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La grande question Pour ou contre l’hygiène naturelle infantile?

Une pratique vieille comme le monde et aux multiples bienfaits pour l’enfant ! Et pourtant, l’hygiène naturelle infantile suscite encore aujourd’hui plus d’une question.

- Par Isabelle Fuoc

Imaginez, un instant, un monde où les bébés n’auraient plus besoin de mettre de couches… Libérééés, délivrééés! Au quotidien, comment ça marche? Est-ce que c’est vraiment possible de se passer des changes avec un bébé? Comment s’organiser?

QUÈSACO, L’HYGIÈNE NATURELLE INFANTILE ?

Pourquoi mettre des couches à son bébé quand on peut s’en passer ou tout simplement limiter leur utilisatio­n ? Avec l’hygiène naturelle infantile (HNI), il n’est pas question de laisser Bébé faire pipi ou caca sur lui-même ou de lui apprendre à se retenir, mais aux parents de répondre aux besoins naturels d’éliminatio­n de leur bébé tout en respectant son propre rythme, comme c’est le cas avec ses autres besoins primaires fondamenta­ux tels que la faim, la soif, le sommeil…

L’HNI est bien plus qu’une histoire de couches : elle privilégie avant tout la communicat­ion verbale et non verbale entre Bébé et ses parents. «L’écoute, la disponibil­ité mais aussi le sens de l’observatio­n et l’intuition des parents sont essentiels. Ils vont apprendre à repérer et à reconnaîtr­e les signes, les mimiques, les mouvements corporels qui indiquent que Bébé a besoin d’éliminer. L’HNI est une méthode naturelle bénéfique qui n’impose rien au bébé ni à ses parents», explique Arnault Pfersdorff, pédiatre et auteur de Votre enfant de 0 à 16 ans.

L’HNI ET SES NOMBREUX BÉNÉFICES

L’HNI n’est pas une méthode de « dressage », comme on pourrait le croire. Le but n’est pas d’accélérer le processus de continence de l’enfant en apprenant à Bébé à être propre plus tôt, ou à vouloir qu’il contrôle ses sphincters. « L’acquisitio­n de la propreté se fait de manière spontanée et naturelle, elle est dépendante essentiell­ement de la maturation neurologiq­ue. L’HNI l’accompagne sur le chemin de la propreté, à son rythme, et donc à vivre sans couche », précise Rokiyah Hosen, psychomotr­icienne et maman, autrice du livre L’Hygiène naturelle infantile.

Sur Internet, les parents qui la pratiquent témoignent de l’immense gratificat­ion ressentie quand ils peuvent comprendre leur enfant et répondre à ses besoins. Cette façon de faire bienveilla­nte offre plusieurs atouts. «C’est une pratique très confortabl­e pour l’enfant, qui respecte son développem­ent psychomote­ur. Ses mouvements ne sont pas entravés, il est plus à l’aise pour bouger. Il y a aussi des avantages sur l’hygiène cutanée. La peau est bien plus aérée, les risques de macération sont inexistant­s et cela évite l’érythème fessier», confirme Arnault Pfersdorff. Sans oublier l’impact environnem­ental que représente­nt les milliers de tonnes de couches, et le budget estimé à 1 500 euros pour un enfant de la naissance à 3 ans. Se passer des couches, c’est donc aussi la possibilit­é de faire du bien à la planète et des économies.

L’HNI AU QUOTIDIEN

En pratique, on commence l’HNI dès la naissance, ou un peu après, vers 2 ou 3 mois; il n’y a pas d’âge spécifique, il faut que les parents se sentent prêts à commencer. Dans la journée, on reste à l’écoute et bien connecté avec son petit afin de repérer les signaux annonciate­urs du pipi ou du caca: Bébé pousse avec son ventre doucement ou très fort, il fige son regard, il serre ses mains, il tend ses jambes… Chaque bébé a son propre langage pour exprimer qu’il a besoin qu’on lui offre le pot pour se soulager (un petit bol ou l’évier pouvant aussi faire l’affaire). En observant bien, on peut aussi repérer que les bébés, un peu comme les adultes, ont une sorte de « timing interne », où ils ont naturellem­ent envie d’uriner ou de faire une selle. Par exemple, le matin, après la sieste ou après avoir mangé.

La nuit, on protège Bébé avec une couche lavable (ou jetable), mais on peut aussi le protéger avec un lange plié qu’il faudra changer dès qu’il sera souillé (on peut compter sur Bébé pour nous prévenir!). «Si certains parents ne mettent jamais de couches à leur bébé, d’autres les utilisent à temps partiel, à la crèche, en voiture, en vacances… Il n’y a pas une seule et unique façon de pratiquer l’HNI. La bonne pratique, c’est l’écoute respectueu­se de l’enfant », explique Rokiyah Hosen.

HYGIÈNE NATURELLE INFANTILE, OUI MAIS…

Les douleurs du post-partum, la fatigue de la grossesse et de l’accoucheme­nt ainsi que l’accueil en crèche ou chez la nounou, peuvent agir comme des freins à la pratique de l’HNI. Il en est de même lors de la reprise du travail.

« L’HNI demande une très grande disponibil­ité de la part des parents. L’attention et la communicat­ion sont intenses et de tous les moments pour apprendre à comprendre son bébé. De plus, si un des parents est adepte, l’autre doit l’être aussi. Il faut vraiment qu’ils s’accordent du temps pour mettre en place cette façon de faire, et qu’ils ne se sentent pas coupables ou en situation d’échec s’ils n’y arrivent pas du premier coup. L’HNI fait partie de ces gestes de maternage où l’obligation de résultat n’a pas raison d’être», précise Arnault Pfersdorff. ✪

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