ROAD MOVIE EN BRETAGNE
DANS SON FILM « CHOUQUETTE » , OÙ CABOTENT SABINE AZÉMA ET MICHÈLE LAROQUE, PATRICK GODEAU RÉINVENTE SA BRETAGNE. TRAVELLING DU JARDIN DE PELLINEC À L’ÎLE CALLOT.
Pour son premier film en tant que réalisateur, Patrick Godeau fait montre d’un septième art pour brouiller les pistes. Arrimé à l’écran par des images du cosmos, on émerge quelques séquences plus loin auprès de Sabine Azéma, prenant un bain de mer en compagnie d’une otarie. Le pitch ne cadre pas plus la teneur de cette fantaisie poétique, entre flux salés et reflux sucrés. Il était une fois Chouquette – du nom de l’héroïne qui baptise cet ovni cinématographique – qui vivait seule sur une île bretonne, dans sa grande maison baignée par une végétation luxuriante. Chaque année depuis trois ans, elle organise l’anniversaire surprise de son mari Gepetto, au port d’attache hors cadre. Entrent alors en scène son ex-maîtresse, vampée par Michèle Laroque, et Lucas, petit-fils fictionnel de l’inénarrable flamboyante, aussi droite dans ses bottes qu’en lévitation dans ses croyances… « C’est “Gravity” vu par Sempé, commente Patrick Godeau. De l’univers cosmique du premier à celui si cocasse du dessinateur, “Chouquette” fait le tour de sa petite planète, un voyage au gré d’une nature immense. » Pour cette révolution tous azimuts, il a puisé dans ses souvenirs d’enfance et d’adolescence. « Sauvage, forte,
tellurique, la Bretagne Nord est pour moi une madeleine extrêmement puissante, associée à des personnalités singulières telles que l’étaient mon
père et ses amis, que je rencontrais en vacances. » Loin de la carte postale touristique, le décor dont il a rebattu les cartes aimante pareillement. Cap sur le jardin de Pellinec, entre iris du Japon et bambous de l’Himalaya, attenant à un manoir du XVIIe siècle tout aussi resplendissant ; tous les week-ends d’avril à septembre, il se visite sur le continent, loin de son caractère insulaire à l’écran. Cette illusion d’optique s’éclaircit d’un bord vers l’île de Saint-Gildas ; privée, on peut y mettre pied le jour du Pardon des Chevaux, à la faveur d’une grande marée de juin… « Il y a une vraie étrangeté dans ce film (…) tourné dans le Finistère, qui signifie la fin de la terre » , séquence Sabine Azéma. « La fin est souvent le début de quelque chose. Ce pourrait être, ici, une invitation au rêve et au mystère. » Belle affiche estivale.