EXPLORATIONS LUMINEUSES
L’artiste dano-islandais Olafur Eliasson a investi la fondation Beyeler pour une installation qui relie l’homme et la nature.
L’ARTISTE DANO-ISLANDAIS OLAFUR ELIASSON TRAVAILLE À BERLIN. IL A INVESTI LA FONDATION SUISSE POUR UNE INSTALLATION CONSTAMMENT MOUVANTE OÙ TOUT – EAU, ANIMAUX, VÉGÉTAUX, HEURES DU JOUR OU DE LA NUIT, PAYSAGE URBAIN, CLIMAT – RAPPELLE À L’HOMME QUE, SUR LA PLANÈTE TERRE, IL N’EST QU’UN PARMI D’AUTRES.
L’artiste est allé jusqu’à retirer les vitres du célèbre musée conçu par Renzo Piano! Faire venir le paysage à l’intérieur, inonder l’espace d’un décor aquatique sans limites, initier un dialogue entre nouveaux végétaux et parc aux arbres multicentenaires. L’installation du DanoIslandais Olafur Eliasson, sculpteur, peintre, photographe, réalisateur, que l’on a déjà vu teinter des rivières en vert vif d’uranine, créer des chutes d’eau à Manhattan ou Brooklyn, placer des blocs de glace du Groenland à Copenhague, Paris ou Londres, illustre une nouvelle fois son engagement artistique pour notre planète. Une exposition dépourvue de portes, de fenêtres ou de textes explicatifs, qui n’impose aucune heure d’ouverture ou de fermeture et s’offre au visiteur à tout moment du jour comme de la nuit. « Je cherche à faire ressentir la présence du temps. On peut le libérer pour rencontrer l’oeuvre, s’y plonger, faire corps avec elle. » N’est-il pas fascinant que, de la plus infime bactérie aux mammifères, tout être vivant ait un cycle interne similaire d’environ vingt-quatre heures? Le parcours se suit entre passerelles de bois, odeurs, sons, sorte de « sensorium » au fil d’espaces subtilement divers.
Olafur Eliasson est très inspiré par l’anthropologue Natasha Myers, qui prône la nécessité de «végétaliser nos sens, d’entrer en relation avec les plantes, qui ont rendu notre planète vivable et dont nous ignorons encore ce qu’elles veulent ou savent ». Végétaux, animaux, climat, lumière, tout est relié et il est urgent que l’homme, à l’intérieur duquel coexistent des milliards d’autres vies, accepte qu’il ne soit pas l’espèce principale de la planète mais en interdépendance avec toutes les entités vivantes, humaines et non humaines. « Une “con-spiration” au sens de respirer avec. Explorer collectivement le monde qui nous entoure, le rendre habitable pour toutes les espèces. » Et comprendre l’urgence de quitter notre statut arrogant, notre illusion tenace de dominer la nature. Plus qu’une installation, une expérience, un voyage hors frontières dont on revient le regard autre, la perception plus large.