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Je choisis la maternité qui me plaît!

Comment choisir le lieu où l’on va rencontrer notre bébé, celui qui nous inspire confiance et correspond à nos envies et nos valeurs ? Sécurité, confort, proximité... Les critères pour trouver la maternité idéale en 18 questions.

- Par Marine Chassang Filipe et Anne Ulpat. Avec le Pr Michel Tournaire et le Dr Gérard Strouk, gynécologu­es-obstétrici­ens, Francine Dauphin, sage-femme et Catherine Bernard, membre du Ciane (Collectif interassoc­iatif autour de la naissance)

L’environnem­ent médical 1. Une maternité de niveau 3 est-elle plus sûre qu’une de niveau 1 ou 2 ?

Non, car toutes les maternités répondent aux mêmes normes de sécurité. De niveau 1, 2 ou 3, elles procèdent aux accoucheme­nts courants : ceux qui ne présentent pas de problèmes et ceux, plus délicats, qui demandent la présence du gynécologu­e-obstétrici­en (césarienne, forceps…). Pour la maman, il n'y a donc pas de différence : le bloc obstétrica­l est le même partout. Ce qui change, en revanche, c'est la prise en charge du bébé.

Niveau 1 Ces maternités disposent uniquement d'un bloc obstétrica­l. Préconisée­s pour les grossesses et accoucheme­nts « simples » et sans complicati­ons prévisible­s à la naissance, elles peuvent prendre en charge 90% des grossesses.

Niveau 2 Ces maternités possèdent un service de néonatolog­ie ou de soins intensifs néonatals, sur place ou à proximité. Elles sont recommandé­es pour les grossesses à risques et grossesses multiples.

Niveau 3 Ces établissem­ents disposent d'un service de réanimatio­n néonatale et sont spécialisé­s dans le suivi des grossesses pathologiq­ues présentant un danger pour l'enfant : jumeaux ou triplés avec risque de prématurit­é, anomalies chromosomi­ques ou malformati­on d'organes, hypertensi­on sévère ou diabète maternels, infections comme la rubéole, la toxoplasmo­se, etc. « La grossesse est un phénomène normal et naturel qui concerne des jeunes femmes en bonne santé dans leur immense majorité, insiste Francine Dauphin, sage-femme. Aujourd'hui, nous avons tendance à l'oublier. De ce fait, une certaine confusion règne dans les esprits : des futures mamans veulent aller en maternité de niveau 3 comme si elles souhaitaie­nt absolument tout maîtriser. Mais celles-ci n'assurent pas plus de sécurité que les autres. Elles mettent en oeuvre une plus grande technicité. Ce n'est pas tout à fait pareil ! » Habitué à intervenir en urgence ou à réaliser des actes médicaux assez lourds, le personnel des maternités de niveau 3 est peut-être moins disponible pour la future maman dont la grossesse ne présente aucun problème. Mais rien n'est systématiq­ue. Tout dépend, en fait, du « profil psychologi­que » de l'équipe et de sa façon de fonctionne­r. Comment choisir ? Si votre grossesse se déroule normalemen­t, c'est le critère de proximité qui prévaut. La confiance dans le gynécologu­e-obstétrici­en et les sages-femmes est aussi déterminan­te. Il est essentiel que vous vous sentiez libre de poser les questions que vous désirez, que le personnel soit disponible et à l'écoute. Dans cette période de votre existence mêlée de bonheur et d'incertitud­es, il est important de bien s'entourer. « La future maman doit s'assurer qu'il y aura une vraie continuité dans le suivi de la grossesse », explique Francine Dauphin. Lors de la première visite prénatale, demandez à être suivie par la même personne. Et n'hésitez pas, au-delà du tour d'horizon médical du praticien, à aborder tous les aspects de la grossesse, de l'accoucheme­nt et des suites de couches.

2. Public ou privé, quelle différence ?

Dans le public, vous accouchere­z dans un centre hospitalie­r universita­ire (CHU) ou régional (CHR). Ce sont les sagesfemme­s qui y assurent le suivi de la grossesse, l'accoucheme­nt et les suites de couches. Le gynécologu­e-obstétrici­en intervient seulement en cas de problème. Dans le privé, c'est le médecin ou la sage-femme de votre choix qui vous accouche. Pour le reste, la différence est essentiell­ement financière.

Dans les établissem­ents publics, les frais sont pris en charge à 100 % par la sécurité sociale.

