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La grande question Pour ou contre la classe à double niveau?

De plus en plus fréquemmen­t, les écoles primaires doivent ouvrir des classes à double niveau pour des raisons d’effectifs. Souvent inquiets, les parents se demandent quelles conséquenc­es cela peut avoir sur la scolarité et l’éducation de leurs enfants.

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Marie est une maman inquiète: une classe va fermer dans l’école de sa fille et cette dernière va se trouver dans une classe à double niveau CP-CE1. Cette mère de famille se demande si sa louloute ne risque pas de prendre du retard par rapport à des enfants qui sont en simple niveau, cycle plus traditionn­el. Pourtant, avec le boom des bébés des années 2000, de plus en plus d’écoles, notamment en ville, mettent en place ce type de classes. Longtemps réservées à des écoles en milieu rural, avec des petits effectifs, ces exceptions deviennent désormais monnaie courante. Il est toujours possible d’en discuter avec l’équipe pédagogiqu­e, mais si l’école l’impose ou n’a pas d’autres options (c’est le cas dans les petites communes), vous devrez accepter.

LUTTER CONTRE DES CLASSES SURCHARGÉE­S

Face à des élèves de plus en plus nombreux, les écoles doivent en effet trouver des solutions pour ne pas avoir de classes surchargée­s. À titre d’exemple, plutôt que d’avoir une classe de CM1 de 35 élèves et une de CM2 du même nombre, on va envisager de créer une classe de CM1 de 24, une de CM2 de 24, et mixer les élèves restant pour former un groupe de 22. Ainsi, les cours de français et de mathématiq­ues se font en général séparément, en suivant le programme. On peut ainsi imaginer une même oeuvre étudiée en littératur­e, mais traitée sous des angles différents. L’histoire-géographie et les sciences doivent en général être enseignées séparément, mais dans la réalité, ces matières sont parfois faites en commun, avec des activités différenci­ées en fonction du niveau. Le sport, les arts visuels, la musique, l’anglais ou encore l’informatiq­ue s’enseignent souvent – pour ne pas dire tout le temps – en commun.

Dans le cas de double niveau, les configurat­ions les plus fréquemmen­t rencontrée­s sont les CP-CE1, CE1-CE2, CE2CM1, CM1-CM2 et, plus rarement, CP-CM. Cependant, il ne faut pas croire que les directeurs d’école et les enseignant­s composent les classes au hasard. Ces répartitio­ns sont mûrement réfléchies et l’on confie rarement à un professeur de classe double les enfants ayant de grandes difficulté­s. Mais plutôt ceux que l’on sent capables de travailler de manière autonome.

« L’ENTRAIDE ET LES ÉCHANGES SONT PLUS NOMBREUX »

Voilà l’un des véritables points forts des classes à double niveau : les enfants sont plus souvent en autogestio­n et on les pousse à l’autonomie et à une meilleure gestion de leur temps de travail (autocorrec­tion, plan de travail à suivre…). Cela va stimuler leurs capacités d’adaptation et également inciter les élèves à plus de coopératio­n, quand par exemple l’enseignant est occupé avec un autre groupe. Les frontières par tranche d’âge sont elles aussi plus nuancées. On

assistera moins à des rivalités entre «grands» et «petits» dans ce genre de classes. Les grands apprennent en effet à respecter les plus jeunes, les jeunes profitent quant à eux de l’expérience des « anciens », en travaillan­t et jouant ensemble. « La classe est souvent plus vivante, et les échanges et l’entraide entre les élèves, nombreux », confirme Nadège, enseignant­e à Bordeaux. Par ailleurs, cela peut stimuler et dynamiser les élèves: le grand est souvent piqué au vif lorsque la réponse est donnée par un plus jeune, les plus petits étant impatients d’accéder au savoir des grands. On peut également y voir d’autres possibilit­és pédagogiqu­es: un bon élève va pouvoir acquérir certains savoirs en avance grâce à des cours de la classe supérieure; à l’inverse, les élèves du niveau supérieur peuvent consolider ou réviser certains acquis, si une notion leur a échappé, par exemple.

« TOUS LES ÉLÈVES NE SONT PAS FAITS POUR LE DOUBLE NIVEAU »

toute Cependant, rose (comme la vie aucune d’une classe, classe à d’ailleurs). double niveau Élèves, n’est parents pas et professeur­s y trouvent également certains inconvénie­nts. Pour l’enseignant, cela demande évidemment beaucoup plus de travail personnel, d’organisati­on puisqu’il doit préparer le programme de deux niveaux différents, et d’énergie sur le temps de classe, car il est toujours avec l’un des deux groupes. Par ailleurs, il est tout de même plus difficile, faute de temps, de se consacrer à un élève en particulie­r qui rencontre une difficulté scolaire. «D’ailleurs, tous les élèves ne sont pas faits pour ce genre d’organisati­on», confirme Nadège. Certains ont besoin d’être plus entourés et ne sont pas prêts à faire face à tant d’autonomie. Cela peut également poser la question du rythme: est-ce que les élèves sont poussés à leur rythme optimal ? Quelques-uns se disent qu’ils verront ça plus tard, ou qu’ils pourront revenir dessus l’année suivante! ✪

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