PALACE ALTITUDE
On se précipite du monde entier pour arpenter les glaciers et repousser ses limites. Les hôtels ouvrent les uns après les autres au point qu’en 1812, un voyageur écrit : « Ce n’est pas l’un des moindres sujets de surprise dans ce voyage que de se voir traiter, au milieu des montagnes de la Savoie, mieux et plus délicatement que dans la plupart des auberges de Lyon et Genève.» En 1860, la Savoie redevient française et l’arrivée à Chamonix de Napoléon III, de sa femme l’impératrice Eugénie et de leur cour fait surgir les palaces, les hôtels Royal et MontBlanc qui rivalisent de luxe. Les bals et galas donnés au Majestic par Max Linder inspireront Charlot pour son premier film sur le ski, Max et sa belle-mère ! L’histoire du multi-étoilé Hameau Albert 1er se conjugue à celle de la vallée lorsque l’arrière-arrière-grand-père de Perrine, l’actuelle directrice, fonde en 1903 un modeste hôtel, la pension du Chemin de fer. Aujourd’hui, grâce au chef Pierre Maillet, il est un sommet de raffinement et de gastronomie, où l’on peut opter pour la tradition alpine sous les boiseries de la Ferme ou préférer l’esprit contemporain de la dernière suite Blaitière, tout en profitant du ruisseau et du parc fruitier. L’esprit palace, c’est aussi le mythique hôtel Mont-Blanc, revisité en 2013 par l’architecte d’intérieur Sybille de Margerie, avec la cuisine ingénieuse et précise du chef Mickey Bourdillat, qui offre le bonheur de se réveiller chaque matin face au mont Blanc. Pour un esprit plus rock, direction Le refuge des Aiglons avec ses espaces de vie pour jouer en famille, ses grandes tables à partager, la déco vitaminée d’Oscar Lucien, entre mobilier vintage et fresques graphiques. L’Alpina, revisité par l’agence Chevallier Architectes et le décorateur Philippe Avanzi, joue aussi la carte du dépaysement total, entre styles urbain et montagnard, avec des jeux d’échelle et beaucoup d’humour. L’impression de séjourner dans un comics, c’est ce que l’on ressent à l’hôtel Rocky Pop des Houches, détonnant, design et chaleureux grâce au talent de l’architecte d’intérieur Leslie Gauthier! Mais le grand frisson, c’est à la rénovation et à la réouverture, sous la houlette des Sibuet, du refuge du Montenvers qu’on le doit. On accède à cet hôtel-restaurant qui domine la Mer de Glace uniquement par le petit train ou en redescendant la Vallée blanche. Le panorama depuis les chambres, dans le silence des Drus et les crissements du glacier, y est à couper le souffle. Une incroyable expérience de bout du monde où, dans ce décor quasi intact, si délicatement rénové, on se sent plus que privilégié. Et, surtout, tout petit face à cette nature grandiose!