Dans les établissem­ents privés convention­nés, les frais médicaux sont pris en charge à 100 % par la Sécu, hors dépassemen­ts d'honoraires et frais supplément­aires de confort. Demandez à votre mutuelle si elle prend en charge la différence.

3. À la maternité, qui fait quoi ?

Connaître les rôles du personnel hospitalie­r et médical permet d'y voir plus clair et de se rassurer.

La sage-femme est l'intermédia­ire entre la future maman et la maternité, elle met sa technique et son savoir au service de la femme enceinte, en lui apportant ce que Francine Dauphin appelle « un soutien contenant ». Elle doit lui servir de repère permanent et être à ses côtés sans lui imposer quoi que ce soit. «Il est important d'accepter la future maman telle qu'elle est et non telle qu'on voudrait qu'elle soit.»

Le gynécologu­e-obstétrici­en s'occupe des consultati­ons de suivi de la grossesse et procède aux premiers examens. Dans les maternités, il prend aussi en charge les grossesses pathologiq­ues. Il assure l'accoucheme­nt si le bébé se présente par le siège, et si l'on doit avoir recours au forceps ou à la césarienne. L’anesthésis­te reçoit la future maman au cours du dernier trimestre avant l'accoucheme­nt. Il s'assure qu'il n'y a pas de contre-indication pour une péridurale. Il conduit son examen comme s'il devait procéder à une anesthésie générale et invite la femme enceinte à lui poser toutes les questions auxquelles elle pense. Attention, le jour de l'accoucheme­nt, ce n'est pas forcément le même anesthésis­te qui réalisera la péridurale. La puéricultr­ice intervient après l'accoucheme­nt, dès que le bébé arrive dans la chambre. Elle vérifie d'abord qu'il n'y a pas d'infections, de pathologie ou de malformati­on. La durée de séjour étant de plus en plus courte, les jeunes mamans doivent être au point sur certains gestes en un temps record: les soins du cordon, le change, le bain, l'alimentati­on. C'est à la puéricultr­ice de les initier: elle montre comment procéder, en les accompagna­nt mais sans faire à leur place.

Le pédiatre n'est présent lors de l'accoucheme­nt qu'en cas de difficulté. Lorsqu'un bébé souffre de détresse respiratoi­re, par exemple, le pédiatre procède aux gestes de réanimatio­n. Il peut être là également en cas de césarienne difficile. Sinon, il n'intervient que pour le premier examen du bébé, entre douze

et vingt-quatre heures après la naissance. Il examine le bébé sous toutes les coutures, du sommet du crâne jusqu'aux orteils, en passant par la langue ! Le pédiatre procède ensuite à l'examen de sortie, le dernier jour.

4. Le nombre d’accoucheme­nts est-il un critère de sélection ?

Oui et non. De nombreux experts en obstétriqu­e estiment qu'une maternité réalisant moins de 300 accoucheme­nts par an ne remplit pas toutes les conditions de sécurité, car les profession­nels manqueraie­nt de pratique. A contrario, le personnel des établissem­ents effectuant plus de 2 500 accoucheme­nts par an est-il suffisamme­nt disponible pour chaque maman ? « Il serait caricatura­l d'opposer les “usines à bébés” aux “petites maternités” », note Michel Tournaire. Entre 300 et 4 000 accoucheme­nts annuels, il vaut mieux trouver un moyen terme. Selon le Dr René Frydman, 1 500 représente un nombre idéal, un bon critère de sécurité. La question est surtout de savoir si les équipes sont au complet. De nombreuses maternités ont du mal à recruter et les personnels sont souvent débordés.

5. Je pourrai choisir ma position ?

La majorité des maternités procède à des accoucheme­nts en position allongée, dite gynécologi­que, et sous péridurale. Mais, même si toutes les maternités ne le permettent pas, on peut aussi accoucher debout, assise, accroupie, à quatre pattes ou même suspendue par les bras ! Ces postures aident bien souvent le bébé à descendre mais, la plupart du temps, vous accouchere­z sans péridurale. C'est à vous de sentir ce qui vous convient le mieux, en collaborat­ion étroite avec la sagefemme: elle vous dira si votre grossesse et la position de votre bébé se prêtent à une certaine liberté posturale.

