PIÈCES DE COLLECTIONS
Dans les Alpes suisses, deux Zurichois passionnés d’art ont redonné vie à un ancien café-restaurant, aujourd’hui un chalet de week-end conçu comme une oeuvre totale.
Passionnés d’art, deux Zurichois ont laissé carte blanche à des architectes pour rénover un café-restaurant et ses chambres d’hôtes dans les Alpes suisses. Entre événements culturels et séjours locatifs, un chalet de week-end pensé comme une oeuvre totale.
Un folklore alpin, avec bois de cerf, peaux de bête et feux de cheminée ronflant? «Nous trouvions que c’était outrageusement conventionnel», sourit Stéphane Lombardi, heureux propriétaire du chalet Aux Losanges, où il s’échappe volontiers le week-end avec Armin Zink. Il faut dire qu’en surplomb de la vallée rhénane de Coire, le cadre ne manque pas de style au naturel. Village d’époque romane, resté en piste avec le tourisme de montagne et l’activité agricole, Tschiertschen a le fondant d’un chocolat suisse avec des vues spectaculaires sur le massif de l’Alpstein et le sommet du Weissfluh. « Chaque année, mon compagnon venait y skier en famille; il venait parfois au Café Engi, qui est resté deux ans sans acquéreur jusqu’à notre achat, en 2014. À une heure trente de Zurich, où nous exerçons des métiers prenants, ce chalet nous permet de nous ressourcer en fin de semaine et de donner libre cours à notre passion, en partageant avec les villageois et visiteurs une partie de ce passé», poursuit le collectionneur d’art. Comme un cartel facétieux, de grands losanges annoncent la couleur de cette habitation inspirée, rénovée à la faveur d’une carte blanche donnée à Caruso St John. Ces architectes londoniens, représentés à Zurich, ont pris le parti de conserver le bâti originel, jouant de son amoncellement de petites pièces et plafonds bas sur trois niveaux. Jusqu’à l’annexe, ajoutée dans les années 50, qui a trouvé un rôle de choix, offrant démesure et hauteur à une salle à manger festive, chambre d’écho à des lectures et concerts classiques. « Résistante aux intempéries, la construction vernaculaire en “strickbau” assemble en queue-d’aronde des poutres rectifiées à la scie, pendant que les rondins moins serrés de la grange assurent une ventilation. Notre conception crée un dispositif intérieur qui valorise les attributs de tous ces legs », commentent les architectes de Caruso St John. Intégrant du mobilier dessiné par leurs soins, décoré d’après l’ameublement typique des fermes grisonnes, leur géométrisation bariolée a aussi guidé la sélection de pièces design, y compris les tapis persans chinés en Iran par les propriétaires. «Nous les avons choisis sur Skype», se remémore Stéphane Lombardi, en esthète averti. C’est avec la même implication que le duo élit ses affinités artistiques, témoignant ainsi sa volonté de soutenir les plasticiens suisses de leur vivant. De huber.huber à Marianne Enge ou encore Bianca Brunner, en passant par l’architecte designer belge Philippe Allaeys, le dédale convivial se fait corne d’abondance sur trois cents mètres carrés, au gré de papillons et d’oiseaux voletant en vitrine, d’un journal suspendant sa combustion à une patère, d’un arbre sculptural éclairant la nuit. Une fantaisie bien menée qui détrône tous les attendus.