Magicmaman

Devenir parents, une vraie tempête sous la couette?

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Selon notre sondage IDM-Families pour magicmaman, les jeunes mères dressent un bilan assez sombre de leur vie sexuelle, qui s’est dégradée pour une grande majorité (70 %). Parmi les ennemis principaux du couple : la fatigue (84 %). Plongée sans tabou et sans jugement dans l’intimité des parents.

Inexistant­e », « chaotique », « ralentie », « compliquée », « différente »… Voici quelques termes que les mères que nous avons interrogée­s ont exprimés pour qualifier leur vie sexuelle depuis l’arrivée de leur enfant. Entre la période particuliè­re du post-partum, des journées qui filent à toute allure avec un bébé, la fatigue intense, un nouveau statut de mère et de père à appréhende­r, la sexualité des jeunes parents semble particuliè­rement chahutée après la naissance des enfants. D’après l’étude menée par magicmaman avec IDM-Families, 70 % des mères observent ainsi une dégradatio­n de leur vie sexuelle depuis l’accoucheme­nt, dont

28 % déclarent qu’elle s’est beaucoup dégradée. Nouvelles responsabi­lités, nouveaux statuts… Carlotta Munier, auteure de Le Couple, l’intimité et la sexualité, confirme qu’il s’agit là d’un immense chamboulem­ent dans une vie : « L’enfant qui arrive dans un couple va causer un séisme qui va ébranler l’édifice jusque dans ses moindres fondations. Si ces dernières ne sont pas solides, le couple risque de se retrouver en réelle difficulté », explique-t-elle.

COUPLE CONJUGAL VS COUPLE PARENTAL

À la naissance d’un enfant naissent également ses parents. Du statut de femme et d’homme, on embrasse en un instant ceux de mère et de père. Il convient de se l’approprier soi-même, mais aussi d’appréhende­r ce changement chez l’autre : « Le regard que nous portons sur l’autre se modifie. Il n’est plus seulement notre compagnon, notre partenaire. Celui-ci change de statut à nos yeux, psychiquem­ent ou physiqueme­nt », confirme la sexothérap­eute. Couple parental et couple conjugal vont ainsi devoir trouver leur nouvel équilibre. Pas toujours évident, d’après Lily : « Une fois que notre fille est arrivée, il est devenu papa à 100% et ça a été un vrai travail de remettre notre couple dans l’équation. Ce n’est pas qu’il ne m’aimait pas, mais il a été happé par ce nouveau rôle. » S’oublier en tant que personne n’est pas rare dans les premiers temps de la parentalit­é. Il faut le temps de trouver son rythme entre les hormones totalement chamboulée­s ainsi que les couches, les biberons et autres réjouissan­ces. Pour autant, l’identité parentale n’exclut pas l’identité conjugale. Alors pourquoi semblent-elles si difficiles à concilier ?

UN (RAPPORT AU) CORPS TRANSFORMÉ

Si le parent est psychiquem­ent changé, la jeune mère doit aussi appréhende­r un corps transformé par la grossesse. « Ma fouf, c’était un champ de bataille, s’exclame l’humoriste Élodie Arnould. En plus, on a dû me recoudre, donc j’avais très peur d’avoir mal. Et puis mon ventre, c’était comme un ballon d’anniversai­re qu’on aurait oublié… pendant un an : tout dégonflé », s’amuse-t-elle. En effet, une jeune maman peut appréhende­r d’accueillir de l’intimité dans cette zone par laquelle est arrivé son enfant. « J’ai eu des douleurs post-partum un gros mois, j’ai des points qui ont sauté… donc la sexualité, pénétratio­n ou pas, ce n’était pas du tout la question ! » raconte Aurélie.

Pour autant, son rapport à son corps n’a pas trop impacté sa sexualité : « Après l’accoucheme­nt, même avec quelques kilos en plus, les seins sensibles, le ventre flasque, pas vraiment apprêtée… je voyais dans les yeux de mon compagnon qu’il me désirait vraiment… Ça m’a beaucoup aidée à être bien dans mon corps. » Si certaines arrivent à

prendre du recul ou à en rire, le bouleverse­ment physique peut complexer certaines mamans, jusqu’à entraver leur sexualité. C’est le cas d’un tiers (33 %) des femmes interrogée­s.

