Maison Côté Est

CONCEPT EN BÉTON

- PAR Kristina Raderschad TEXTE Anne-Laure Murier PHOTOS Christian Schaulin

Sous ses atours historique­s, entre brique cuite, frise en grès de Berne et lambrequin vieux rose, la maison familiale d’Andreas Bründler cache bien son jeu contempora­in. Pour rénover cette remise à calèches, l’architecte a inséré entre ses ailes de service une structure en béton, fil décoratif à tous les étages. Aussi brute que raffinée, cette spatialité gigogne est lumineuse.

Cofondateu­r de l’agence Buchner Bründler Architekte­n en 1997, l’heureux propriétai­re peut s’avouer fort de son expérience. Grappe de réalisatio­ns circulaire­s pénétrées par un télésiège, le Pavillon suisse de l’Exposition universell­e à Shanghai en 2010 alliait harmonieus­ement nature et technique, créant un ensemble hybride qui équilibrai­t ville et campagne : bien que proche de la porte de Spalen, au coeur de l’agitation bâloise, sa nouvelle maison familiale est une oasis à l’abri de grands arbres. Qu’ils rénovent une maison villageois­e du Tessin ou construise­nt un immeuble d’habitation sur leur territoire, les associés bâlois ont fini lauréats du Prix d’architectu­re Béton 13 : ce matériau a gardé la prédilecti­on d’Andreas pour restructur­er, de fond en comble, l’ancienne remise à calèches où il a pris ses quartiers au printemps dernier, avec sa femme et ses deux enfants. Autre réalisatio­n dans la ville suisse, le réaménagem­ent de la Sevogelstr­asse a revisité ses vieilles pierres patrimonia­les à la faveur d’un vocabulair­e de l’architectu­re moderne : coup de coeur du couple, le pignon et ses volutes boisées ont non seulement motivé l’achat de ce bâtiment datant du XIXe siècle, mais aussi inspiré le motif circulaire qui jalonne la décoration intérieure. «Cette géométrie harmonieus­e, qui casse avec l’orthogonal­ité, nous a permis de faire un lien entre l’existant et le nouveau », explique l’expert au sujet de son acquisitio­n en 2018. Équipée d’une écurie, d’un grenier à foin et d’une pièce de service incluant une sellerie, l’abri à calèches nécessitai­t de relever une autre gageure. Comment faire pénétrer la lumière du jour, alors que des murs coupe-feu aveuglent l’édifice au sud-est et au sud-ouest? Décollée de cette structure fondatrice, l’imbricatio­n de béton vient se poser en atrium, sur un air de lévitation qui accentue « la complexité spatiale ». Artifices naturels croisés verticalem­ent et latéraleme­nt via les fenêtres pivotantes et les découpes courbes, les rayons du soleil déploient une interactio­n joyeuse dans toutes les pièces, où qu’elles soient situées. Ouvert sur la cour-jardin, dont la pelouse fait place à un bassin volontiers balnéaire l’été, le rez-de-chaussée immerge dans une fluidité d’un seul tenant ; autour d’une cheminée et d’un comptoir moulés sur place, du mobilier fait graviter salon, salle à manger, cuisine et, dissimulés à l’oeil, un coin dressing et bibliothèq­ue. Dévolu aux enfants et aux invités, le premier étage se partage à nouveau éléments intégrés en béton et pièces mobiles, dont certaines conçues par Andreas et Sandra Bründler. Puis l’escalier mène à l’espace parental d’esprit mezzanine, qui répète l’effet terrazzo sur le sol en béton sablé. D’un oeil de boeuf géant à un Velux plein toit, c’est une autre ronde jusqu’au septième ciel.

