L’environnement médical
1. Une maternité de niveau3 est-elle plus sûre qu’une de niveau1 ou 2?
Toutes les maternités répondent aux mêmes normes de sécurité. De niveau 1, 2 ou 3, elles procèdent aux accouchements courants : ceux qui ne présentent pas de problèmes et ceux, plus délicats, qui demandent la présence du gynécologue-obstétricien (césarienne, forceps…). Pour la maman, il n'y a donc pas de différence : le bloc obstétrical est le même partout. C'est la prise en charge du bébé qui change.
Niveau 1 Ces maternités disposent uniquement d'un bloc obstétrical. Préconisées pour les grossesses et accouchements « simples » et sans complications prévisibles à la naissance, elles peuvent prendre en charge 90 % des grossesses.
Niveau 2 Ces maternités possèdent un service de néonatologie ou de soins intensifs néonatals, sur place ou à proximité. Elles sont recommandées pour les grossesses à risques et grossesses multiples.
Niveau 3 Ces établissements disposent d'un service de réanimation néonatale et sont spécialisés dans le suivi des grossesses pathologiques : jumeaux ou triplés avec risque de prématurité, anomalies chromosomiques ou malformation d'organes, hypertension sévère ou diabète maternels, infections (rubéole, toxoplasmose, etc.). « Les maternités de niveau 3 n'assurent pas plus de sécurité que les autres, insiste Francine Dauphin, sage-femme. Elles mettent en oeuvre une plus grande technicité. » Habitué à intervenir en urgence ou à réaliser des actes médicaux assez lourds, le personnel des maternités de niveau 3 est peut-être moins disponible pour la future maman dont la grossesse ne présente aucun problème. Mais rien n'est systématique.
Comment choisir ? Si votre grossesse se déroule normalement, c'est le critère de proximité qui prévaut. La confiance dans le gynécologue-obstétricien et les sages-femmes, leur disponibilité et leur écoute sont aussi déterminantes. Dans cette période de votre existence mêlée de bonheur et d'incertitudes, il est important de bien s'entourer.
2. Accoucher dans le public ou le privé, quelle différence?
Dans le public, vous accoucherez dans un centre hospitalier universitaire (CHU) ou régional (CHR). Ce sont les sages-femmes qui y assurent le suivi de la grossesse, l'accouchement et les suites de couches. Le gynécologue-obstétricien intervient seulement en cas de problème. Dans le privé, c'est le médecin ou la sage-femme de votre choix qui vous accouche. Pour le reste, la différence est essentiellement financière. Dans les établissements publics, les frais sont pris en charge à 100 % par la sécurité sociale. Dans les établissements privés conventionnés, les frais médicaux sont pris en charge à 100 % par la sécu, hors dépassements d'honoraires et frais supplémentaires de confort. Demandez à votre mutuelle si elle prend en charge la différence.
3. Quand s’inscrire à la maternité?
Dans certaines grandes villes, les maternités les plus prisées
manquent de places. Appelez la maternité choisie le plus tôt possible pour connaître la procédure. Pourquoi privilégier la proximité ? Avant l'accouchement, vous vous rendrez plus facilement et sans fatigue aux consultations obligatoires. Après, cela permettra à votre partenaire de ne pas perdre de temps en transport ou dans les bouchons lorsqu'il vous rendra visite. Et le jour J, en cas de départ précipité, c'est plus rassurant de savoir que la maternité n'est pas si loin.
4. À la maternité, qui fait quoi?