LA FATIGUE, TUE-L’AMOUR NUMÉRO 1

Cependant, la raison avancée en premier lieu par les parents pour expliquer la dégradatio­n de leur vie sexuelle reste la fatigue. Entre flamme et flemme, les jeunes mères ont ainsi tranché : 84 % des sondées nomment le manque de sommeil comme principal frein à leur vie sexuelle. « Ma fille n’a pas fait ses nuits avant 7 mois, alors je vais vous dire, les seuls moments où elle dormait, tout ce dont j’avais envie était de dormir aussi ! » confirme Marion. Derrière la fatigue, le manque de temps (59 %) et le manque de désir (52 %) expliquent cette sexualité en demi-teinte pour une grande partie des couples. Beaucoup de parents soulignent ainsi que la spontanéit­é n’est plus aussi souvent au rendez-vous : « Mais quand faire l’amour ? J’ai repris le boulot vite, la crèche n’est pas tout près. L’aîné a des activités, on doit l’emmener. La gestion du planning, c’est un vrai sujet ! » déclare Émilie. Pour répondre à l’interrogat­ion de cette maman, il semblerait que les couples privilégie­nt le plus souvent le soir (77 % le week-end en soirée, 60 % la semaine en soirée) pour leurs rapports.

UN RETOUR À LA SEXUALITÉ EN DOUCEUR

Pour 14 % des sondées, le retour à la sexualité s’est effectué dans le mois qui suit l’accoucheme­nt. C’est le cas de Lucie : « J’ai eu une libido impression­nante juste après, peut-être du fait des hormones, donc on a repris une sexualité très vite. En revanche, après 2 mois, c’est retombé comme un soufflé. » Mais pour la grande majorité (50 %), elles ont eu des rapports entre 1 et 3 mois après, quand d’autres ont attendu entre 3 et 6 mois (19,2 %). « J’étais angoissée de retomber enceinte en retour de couches, donc je n’ai pas repris une sexualité tant que je n’ai pas repris la pilule, au bout de 2 mois », témoigne Aurélie.

En effet, reprendre le sexe après un accoucheme­nt peut être compliqué. L’essentiel est de ne jamais se forcer

et surtout de s’écouter. Le sexe ne doit jamais devenir une contrainte. « Ce n’est pas une obligation, mais bien un plaisir partagé », rappelle la sexothérap­eute Carlotta Munier. Cependant, Aurélie estime qu’il s’agit quand même d’un vrai sujet de doute : « Tu as dans un coin de ta tête cette pression du retour à la sexualité. Quand ton quotidien de maman roule, tu te dis : il faut que je prenne les choses en main pour avoir cet autre rôle, celui de femme. »

PAS DE PRESSION !

Pourtant, chacun devrait se sentir libre de prendre le temps dont il ou elle a besoin avant de redémarrer cette vie sexuelle, comme le confirme l’influenceu­se Masha Sexplique, qui parle d’éducation sexuelle sur son blog : « J’ai attendu un an. J’avais besoin de cette pause. Est-ce que ça m’empêche d’avoir une vie sexuelle épanouie aujourd’hui ? Pas du tout ! » Rien d’alarmant, donc, si vous n’avez pas envie de faire l’amour ou si vous avez un désir dévorant. Ainsi, il n’existe pas de fréquence « normale » des rapports. D’après notre enquête, 80 % des interrogée­s faisaient l’amour presque tous les jours avant Bébé, et ce chiffre chute presque de moitié (44 %) après l’arrivée d’un enfant. Plus d’un quart des mamans (27%) font l’amour plutôt une fois par semaine et 24 % ont des rapports deux à trois fois par mois. Le bon rythme, c’est celui qui vous convient.

S’ACCORDER DES MOMENTS D’INTIMITÉ

Sans pour autant avoir à s’inquiéter, les parents ont aussi le droit à une sexualité épanouie. Or, toujours d’après notre étude, les mères donnent une note de 5,7/10 à leur vie sexuelle, à peine plus de la moyenne. Plus précisémen­t, 42 % donnent une note de 0 à 5/10. Et seul un quart d’entre elles donnent une bonne note (8 à 10). Comment faire, donc, pour conserver une vie sexuelle satisfaisa­nte avec un ou plusieurs enfants dans la maison ? Premier conseil : savoir se reposer… Un parent a le droit d’être trop fatigué pour se lancer dans des ébats amoureux. Soufflez ! Il reste cependant nécessaire pour le couple de savoir s’accorder des moments pour se retrouver, en déposant la casquette de parents au placard. Ainsi, certains décident de confier les enfants de temps en temps aux grands-parents ou à une baby-sitter pour une soirée à deux. D’autres, comme l’humoriste Élodie Arnould et son conjoint, ont mis en place des « soirées massages ». Rappelons que l’intimité ne se résume pas qu’à la pénétratio­n et aux caresses : l’attention, le regard que l’on porte sur l’autre, les marques de tendresse, des bisous qui veulent dire beaucoup, des mots susurrés à l’oreille… et surtout, beaucoup de communicat­ion : sans doute le meilleur moyen d’allier couple parental et couple conjugal. ✪

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