La nature, nouvelle richesse
Tandis que se multiplient les rapports d’alerte sur le réchauffement climatique, la nécessité d’une gestion écologique des ressources naturelles, d’une maîtrise des transports et l’entretien d’un parc immobilier vieillissant, villes, villages et stations de montagne sont amenés à nourrir une réflexion forte, axée sur la reconnexion à la nature et à l’humain. Une réflexion entamée depuis une dizaine d’années déjà, avec une recherche d’alternatives au « tout-ski » l’hiver et au développement du tourisme l’été. Reconversions dans le bien-être, le développement personnel, le vélo, le parapente ou la randonnée, les initiatives pour favoriser l’essor d’un tourisme estival n’ont pas manqué au cours de la dernière décennie. Aujourd’hui, un virage se précise sur la nature de ces expériences alternatives: on ne cherche plus à «remplacer» les pratiques sportives en danger et à attirer les familles l’été par un panel d’activités dignes d’un club de vacances hyperactif. On aspire à un profond retour au sens des choses, à un tourisme durable, en prenant la mesure de ce qu’offrent, tout simplement, un environnement, une culture et un patrimoine exceptionnels. En 1977 déjà, Valéry Giscard d’Estaing, alors président de la République, déclare à Vallouise, dans les Hautes-Alpes –territoire merveilleusement préservé qui est au coeur de ce numéro consacré à la montagne verte– que « le citadin vient en montagne pour fréquenter des paysages façonnés par des millénaires de persévérance paysanne et des
modes de vie différents de la ville ». On est proche de la conception romantique de la montagne, cet «ailleurs» préservé propice à l’imaginaire. Avec néanmoins une perspective plus active, une recherche de la relation humaine. En témoigne le succès des montées à l’alpage, à l’image de celles proposées depuis six ans par Saveurs des Aravis, qui invitent le public à «emmontagner» en compagnie des agriculteurs au cours d’une journée effervescente, pierre angulaire de la vie pastorale. Inviter le citadin à partager un quotidien ancestral, ou le renouveau créatif d’une montagne humaniste.
Sonia Lazzari, rédactrice en chef