Nutrition La diversification mixte ou l’art du compromis
Et si on trouvait un juste milieu entre la diversification classique et les morceaux en toute autonomie ? Un challenge relevé par la diversification mixte, qui rassure les parents inquiets, tout en laissant Bébé expérimenter.
Vers les 5-6 mois de Bébé, l’heure est à l’éveil des goûts et des textures avec la diversification alimentaire. Petit à petit, les repas évincent le biberon qui était jusqu’ici roi. Concernant le rythme, chacun son école! Il y a la team «classique», où tout se fait de façon progressive : on commence par de la nourriture liquide, puis molle, puis des morceaux fondants… Et la team DME (diversification menée par l’enfant). Ici, la petite cuillère laisse place aux mains de l’enfant, qui découvre par lui-même les aliments entiers, les moins transformés possible. Si cette approche présente de nombreux avantages, elle peut faire peur à certains parents. Un troisième choix s’offre alors: la diversification mixte, un savant équilibre entre les deux ! Christine Zalejski, docteure en biologie spécialisée en alimentation pédiatrique, consultante et formatrice en alimentation infantile, et fondatrice du site Cubes & Petits pois, nous explique comment s’attaquer aux morceaux.
MIXER LES TEXTURES TOUT EN LES DISTINGUANT
Pour pratiquer la diversification mixte, il faut alimenter Bébé tantôt avec de la nourriture molle, tantôt avec des morceaux les plus bruts possibles, qu’il doit attraper en autonomie. Mais attention, il ne faut pas donner les deux textures en même temps ! Mélanger nourriture solide et liquide peut être source de confusion et risqué pour un petit encore peu expérimenté. En effet, il est en plein apprentissage et ne sait pas toujours bien distinguer les textures ni la façon de les mastiquer et
déglutir. Christine Zalejski donne l’exemple d’un fruit très juteux : même adulte, ce mélange de liquide et de solide nous amène à fournir un effort dans la mastication et la déglutition. Pour un bébé, c’est pareil, mais puissance dix ! Dès lors, afin de distinguer les deux textures, la spécialiste nous explique que le nourrisson peut manger en diversification classique du lundi au vendredi (plus pratique s’il est à la crèche). Ensuite, le week-end, les parents peuvent prendre le temps de préparer des morceaux pour Bébé, afin qu’il découvre tranquillement de nouvelles saveurs et textures. La diversification alimentaire mixte peut aussi être suivie au quotidien. Ici encore, il faut espacer les prises. Les aliments proposés par les parents à la cuillère doivent être donnés à un moment du repas, tandis que les morceaux ou purées à manger en autonomie sont à confier à un autre moment bien distinct.
À QUI S’ADRESSE LA DIVERSIFICATION MIXTE ?
A priori, elle s’adresse à tous les enfants aux alentours de 6 mois. Petit bémol cependant pour les prématurés : si l’enfant est né avant 36 semaines d’aménorrhée, mieux vaut consulter un spécialiste pour vérifier que cette diversification soit possible sans encombre. Même chose si l’enfant a des difficultés motrices au niveau de la bouche ou des mains. On n’est jamais trop prudent !
PROFITER DES BIENFAITS DE LA DME
La diversification alimentaire menée par l’enfant demande de se renseigner et d’être sûr de soi et de son bébé, ce qui peut être stressant pour les parents. Or, la diversification mixte bénéficie des avantages de la DME sans s’y engager tout à fait. On trouve un juste milieu, et c’est tant mieux! Laisser une grande autonomie lors du repas à son enfant est source de bienfaits. La préhension des morceaux et la mastication améliorent sa motricité fine et buccale. Savoir mastiquer dès le plus jeune âge améliorerait l’implantation des dents et élargirait la mâchoire. Et faire de Bébé l’acteur de son propre repas augmente sa confiance en lui. Il apprend à appréhender son appétit et à respecter naturellement son rythme de faim.
LES ALIMENTS À ÉVITER
Concernant le menu, la diversification mixte nous laisse-t-elle carte blanche ? Pas tout à fait ! Outre les restrictions habituelles (fromages au lait cru, viandes, poissons ou oeufs crus car ils peuvent être porteurs d’agents pathogènes, miel jusqu’à 1 an en raison du risque de transmission de botulisme), Christine Zalejski ajoute qu’il vaut mieux éviter les peaux de fruits ou de légumes, les aliments fins, les pâtes feuilletées… Bref, tout ce qui pourrait se coller au palais et qui serait difficile à déloger au début de la diversification. Elle met aussi en garde contre les crudités et autres morceaux durs et croquants, un peu difficiles à mâcher. Enfin, peu importe la diversification choisie, les aliments sucrés, salés, contenant de mauvaises graisses ou trop transformés sont à éviter.
ALORS, QU’EST-CE QU’ON MANGE ?
Pour le déjeuner, notre experte propose de lui faire déguster des bâtonnets de panisse au curcuma à prendre à la main. En fin de repas, un laitage et une compote de pomme mûre donnée à la cuillère par Papa-Maman. Au goûter, vous pouvez lui servir une banane, soit écrasée et à la petite cuillère, soit entière avec un peu de peau pour faciliter sa préhension. Tout dépend de l’envie du moment! ✪