ÉTERNEL ROMANTISME
À LA FIN DU XVIIIE SIÈCLE, LES ARTISTES SUISSES PARTICIPÈRENT À L’ENGOUEMENT ROMANTIQUE EN EUROPE. LEURS MONTAGNES FURENT SOURCE D’INSPIRATION COMME CELLE DES PEINTRES DES PAYS VOISINS AVEC LESQUELS SE NOUÈRENT DES LIENS. À TRAVERS PLUS DE 150 OEUVRES VENUES DE COLLECTIONS NATIONALES OU ÉTRANGÈRES, UN HYMNE AU RESSENTI.
À notre époque d’hyper rationalisation, la quête de l’inexplicable, la fascination pour le mystère semblent faire leur retour. Dès la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe, les artistes de toute l’Europe se sont saisis de ces thèmes, apportant à leurs toiles des atmosphères envoûtantes, emplies d’émotion. Les paysages de haute montagne, pics, crevasses, abîmes, glaciers, ciels accompagnèrent cet engouement, et la Suisse fut une source d’inspiration majeure autant pour ses propres artistes – des préromantiques Caspar Wolf ou Johann Heinrich Wüest à ceux de la fin du siècle tels Alexandre Calame, Charles Gleyre, Léopold Robert – que pour les peintres de renommée mondiale que furent entre autres Eugène Delacroix, William Turner ou Caspar David Friedrich. Parvenu à rassembler plus de 150 oeuvres, peintures, dessins, venus de prêts de collections nationales mais aussi d’Allemagne, d’Autriche, de Grande-Bretagne ou de France, le Kunsthaus montre, à travers films, tables rondes ou encore concerts de musique (Franz Schubert, Johannes Brahms, Arnold Schönberg), que le rayonnement romantique perdure encore aujourd’hui. Préférant parler « d’un romantisme en Suisse plutôt que d’un romantisme suisse », car si la beauté des paysages attira nombre de créateurs de tous pays aux XVIIIe et XIXe siècles, elle favorisa dans le même temps d’intenses échanges artistiques dans les académies des beaux-arts de Paris, Vienne, Dresde... Moins ancrée sur sa seule production qu’ouverte sur le monde, cette exposition nous rappelle dans une période troublée que sentiment et mystère autant que clacissisme et raison habitent le monde depuis la nuit des temps, ce que l’art a toujours su. Le romantisme n’est pas mort bien au contraire, nous dit-elle, ouvrant son espace au débat : est-il politique ? aspirer à la passion, à la sincérité, adopter une écriture néoromantique, est-ce encore possible? Plus encore qu’un merveilleux parcours pictural, le réveil d’une nécessité mystique qui réchauffe l’âme.