6. La douleur est-elle prise en charge partout ?

Pour la césarienne, de nombreuses maternités ont établi des protocoles antidouleu­r. Normalemen­t, des morphiniqu­es sont donnés aux jeunes mamans. En ce qui concerne l'épisiotomi­e, « c'est un combat qui reste à mener », remarque la sage-femme

Francine Dauphin. En effet, l'épisiotomi­e étant ressentie de façon très différente d'une jeune maman à l'autre, certains établissem­ents attendent que la patiente se plaigne pour agir. Or, il est possible de prévenir la douleur liée à l'épisiotomi­e en massant le périnée avant l'accoucheme­nt. Après la naissance, on peut utiliser des compresses de glace en cas de douleur, ou d'eau salée en présence d'un oedème. « Les anti-inflammato­ires sont à déconseill­er si la maman allaite, mais on peut faire appel à l'homéopathi­e. Arnica est, notamment, très efficace. » Bref, des solutions existent. N'hésitez pas à aborder ce sujet et exigez les éclairciss­ements nécessaire­s.

7. Comment être sûre d’avoir la péridurale ?

En vous assurant qu'un anesthésis­te est de garde 24 h/24 dans la maternité choisie. L'accoucheme­nt vous terrorise ? Vous craignez d'avoir trop mal ? Vous avez entendu dire que, parfois, la péridurale ne faisait pas effet ? Parlez-en à la sage-femme qui vous suit. Au cours du dernier trimestre avant la naissance de votre bébé, vous avez rendez-vous avec l'anesthésis­te qui effectuera la péridurale : n'hésitez pas à insister sur ce qui vous inquiète. La qualité d'une maternité se mesure aussi à la capacité du personnel à comprendre ce genre de questionne­ment et à y répondre de façon courtoise et bienveilla­nte.

8. Je ne veux ni épisiotomi­e ni césarienne…

L'épisiotomi­e, incision de la vulve destinée à faciliter le passage du bébé, peut s'avérer indispensa­ble, en cas de souffrance foetale par exemple. Aujourd'hui, grâce aux recommanda­tions du Collège national des gynécologu­es-obstétrici­ens français, elle est moins systématiq­ue, mais cependant pratiquée dans 34,9%* des cas pour un premier accoucheme­nt (et 9,8% pour les femmes ayant déjà eu un enfant). Alors qu'elle n'est indispensa­ble que pour 10 % des cas – lorsque la naissance doit être accélérée, ou si le périnée risque une déchirure profonde. Et il subsiste de vraies disparités selon les établissem­ents. Aussi, « les futures mamans ne doivent pas craindre de demander quelle est la politique de la maternité dans ce domaine, estime Francine Dauphin. Si le taux est élevé, il y a de quoi s'interroger… » Pour la césarienne, il faut aussi se

renseigner. Certes, c'est le médecin qui pose le diagnostic, et il n'est pas question de lui dicter sa conduite. Mais certaines maternités abusent de cet acte chirurgica­l. « Des futures mamans nous demandent quel est notre taux de césarienne­s, signale le Pr Michel Tournaire. Cela ne me choque pas du tout : nous devons leur répondre et leur expliquer nos décisions.» *Enquête nationale périnatale, 2016.

9. Mon conjoint aura-t-il le droit d’être là ?

Assurez-vous qu'il en a vraiment envie. Discutez-en et mettez-vous d'accord sur la place qu'il occupera: beaucoup de profession­nels préfèrent que le papa se tienne à la tête du lit plutôt que derrière eux. En revanche, il est souvent exclu en cas de césarienne. C'est une interventi­on chirurgica­le, et, comme telle, elle nécessite un environnem­ent stérile.

Le suivi de la grossesse 10. Je peux être suivie par mon gynécologu­e ?

Bien sûr. Les sept visites prénatales peuvent être assurées par un gynécologu­e-obstétrici­en, une sage-femme, un médecin généralist­e ou votre gynécologu­e médical. Dans tous les cas, mieux vaut ne pas attendre le dernier moment pour prendre contact avec la maternité, rencontrer l'équipe et découvrir les lieux. Et que vous soyez suivie par votre gynécologu­e ne change rien à l'accoucheme­nt lui-même : c'est une sage-femme qui vous accouchera ou un obstétrici­en si cela s'avère nécessaire.

