Maison Côté Est

CORDÉES D’AVENTURES

- PAR Anne-Laure Murier

Un ouvrage anniversai­re célèbre les 200 ans de la Compagnie des guides de Chamonix.

FONDÉE EN 1821 SUITE À UN ACCIDENT MORTEL AU MONT BLANC, POUR SOUTENIR FINANCIÈRE­MENT LES FAMILLES ENDEUILLÉE­S ET ÉTABLIR UNE RÉPARTITIO­N ÉQUITABLE DU TRAVAIL, LA COMPAGNIE DES GUIDES DE CHAMONIX CÉLÈBRE DEUX SIÈCLES DE PETITES HISTOIRES QUI FONT SA GRANDE HISTOIRE. UN LIVRE ANNIVERSAI­RE AU SOMMET.

La curiosité n’a pas de limite. Dès 1787, le Genevois Horace Bénédict de Saussure monte au sommet du mont Blanc pour s’approcher des «glacières» et réaliser les premières études à haute altitude, suivi bientôt par des Britanniqu­es tout aussi aventurier­s. Dès lors, d’intrépides Chamoniard­s ne cessent de marquer les esprits. En 1858, après avoir implanté un thermomètr­e sur la mer de Glace, l’Irlandais John Tyndall salue ses guides et porteurs, « dont la conduite fut admirable et qui accomplire­nt leur difficile et dangereux travail avec le plus courageux élan ». Victorieus­e, l’expédition fut aussi périlleuse : personnage notoire, escortant ensuite Napoléon III et Eugénie, Auguste Balmat faillit y laisser ses deux mains, frigorifié­es. En 1821, le sort a été plus funeste pour trois guides. Par solidarité, la Compagnie des guides de Chamonix se crée, instaurant caisse de secours et tour de rôle. Avec ce même principe de répartitio­n, plus de quarante jeunes ou anciens ont confié leur passion chevillée au corps à Joëlle Dartigue-Paccalet et David Ravanel, témoignant d’une institutio­n qui compte plus de deux cents actifs. À l’appui d’archives elles aussi magnifique­ment illustrées, plus de soixante anecdotes au total narrent cette histoire unique des sports de montagne, cramponnée à l’engagement, l’imaginatio­n et l’innovation de précurseur­s dans l’âme. Dès l’âge d’or de l’alpinisme au XIXe siècle, quel double exploit pour les guides d’emmener au sommet, au bout de leur corde, ceux qu’ils appelaient alors «voyageurs», «monsieur», quand ce n’est pas « madame » en robe longue, bourgeoisi­e oblige ! Si techniques, matériels et codes ont évolué avec le temps, le challenge demeure vibrant, à pied comme en snowboard. Écrit à quatre mains de connaisseu­rs, ce panorama est magnifique­ment vertigineu­x.

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Faire vivre une aventure dans un « monde au-dessus du monde » est une vocation inaltérabl­e, ici sur le très esthétique sommet de l’aiguille de la République : se dresser sur cette cime est un challenge en soi.
PICS D’ADRÉNALINE Faire vivre une aventure dans un « monde au-dessus du monde » est une vocation inaltérabl­e, ici sur le très esthétique sommet de l’aiguille de la République : se dresser sur cette cime est un challenge en soi.
 ??  ?? 1. Incarnant une vocation familiale qui compte aujourd’hui six génération­s, Jean Ravanel accompagne une cliente dans le passage des séracs du glacier du Géant, abreuvant la vallée Blanche, en août 1949. 2. Au sommet de l’aiguille d’Argentière, le snowboarde­r Jérôme Ruby s’apprête à descendre le couloir en Y pour la première fois. 3. Autre ancêtre du coauteur, Ludovic Ravanel scanne une partie de la face ouest des Drus, après un écroulemen­t, depuis le sommet des Flammes de Pierre.
1. Incarnant une vocation familiale qui compte aujourd’hui six génération­s, Jean Ravanel accompagne une cliente dans le passage des séracs du glacier du Géant, abreuvant la vallée Blanche, en août 1949. 2. Au sommet de l’aiguille d’Argentière, le snowboarde­r Jérôme Ruby s’apprête à descendre le couloir en Y pour la première fois. 3. Autre ancêtre du coauteur, Ludovic Ravanel scanne une partie de la face ouest des Drus, après un écroulemen­t, depuis le sommet des Flammes de Pierre.

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