Connaître les rôles du personnel hospitalier et médical permet d'y voir plus clair et de se rassurer.
est l'intermédiaire entre la future maman et la maternité, elle met sa technique et son savoir au service de la femme enceinte. Elle doit lui servir de repère permanent et être à ses côtés sans lui imposer quoi que ce soit. À la maternité, la sage-femme assure les consultations de suivi de la grossesse et les accouchements sans complications. Post-accouchement, elle est également présente en suite de couches pour le suivi de la jeune maman.
s'occupe des consultations de suivi de la grossesse et procède aux premiers examens. Dans les maternités, il prend aussi en charge les grossesses pathologiques. Il assure l'accouchement si le bébé se présente par le siège, et si l'on doit avoir recours aux forceps ou à la césarienne.
reçoit la future maman au cours du dernier trimestre avant l'accouchement. Il s'assure qu'il n'y a pas de contre-indication pour une péridurale. Il conduit son examen comme s'il devait procéder à une anesthésie générale. Le jour de l'accouchement, ce n'est pas forcément le même anesthésiste qui réalisera la péridurale.
intervient après l'accouchement, une fois le bébé né. Elle vérifie d'abord qu'il n'y a pas d'infections, de pathologie ou de malformation. C'est elle qui initie et accompagne les jeunes mamans lors des premiers gestes pendant le séjour à la maternité : soins du cordon, change, le bain, l'allaitement…
n'est présent lors de l'accouchement qu'en cas de difficulté. Lorsqu'un bébé souffre de détresse respiratoire, par exemple, le pédiatre procède aux gestes de réanimation. Il peut être là également en cas de césarienne difficile. Sinon, il n'intervient que pour le premier examen du bébé, entre douze et vingt-quatre heures après la naissance. Il examine le bébé sous toutes les coutures, du sommet du crâne jusqu'aux orteils, en passant par la langue. Le pédiatre procède ensuite à l'examen de sortie, le dernier jour.
5. Qu’est-ce qu’une maternité labellisée «Initiative Hôpital Ami des Bébés»?
Le label IHAB, décerné par l'Organisation mondiale de la santé et l'Unicef depuis 1992, récompense les établissements qui placent le nouveau-né et sa famille au coeur du système de soins, l'environnement et l'accompagnement des professionnels permettant aux parents de prendre leur place dès la naissance de leur enfant. Pour obtenir le label IHAB, la maternité doit mettre en place les douze recommandations de l'OMS : peau à peau dès la naissance, informer et accompagner l'allaitement maternel, proximité parents-bébé, etc.
6. Le nombre d’accouchements est-il un critère de sélection?
Oui et non. De nombreux experts en obstétrique estiment qu'une maternité réalisant moins de 300 accouchements par an ne remplit pas toutes les conditions de sécurité, car les professionnels manqueraient de pratique. A contrario, le personnel des établissements effectuant plus de 2 500 accouchements par an est-il suffisamment disponible pour chaque maman ? Selon le Dr René Frydman, 1 500 représente un nombre idéal, un bon critère de sécurité. La question est surtout de savoir si les équipes sont au complet.
7. Pourrai-je choisir ma position?
La majorité des maternités procède à des accouchements en position allongée, dite gynécologique, et sous péridurale. Mais, même si toutes les maternités ne le permettent pas, on peut aussi accoucher debout, assise, accroupie, à quatre
pattes ou même suspendue par les bras. Ces postures aident bien souvent le bébé à descendre mais, la plupart du temps, vous accoucherez sans péridurale. C'est à vous de sentir ce qui vous convient le mieux, en collaboration étroite avec la sagefemme : elle vous dira si votre grossesse et la position de votre bébé se prêtent à une certaine liberté posturale.
En vous assurant qu'un anesthésiste est de garde 24 h/24 dans la maternité choisie. Vous redoutez l'accouchement, la douleur ? Parlez-en à votre sage-femme et, au cours du dernier trimestre, avec l'anesthésiste : n'hésitez pas à insister sur ce qui vous inquiète. La qualité d'une maternité se mesure aussi à la capacité du personnel à comprendre ce genre de questionnements et à y répondre de façon courtoise et bienveillante.
