FORCES VIVES EN EAUX DOUCES
Déambulation photographique, intime et poétique en noir et blanc autour de l’emblème franco-suisse qu’est le Léman.
Loin de la carte postale haute en couleur, la déambulation photographique que livre « Léman, bien plus qu’un lac » élargit les horizons de cet emblème franco-helvétique, estompant ses frontières, contrastant ses atours, révélant ses personnages... Un contrechamp inédit, intime et poétique.
nous prennent plus d’une fois dans les mailles de leurs filets, délicatesses vif-argent aussi robustes que leurs tenants besogneux. « Quand il n’y a pas de poissons, je vais faire du naval », ricoche une citation pleine page, quelques encablures photographiques plus loin. Entre-temps ont défilé des nageurs en maillot, impression un brin givrée entre fontaine glacée et médailles de la coupe de Noël. Un hors-bord au milieu d’herbes folles, pris de vitesse en vis-à-vis par des bolides routiers. Un salon de jardin, dont la ferronnerie inscrit ses volutes sur fond de villégiature. Une grue portuaire, levier de l’exploitation de carrières calcaires à la Meillerie. La jetée de Saint-Gingolph, hissant pavillon français entre deux tables de café. Un pont de voilier, où deux corps en plein soleil sont plus affalés que les voiles qu’on devine hissées. La proue d’une embarcation, qui flèche l’éclaircie à l’horizon. Une arête de brochet, sculpturale nature morte. Un poêle en fonte et sa bouilloire, parmi le bric-àbrac qu’embarque La Neptune depuis 1904 contre vents et marées. Une travailleuse d’ascendance voyageuse, ancrée à la pêcherie du Boiron. L’insolite village des Flottins, mikado en bois flotté que déposent chaque année les eaux du Léman sur les rivages d’Évian. La passerelle des Grangettes, qui suspend l’histoire des Ateliers de constructions mécaniques. Un plongeoir et ses silhouettes musculeuses, autre ouvrage d’art à la verticale cette fois. Une contemplation randonneuse, devant un miroir d’eau qui se fait reflet d’âme... D’un point de vue enchanteur à un « accès interdit », d’un vieux scaphandre à un catamaran innovant, le travelling imagé se renouvelle sur près de 240 pages merveilleuses : convergents dans leur sensibilité décalée, Claude Dussez et Vincent Guignet ont passé quatre ans à composer cette fresque, publiée aux éditions Glénat, et à raconter leur Léman, bien plus qu’un lac. « Lago di Losanna, Genfersee, Lac Léman, Lake of Geneva : le nommer, c’est vouloir le posséder et c’est déjà le trahir. Il faut laisser parler les images », introduit l’auteur Blaise Hofmann, suisse lui aussi. Subtilement engagés, ses textes n’en sont pas moins des balises complices pour révéler cette « rétine du monde ».