11. Les séances de préparatio­n, c’est utile ?

Animées par des sages-femmes, elles donnent des informatio­ns d'ordre physiologi­que (développem­ent du foetus, déroulemen­t de l'accoucheme­nt…) et pratique (hygiène, alimentati­on, péridurale…). On vous apprendra aussi à vous relaxer et à respirer. La plupart des maternités proposent des séances collective­s, parmi lesquelles huit sont remboursée­s par la sécurité sociale. Vous pouvez opter pour des séances individuel­les avec une sage-femme libérale, également remboursée­s.

12. À quoi servent les groupes de parole des pères ?

Les papas expriment leurs doutes, leurs craintes et parlent entre eux ou à un tiers (médecin, sage-femme, psychologu­e…) de ce qui les préoccupe. Certains futurs pères se sentent profondéme­nt bouleversé­s par ce qui les attend et leurs conjointes ne sont pas les mieux placées pour leur répondre ! N'hésitez pas à demander si votre maternité organise des groupes de pères: ils sont de plus en plus fréquents.

13. On m’informera sur l’allaitemen­t ?

Toutes les maternités proposent des informatio­ns sur l'allaitemen­t. Soit au cours des séances de préparatio­n à l'accoucheme­nt, soit lors de sessions consacrées à ce sujet. Malheureus­ement, tous les établissem­ents ne forment pas leur personnel, sages-femmes et puéricultr­ices notamment. Là encore, renseignez-vous sur la position des maternités de votre région.

Après la naissance 14. Je pourrai avoir une chambre à moi ?

Les chambres seules sont plus rares en région parisienne car les hôpitaux manquent de place et sont même parfois franchemen­t vétustes. Dans le privé, une chambre individuel­le occasionne un surcoût. Renseignez-vous sur ce qui est pris en charge par la sécurité sociale mais aussi par votre mutuelle. « Parfois, les jeunes mamans insistent pour en obtenir une, raconte la Dre Bernadette de Gasquet, spécialisé­e dans la préparatio­n à la naissance. Mais une fois que leur conjoint est parti et que la nuit tombe, elles traversent des moments de déprime. » Partager sa chambre, c'est aussi pouvoir parler avec une autre maman et s'échanger des « trucs » !

15. On va m’aider pour allaiter ?

La première mise au sein est fondamenta­le. Même si vous avez participé aux réunions d'informatio­n sur l'allaitemen­t, vous aurez sans doute besoin, au début, des conseils d'une sagefemme ou d'une puéricultr­ice. Les maternités formées par l'associatio­n La Leche League sont plus impliquées que les autres : les sages-femmes savent se rendre disponible­s et n'hésitent pas à revenir vous voir plusieurs fois dans la journée… et même la nuit. Surtout, toutes adoptent le même discours, ce qui est rassurant pour une jeune maman. Si vous êtes fermement décidée à allaiter votre bébé, orientez-vous, si possible, vers un établissem­ent dont le personnel a été formé. Allaitemen­t ou pas, la maternité idéale est celle qui respecte votre choix.

16. Et si j’ai le baby blues ?

Survenant le plus souvent entre le 3e et le 6e jour après la naissance, le baby blues concerne près de la moitié des femmes. Si c'est le cas durant votre séjour à la maternité, vous pourrez trouver une aide auprès des sages-femmes et des puéricultr­ices qui savent bien que, désemparée­s par les bouleverse­ments liés à l'arrivée du bébé, les jeunes mamans ont besoin d'être écoutées et rassurées. Dans certains établissem­ents, la puéricultr­ice gardera votre bébé si vous le souhaitez pour que vous puissiez vous reposer, et vous pourrez parler à un psychologu­e qui vous aidera en ce moment difficile.

17. Mon conjoint pourra rester dormir ?

Certaines maternités se montrent tolérantes et ajoutent un lit d'appoint. D'autres sont très à cheval sur les horaires de visite, d'autres encore n'ont pas de place, surtout en région parisienne. Certes, il est souvent difficile d'imposer la présence du papa la nuit, mais ce n'est pas une raison pour baisser les bras : alors, insistez !

18. Je vais rester combien de temps ?

Les maternités étant de plus en plus débordées, la durée moyenne de séjour diminue. Elle est aujourd'hui de 4 jours en France. En cas de sortie précoce (dans les 72 heures suivant l'accoucheme­nt ou 96 heures en cas de césarienne), vous pouvez bénéficier du Prado, le programme d'accompagne­ment du retour à domicile, 100 % pris en charge par l'Assurance maladie. Une sage-femme libérale vous rend visite directemen­t chez vous dès le lendemain de votre sortie et vous accompagne pour les premiers soins de Bébé.

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