L’ÉDITO
Nul ne peut ignorer le danger dans lequel sont plongés la montagne et tout son écosystème. Stations, associations, acteurs du tourisme, particuliers, tous sont désormais acteurs et moteurs d’une approche plus vertueuse.
Les stations de sports d’hiver, modèles d’économie verte en devenir ? Le chemin reste long mais la prise de conscience des enjeux liés aux évolutions climatiques et la nécessité de changer de paradigme sont bien réelles. Les initiatives se multiplient, au niveau aussi bien des infrastructures que des transports, de la préservation de la biodiversité au recyclage des skis usagés, d’autant plus que ces actions sont particulièrement bien accueillies par une clientèle prête à modifier ses comportements pour protéger un écosystème fragilisé. Du funiculaire 100 % électrique des Arcs, pensé pour se fondre dans le paysage, au télésiège écoresponsable du domaine skiable de Saint-Gervais Mont-Blanc en passant par la revégétalisation estivale des pistes de ski à La Rosière, de la minichevillette qui permet de sillonner Val Thorens dans les endroits les plus difficiles d’accès à l’observatoire environnemental de Flaine, c’est à une éclosion d’actions engagées que nous assistons. Prévus en 2023, les Championnats du monde de ski alpin à Courchevel-Méribel promettent d’être exemplaires. Serre-Chevalier, en majesté dans ce numéro, est l’une des stations françaises pionnières en matière de développement durable, cherchant à produire à terme jusqu’à 50 % de son électricité grâce à ses deux éoliennes hautes de douze mètres et ses panneaux photovoltaïques installés sur les gares de télésièges. Le charme de ces villages-hameaux traditionnels, accessibles à skis, est l’un de ces bonheurs purs et précieux que seule peut offrir la montagne, quand elle fait oublier le reste du monde. Dans les Balkans, Artisan, un éditeur slow design de mobilier en bois contemporain, célèbre avec sa démarche respectueuse les ressources premières de la forêt comme le savoirfaire artisanal. Dans la quiétude de ses ateliers situés en pleine forêt, l’outil de base reste la main de l’homme, de la découpe de l’arbre sur place jusqu’aux finitions aux huiles et aux cires naturelles. Dans les Dolomites et les Alpes suisses, deux chalets ne font plus qu’un avec leur environnement, l’un, bardé de mélèze local, grâce à son minimalisme radical, le second, tout en boiseries traditionnelles, grâce à une rénovation courageuse. Les architectes contemporains dessinent des épures symbiotiques, à l’image du spectaculaire ovni de béton posé à fleur de falaise à Sölden, dans le Tyrol, ou de la salle de concerts d’Andermatt, conçue comme un origami reflétant les crénelures des paysages qui l’entourent. De cols en vallées, l’écho prend de la force, la montagne diffuse l’expression d’un engagement sans compromis, une nouvelle hauteur de vue.