foetus, déroulement de l'accouchement…) et pratique (hygiène, alimentation, péridurale…). On vous apprendra aussi à vous relaxer et à respirer. La plupart des maternités proposent des séances collectives, parmi lesquelles huit sont remboursées par la sécurité sociale. Vous pouvez opter pour des séances individuelles avec une sage-femme libérale, également remboursées.
12. À quoi servent les groupes de parole des pères ?
Les papas expriment leurs doutes, leurs craintes et parlent entre eux ou à un tiers (médecin, sage-femme, psychologue…) de ce qui les préoccupe. Certains futurs pères se sentent profondément bouleversés par ce qui les attend et leurs conjointes ne sont pas les mieux placées pour leur répondre ! N'hésitez pas à demander si votre maternité organise des groupes de pères: ils sont de plus en plus fréquents.
13. On m’informera sur l’allaitement ?
Toutes les maternités proposent des informations sur l'allaitement. Soit au cours des séances de préparation à l'accouchement, soit lors de sessions consacrées à ce sujet. Malheureusement, tous les établissements ne forment pas leur personnel, sages-femmes et puéricultrices notamment. Là encore, renseignez-vous sur la position des maternités de votre région.
Après la naissance 14. Je pourrai avoir une chambre à moi ?
Les chambres seules sont plus rares en région parisienne car les hôpitaux manquent de place et sont même parfois franchement vétustes. Dans le privé, une chambre individuelle occasionne un surcoût. Renseignez-vous sur ce qui est pris en charge par la sécurité sociale mais aussi par votre mutuelle. « Parfois, les jeunes mamans insistent pour en obtenir une, raconte la Dre Bernadette de Gasquet, spécialisée dans la préparation à la naissance. Mais une fois que leur conjoint est parti et que la nuit tombe, elles traversent des moments de déprime. » Partager sa chambre, c'est aussi pouvoir parler avec une autre maman et s'échanger des « trucs » !
15. On va m’aider pour allaiter ?
La première mise au sein est fondamentale. Même si vous avez participé aux réunions d'information sur l'allaitement, vous aurez sans doute besoin, au début, des conseils d'une sagefemme ou d'une puéricultrice. Les maternités formées par l'association La Leche League sont plus impliquées que les autres : les sages-femmes savent se rendre disponibles et n'hésitent pas à revenir vous voir plusieurs fois dans la journée… et même la nuit. Surtout, toutes adoptent le même discours, ce qui est rassurant pour une jeune maman. Si vous êtes fermement décidée à allaiter votre bébé, orientez-vous, si possible, vers un établissement dont le personnel a été formé. Allaitement ou pas, la maternité idéale est celle qui respecte votre choix.
16. Et si j’ai le baby blues ?
Survenant le plus souvent entre le 3e et le 6e jour après la naissance, le baby blues concerne près de la moitié des femmes. Si c'est le cas durant votre séjour à la maternité, vous pourrez trouver une aide auprès des sages-femmes et des puéricultrices qui savent bien que, désemparées par les bouleversements liés à l'arrivée du bébé, les jeunes mamans ont besoin d'être écoutées et rassurées. Dans certains établissements, la puéricultrice gardera votre bébé si vous le souhaitez pour que vous puissiez vous reposer, et vous pourrez parler à un psychologue qui vous aidera en ce moment difficile.
17. Mon conjoint pourra rester dormir ?
Certaines maternités se montrent tolérantes et ajoutent un lit d'appoint. D'autres sont très à cheval sur les horaires de visite, d'autres encore n'ont pas de place, surtout en région parisienne. Certes, il est souvent difficile d'imposer la présence du papa la nuit, mais ce n'est pas une raison pour baisser les bras : alors, insistez !
18. Je vais rester combien de temps ?
Les maternités étant de plus en plus débordées, la durée moyenne de séjour diminue. Elle est aujourd'hui de 4 jours en France. En cas de sortie précoce (dans les 72 heures suivant l'accouchement ou 96 heures en cas de césarienne), vous pouvez bénéficier du Prado, le programme d'accompagnement du retour à domicile, 100 % pris en charge par l'Assurance maladie. Une sage-femme libérale vous rend visite directement chez vous dès le lendemain de votre sortie et vous accompagne pour les premiers soins de Bébé.