Maison Côté Est

FORTIFICAT­IONS ALPINES

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C’est un esprit plus Provence, plus Sud, qui vous saisit dans le Guillestro­is, porte d’entrée du Parc naturel régional du Queyras. Seraient-ce les villages en altitude qui longent la Durance, surplombés par MontDauphi­n ? La belle ville de Guillestre avec ses maisons à la chaux colorée, d’influence italienne et sa magnifique église Notre-Dame de l’Aquilon en marbre rose, gardée par des lions de pierre? Ici, on part en week-end à Turin! Adossé aux Alpes, le Guillestro­is est surtout célèbre pour ses fortificat­ions, inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco, qui furent édifiées par Vauban entre 1693 et 1704 pour protéger le royaume de France des intrusions savoyardes. Comme pour Briançon, Mont-Dauphin fut construit pour défendre la frontière, après l’attaque des troupes de Victor-Amédée II par le col de

Vars en 1692. L’idée était de mélanger les militaires des garnisons de Louis XIV et les locaux pour que les premiers ne dépriment pas dans ce lieu très isolé. Le village comptera jusqu’à trente enfants et... douze tavernes ! L’église reste la « symphonie inachevée » de Vauban. Ce village fortifié n’a finalement jamais été attaqué et, ironie de l’histoire, moins de sept ans après la mort de l’architecte militaire, le Traité d’Utrecht de 1713 établit l’abandon par la France du Piémont à la Savoie en échange de l’Ubaye. Briançon devient ville frontière, MontDauphi­n ne l’est plus. Aujourd’hui, le village rassemble une centaine d’habitants à l’année, et des troupeaux de moutons paissent dans les remparts. Dans les années 1980, artistes et artisans se sont installés dans les anciennes casernes. «On est au carrefour des vallées italiennes, du Briançonna­is, du Queyras et de l’Embrunais, c’est le fameux plateau des Mille Vents, ce qui signifie qu’il y a aussi beaucoup de circulatio­n », précise l’artiste Barbara Fougnon, de l’Atelier du poisson qui vole. Ici, la vie artistique est associativ­e, bouillonna­nte, on est inspiré par des éléments très puissants, l’eau du Guil, le vent, qui irriguent notre travail. Nous sommes très soutenus par le village, on se sent protégé par les remparts et la bienveilla­nce des habitants, il règne une grande ouverture d’esprit, ce n’est pas du tout un village fermé! «Exact, renchérit la céramiste Anaëlle Christ, les sommets et les montagnes nous remettent à notre place, nous rappellent notre taille. » Jusqu’en 2031, on peut découvrir l’exposition permanente de l’oeuvre Little Bighorn de l’artiste Ousmane Sow sous la charpente à la Philibert Delorme du comble de la caserne Rochambeau.

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