ART RATIONNEL
IMPOSSIBLE DE RÉSUMER LA PERSONNALITÉ HORS NORME ET L’OEUVRE FOISONNANTE DE CET IMMENSE ARTISTE QUE FUT LE SUISSE MAX BILL : PEINTRE, SCULPTEUR, ARCHITECTE, DESIGNER, GRAPHISTE, TYPOGRAPHE, THÉORICIEN, COLLECTIONNEUR, CURATEUR, PUBLICISTE, ENSEIGNANT, HOMME POLITIQUE ET GRAND PROSÉLYTE DU MOUVEMENT DE L’ART CONCRET.
L’exposition au Zentrum Paul Klee a choisi le prisme des amitiés artistiques nombreuses que noua Max Bill tout au long de sa vie (1908-1994) pour tenter de cerner ce personnage hors du commun. C’est en Allemagne, dans la célèbre école du Bauhaus à Dessau, qui intègre toutes les formes d’art et où le Suisse suit les cours de Vassily Kandinsky et de Paul Klee, que son destin protéiforme se dessine. En 1932, il adhère, à Paris, au mouvement Abstraction-Création. Quatre ans plus tard, il formule les principes de l’art concret, esquissés par le Néerlandais Theo Van Doesburg en 1930. « Rien n’est plus réel qu’une ligne, qu’une couleur, qu’une surface», affirmait le peintre. L’art concret revendique l’autonomie de son langage plastique en dehors de toute référence à la réalité du monde extérieur, et pour Max Bill, une pure création de l’esprit devient « concrète » par sa matérialisation. Kandinsky, Arp adoptent vite le terme pour qualifier leurs créations, et en 1944, le théoricien réunit une cinquantaine d’artistes à Bâle pour l’exposition « Konkrete Kunst ». En 1949, dans son ouvrage La Pensée mathématique dans l’art de notre temps, il affirme sa volonté de créer un art rationnel pour remplacer l’imagination « par la conception mathématique ». Les principes de l’art concret se diffusent en Europe et aux États-Unis, gagnent une large part de l’abstraction géométrique des années 1950 et 1960, mais aussi d’autres domaines comme l’architecture. Max Bill cofonde d’ailleurs à Ulm, en 1953, la HfG, une école de design dont il dessine les plans et qui connaîtra un retentissement international. Quatre-vingt-dix peintures, dessins, sculptures, objets d’usage quotidien fabriqués en série, affiches... montrant l’ampleur et la diversité de son travail sont exposés aux côtés d’une cinquantaine d’oeuvres de ses amis, Albers, Arp, van Doesburg, Kandinsky, Klee, Kupka, Mondrian, Vieira, Warhol... Cette juxtaposition souligne le dialogue artistique international soutenu tout au long de son existence par Max Bill, devenu une source d’inspiration pour nombre de créateurs du monde entier.