RETRAITE PAYSAGÈRE
En jouant avec les reliefs dans la structure et l’aménagement de sa « maison-spirale », l’architecte-paysagiste Daniel Jauslin signe un manifeste architectural. Comme suspendu au-dessus de la vallée, le chalet épouse la pente et s’ouvre à 360 degrés sur l
Achevée en 2003 au terme de six mois de travaux intensifs, la « maison-spirale » de Daniel Jauslin aurait pu être l’objet de sa thèse, en cours de publication. « Parce ce qu’elle relève d’une intervention humaine, l’architecture tend à être opposée à la nature, sauvage par essence. Or le paysage inspire de plus en plus la création contemporaine. J’analyse ces interactions, autant d’un point de vue théorique que sociétal », affirme l’architectepaysagiste, s’appuyant sur son expérience professionnelle et personnelle. Pour avoir goûté à la quiétude du village de Pigniu, où il fit les foins aux côtés de la trentaine d’habitants, Daniel Jauslin a décidé de prolonger les moments heureux de ses vacances d’enfant. Alors que ses parents avaient acquis une vieille ferme, lui décide de construire un chalet « de son temps », qui respecte celui de ce hameau préservé des Grisons. Son premier réflexe sera de photographier à 360 degrés le panorama offert par les 400 m2 de terrain. Avec son pinacle plein ciel, le niveau supérieur rend la pleine mesure de cette carte postale montagnarde. Pour l’expérience outdoor, une terrasse se superpose à la crête fondatrice, estompant les frontières à la faveur d’un garde-corps en grosses mailles d’acier. « Elle trouve sa place grâce au décalage des deux modules constructifs, un socle en béton et une structure préfabriquée en bois recouverte de bardeaux traditionnels en mélèze. L’idée est de figurer un ruban : brut, il s’amorce sur la pente puis change de matière au niveau de l’entrée du chalet. » Non content de créer une dynamique élévatrice en façade, ce mur unique s’arrondit dans les angles. Des deux chambres au bureausalle de jeu, en passant par le rez-de-chaussée qui décloisonne cuisine, salle à manger et salon, l’habitat s’étage au gré de rampes, misant sur quelques marches et des cloisons coulissantes pour seule segmentation des usages. Complété par une cheminée suspendue, un grand poêle en stéatite chauffe l’espace. « Jalonnée de larges baies identiques, cette succession de hauts et de bas est comme une randonnée . Une promenade quotidienne dans un paysage intérieur extérieur», commente l’architecte. Une synthèse convaincante et rondement menée !