9. La douleur est-elle prise en charge partout?
Pour la césarienne, de nombreuses maternités ont établi des protocoles antidouleur. Normalement, des morphiniques sont donnés aux jeunes mamans. En ce qui concerne l'épisiotomie, « c'est un combat qui reste à mener », remarque la sage-femme
Francine Dauphin. En effet, l'épisiotomie étant ressentie de façon très différente d'une jeune maman à l'autre, certains établissements attendent que la patiente se plaigne pour agir. Or, il est possible de prévenir la douleur liée à l'épisiotomie en massant le périnée avant l'accouchement. Après la naissance, on peut utiliser des compresses de glace en cas de douleur, ou d'eau salée en présence d'un oedème. « Les anti-inflammatoires sont à déconseiller si la maman allaite, mais on peut faire appel à l'homéopathie. Arnica est, notamment, très efficace. » Des solutions existent, n'hésitez pas à aborder ce sujet.
10. Et si je ne veux ni épisio ni césarienne?
L'épisiotomie peut s'avérer indispensable, en cas de souffrance foetale par exemple. Aujourd'hui, grâce aux recommandations du Collège national des gynécologues-obstétriciens français, elle est moins systématique, mais cependant pratiquée dans 34,9 %* des cas pour un premier accouchement (et 9,8 % pour les femmes ayant déjà eu un enfant)… alors qu'elle n'est indispensable que dans 10 % des cas. Et il subsiste de vraies disparités selon les établissements. Aussi, « les futures mamans ne doivent pas craindre de demander quelle est la politique de la
maternité dans ce domaine, estime Francine Dauphin. Si le taux est élevé, il y a de quoi s'interroger… » Pour la césarienne, il faut aussi se renseigner. Certes, c'est le médecin qui pose le diagnostic, mais certaines maternités abusent de cet acte chirurgical. « Des futures mamans nous demandent quel est notre taux de césariennes, signale le Pr Michel Tournaire. Cela ne me choque pas du tout : nous devons leur répondre et leur expliquer nos décisions. »
*Enquête nationale périnatale, 2016.
11. Ma/mon partenaire aura-t-elle/il le droit d’être là?
La présence du deuxième parent est bien sûr autorisée en salle de naissance. En revanche, il est souvent exclu en cas de césarienne, surtout si elle est décidée d'urgence. C'est une intervention chirurgicale, et, comme telle, elle nécessite un environnement stérile.
12. Les séances de préparation, c’est utile?
Elles sont au nombre de sept, plus l'entretien prénatal précoce. Animées par des sages-femmes, elles donnent des informations d'ordre physiologique (développement du foetus, déroulement de l'accouchement…) et pratique (hygiène, allaitement, péridurale…). On vous apprendra aussi à vous relaxer et à respirer. La plupart des maternités proposent des séances collectives remboursées par la sécurité sociale. Vous pouvez opter pour des séances individuelles avec une sage-femme libérale, également remboursées.
La première mise au sein est fondamentale. Même si vous avez participé aux réunions d'information sur l'allaitement, vous aurez sans doute besoin au début des conseils d'une sagefemme ou d'une puéricultrice. Les maternités IHAB sont plus impliquées que les autres : les sages-femmes savent se rendre disponibles plusieurs fois jour et nuit.
15. Mon conjoint pourra rester dormir?
Certaines maternités se montrent tolérantes et ajoutent un lit d'appoint. D'autres sont très à cheval sur les horaires de visite, d'autres encore n'ont pas de place. Certes, il est souvent difficile d'imposer la présence du papa la nuit, mais ce n'est pas une raison pour baisser les bras : alors, insistez !
16. Je vais rester combien de temps?
Les maternités étant de plus en plus débordées, la durée de séjour diminue, quatre jours en moyenne en France. En cas de sortie précoce (dans les 72 heures suivant l'accouchement ou 96 heures en cas de césarienne), vous pouvez bénéficier du Prado (le programme d'accompagnement du retour à domicile), 100 % pris en charge par l'Assurance maladie. Une sagefemme libérale vous rend visite chez vous le lendemain de votre sortie et vous accompagne pour les premiers soins de Bébé.