CHAMBRE D’ÉCHO
La station suisse d’Andermatt s’est assuré une longueur d’avance en inaugurant une salle de concerts à l’architecture épurée.
JUSQU’ALORS RÉPUTÉ POUR SES INSTALLATIONS SPORTIVES DANS LE MASSIF DU SAINT-GOTHARD, LE VILLAGE DE SKI ALPIN D’ANDERMATT S’EST ASSURÉ UNE LONGUEUR D’AVANCE, SUISSE ET TRANSFRONTALIÈRE, EN INAUGURANT UNE SALLE DE CONCERTS DE CLASSE MONDIALE. POUR TENIR LA DISTANCE TOUTE L’ANNÉE, LE PROGRAMME MUSICAL S’ENTEND TOUT SCHUSS.
Alors qu’Andermatt était sur la pente déclinante, The Chedi a donné la note en décembre 2013. Avec cet hôtel cinq étoiles, le village historique du canton d’Uri se dotait d’arguments pour rivaliser avec Saint-Moritz, Gstaad et aux autres stations de ski réputées. Une cordée d’infrastructures plus tard, entre chalets de standing, restaurant étoilé et golf de championnat, l’Andermatt Concert Hall met définitivement cette destination au charme familial sur le devant de la scène alpine mondiale. «Nous avons réussi notre pari: aucune autre station de montagne n’abrite un lieu assez prestigieux pour attirer l’Orchestre philharmonique de Berlin », se félicite Samih Sawiris, au souvenir du concert qui a inauguré ce joyau d’architecture acoustique le 16 juin dernier. Féru de musique classique, le président d’Andermatt Swiss Alps a accordé sa passion personnelle et ses ambitions professionnelles. Aménagements faisant, l’homme d’affaires a envisagé la culture comme la pierre angulaire du développement touristique. «La Suisse doit apprendre à transformer ses domaines skiables en lieux qui attirent les visiteurs en toute saison. Avec un fonctionnement économique en continu, les travailleurs saisonniers peuvent se muer en travailleurs permanents et la population s’établir durablement. » En prélude, l’ancien cube en béton s’est métamorphosé de façon virtuose autour d’une place dédiée embrassant montagnes et vallée. Privilégiant la flexibilité pour accueillir performances orchestrales, concerts rock ou encore congrès, ses 2000 mètres cubes en sous-sol ont plus que doublé le volume acoustique effectif grâce à un toit surélevé. Autour de gradins rétractables, l’ensemble sculptural module quelque 650 places assises, baignées de lumière grâce à une façade vitrée. « L’idée, romantique, est que le public soit entouré de tourbillons de neige lors d’un concert en hiver, de nature et de soleil en été », explique Christina Seilern, dont l’agence londonienne a architecturé le projet. En coopération avec le Lucerne Festival cet automne, à l’unisson de jeunes talents bientôt, la partition vibre d’harmonie.