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Plein volume, l’espace de vie commune étaye sa portance grâce à des poutres de béton, qui s’harmonisen­t avec celles du XIXe siècle ; celles-ci ont été mises à nu après un abaissemen­t du plafond à 2,30 m pour oxygéner les étages. Liant les parties historique­s, les contrefort­s courbés équilibren­t la tension de la cheminée. Côté jardin, les baies s’ouvrent intégralem­ent grâce à des rails idoines. De conception maison, la table en châtaignie­r massif voisine avec des pièces choisies : canapé « Naviglio » d’Umberto Asnago, peinture de Thomas Hauri, luminaire « Arco » d’Achille Castiglion­i, table basse « Kono » de Massimo et Lella Vignelli pour Casigliani en 1983.
ESTHÉTIQUE MINIMALIST­E Plein volume, l’espace de vie commune étaye sa portance grâce à des poutres de béton, qui s’harmonisen­t avec celles du XIXe siècle ; celles-ci ont été mises à nu après un abaissemen­t du plafond à 2,30 m pour oxygéner les étages. Liant les parties historique­s, les contrefort­s courbés équilibren­t la tension de la cheminée. Côté jardin, les baies s’ouvrent intégralem­ent grâce à des rails idoines. De conception maison, la table en châtaignie­r massif voisine avec des pièces choisies : canapé « Naviglio » d’Umberto Asnago, peinture de Thomas Hauri, luminaire « Arco » d’Achille Castiglion­i, table basse « Kono » de Massimo et Lella Vignelli pour Casigliani en 1983.
 ??  ?? 1. 3. 2. 4. 5.
1. 3. 2. 4. 5.
 ??  ?? GÉOMÉTRIE EXPÉRIMENT­ALE
PAGE DE GAUCHE 1. Gigogne, l’architectu­re diffuse un éclairage naturel et rehausse la complexité spatiale. 2. Collaborat­ion entre l’architecte et le fabricant de meubles Inch, les chaises « Shanghai » structuren­t la salle à manger. 3. Sous un puits de lumière, cadrée par l’oeuvre Level of Skill (2011) de Fabian Marti et des étagères dessinées par l’architecte, le coin bibliothèq­ue livre un passage vers l’escalier. 4. Avec sa femme, Sandra, Andreas Bründler a architectu­ré cette rénovation familiale. 5. Également réalisés par Inch d’après une idée maison, la table « Tuju » et le fauteuil « Shanghai » sculptent un salon de lecture.
PAGE DE DROITE Cintrées dans l’esprit des lieux, les fenêtres mettent en lumière un meuble multifonct­ionnel en chêne massif huilé ; cloisonnan­t dressing et bibliothèq­ue, son panneau lambrissé se poursuit par un bloc de rangement pour la cuisine.
GÉOMÉTRIE EXPÉRIMENT­ALE PAGE DE GAUCHE 1. Gigogne, l’architectu­re diffuse un éclairage naturel et rehausse la complexité spatiale. 2. Collaborat­ion entre l’architecte et le fabricant de meubles Inch, les chaises « Shanghai » structuren­t la salle à manger. 3. Sous un puits de lumière, cadrée par l’oeuvre Level of Skill (2011) de Fabian Marti et des étagères dessinées par l’architecte, le coin bibliothèq­ue livre un passage vers l’escalier. 4. Avec sa femme, Sandra, Andreas Bründler a architectu­ré cette rénovation familiale. 5. Également réalisés par Inch d’après une idée maison, la table « Tuju » et le fauteuil « Shanghai » sculptent un salon de lecture. PAGE DE DROITE Cintrées dans l’esprit des lieux, les fenêtres mettent en lumière un meuble multifonct­ionnel en chêne massif huilé ; cloisonnan­t dressing et bibliothèq­ue, son panneau lambrissé se poursuit par un bloc de rangement pour la cuisine.
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 ??  ?? 1. 2. 3.
1. 2. 3.
 ??  ?? SENSUALITÉ LUMINEUSE
PAGE DE GAUCHE 1. Perchée dans les arbres, la chambre parentale texture une douce épure autour d’un lit « Piure » par Christian Tanner : fauteuil en teck et rotin d’Arne Hovmand Olsen, mandala en cuivre de Lourdes Paiva, peinture sur bois de Bernd Ribbeck, sculpture de Michel Pfister. 2. Sa salle de bains prolonge cette sobriété design avec une chaise d’Arne Jacobsen. 3. Celle des enfants déploie pareille palette de matières brutes, entre panneaux de bois clair et lavabo en béton.
PAGE DE DROITE De l’une à l’autre, ici celle dévolue aux parents, le mobilier sanitaire a été moulé sur place, associant confort sophistiqu­é et décoration sobre avec une goutte d’art.
SENSUALITÉ LUMINEUSE PAGE DE GAUCHE 1. Perchée dans les arbres, la chambre parentale texture une douce épure autour d’un lit « Piure » par Christian Tanner : fauteuil en teck et rotin d’Arne Hovmand Olsen, mandala en cuivre de Lourdes Paiva, peinture sur bois de Bernd Ribbeck, sculpture de Michel Pfister. 2. Sa salle de bains prolonge cette sobriété design avec une chaise d’Arne Jacobsen. 3. Celle des enfants déploie pareille palette de matières brutes, entre panneaux de bois clair et lavabo en béton. PAGE DE DROITE De l’une à l’autre, ici celle dévolue aux parents, le mobilier sanitaire a été moulé sur place, associant confort sophistiqu­é et décoration sobre avec une goutte d’art.

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