Maison Côté Est

RÊVES D’ART

- PAR Béatrice Brasseur

La Fondation Opale met à l’honneur l’art aborigène et sa représenta­tion des mythes.

POUR « BEFORE TIME BEGAN », LA PREMIÈRE EXPOSITION DE LA FONDATION OPALE QU’ELLE MÉCÈNE, BÉRENGÈRE PRIMAT DÉVOILE 80 PIÈCES DE SA COLLECTION PERSONNELL­E D’ART ABORIGÈNE. DES OEUVRES ANCIENNES ET CONTEMPORA­INES QUI MONTRENT QUE LE TEMPS DU RÊVE ET SES MYTHES CONTINUENT D’IRRIGUER L’IMAGINATIO­N DES ARTISTES.

« Before time began » est une expression utilisée par les artistes aborigènes d’Australie pour expliquer leurs oeuvres aux non-initiés. Elle renvoie à la création du monde. Avant celle-ci, il n’y avait pas d’êtres vivants. Puis de gigantesqu­es créatures semi-humaines parcourure­nt la Terre lors du « Temps du Rêve ». Quand ce dernier prit fin, certaines furent transformé­es en rochers, en arbres, en corps célestes ou en forces naturelles. Ces êtres mythiques édictèrent les lois qui régissent encore les communauté­s. Les mythes se sont transmis oralement depuis soixante mille ans. « Before Time Began » explore la notion du rêve (dreaming) dans la culture aborigène et sa pertinence aujourd’hui. Le très riche parcours artistique commence par les oeuvres anciennes sur écorce, telles celles de la Terre d’Arnhem, qui se reconnaiss­ent par les représenta­tions dites aux «rayons X» des animaux du rêve, des ancêtres créateurs et des esprits, où squelettes et organes sont visibles. Les oeuvres contempora­ines, la plupart sur toile produites depuis les années 1970, proviennen­t du désert central du Kimberley, s’inspirant parfois de très anciennes peintures pariétales, et du pays Apy pour les plus actuelles. Deux pièces collaborat­ives monumental­es ont été commandées pour l’exposition. L’une à un groupe de femmes (« La loi des femmes est vivante sur nos terres »), l’autre à un groupe d’hommes (« Notre terre est sacrée »). Deux films passionnan­ts en retracent la création et montrent notamment comment les artistes ont entonné des chants évoquant leur territoire et leurs rêves tandis qu’ils peignaient – les peintures aborigènes sont les interpréta­tions visuelles de ces chants. Une installati­on de 1 500 lances, dont les pointes traduisent une société en quête de direction, de sens, forme un impression­nant vortex suspendu. La Fondation Opale se veut la plateforme de référence en Europe dédiée au rayonnemen­t de l’art aborigène contempora­in. Elle s’appuie sur la collection privée de Bérengère Primat, qui compte quelque 800 oeuvres de près de 250 artistes.

 ??  ?? 1. Proche de la station de Crans-Montana, en Suisse, la Fondation Opale tire son nom de la pierre prisée des Aborigènes. Le bâtiment minimalist­e a été conçu par l’architecte Jean-Pierre Emery pour se fondre dans le décor naturel. Sa façade miroir reflète le paysage alpin. 2. 3. Deux oeuvres contempora­ines : Thundi, le pays de mon père (2009), polymère synthétiqu­e sur toile de lin, de Sally Gabori, et Le Début de la vie (1998), acrylique sur toile de coton, de Paddy Fordham Wainburran­ga.
1. Proche de la station de Crans-Montana, en Suisse, la Fondation Opale tire son nom de la pierre prisée des Aborigènes. Le bâtiment minimalist­e a été conçu par l’architecte Jean-Pierre Emery pour se fondre dans le décor naturel. Sa façade miroir reflète le paysage alpin. 2. 3. Deux oeuvres contempora­ines : Thundi, le pays de mon père (2009), polymère synthétiqu­e sur toile de lin, de Sally Gabori, et Le Début de la vie (1998), acrylique sur toile de coton, de Paddy Fordham Wainburran­ga.

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