L’IMAGINAIRE D’UN FLEURISTE
Le fleuriste et collectionneur Thierry Boutemy a choisi de s’installer dans la métropole belge, plus verte que la plupart des capitales. Dans un quartier paisible, à la lisière de la forêt, il s’est aménagé un intérieur qui lui ressemble : inventif, singu
C'est à Bruxelles que Thierry Boutemy, originaire de Normandie et passionné par la nature, a choisi de vivre. Cité- jardin aux ruelles bordées de cerisiers du Japon, le Logis-Floréal, où le fleuriste s’est installé, est peuplé de petites maisons bâties à l’identique – anciens logements sociaux agrémentés de jardinets. Le charme de ce quartier aux allures de village attire les réalisateurs et sert souvent de décor pour des films, tels que Toto le héros de Jaco Van Dormael. C’est d’ailleurs sa collaboration à un long-métrage, le Marie-Antoinette de Sofia Coppola, qui a révélé le fleuriste et donné une nouvelle orientation à sa carrière, ouvrant la voie aux défilés et aux photos de mode, aux événements et aux tournages auxquels il se consacre. Thierry Boutemy n’a pas pour autant délaissé sa boutique – où l’on trouve bien évidemment ses somptueuses créations –, dans laquelle il organise des expositions pour des artistes ou des artisans dont il apprécie le travail. Il nous laisse découvrir un intérieur doux, poétique, où la lumière du Nord joue avec le bois brut et la blancheur ambiante. C’est ici que Thierry vit avec sa femme japonaise et son fils, ici qu’il se ressource, entouré de meubles scandinaves d’époque gustavienne. Un mobilier sobre, élégant, à la patine tendre, chiné au fil des ans chez Odehof, une boutique spécialisée dans les antiquités suédoises. La maison n’est pas grande, mais accumule les trésors. Thierry a le goût sûr et une âme de collectionneur. Au détour des pièces, des merveilles surprennent le regard, comme cet étonnant portrait d’une jeune fille portant dans ses bras un lapin géant, travail de fin d’études de l’artiste Assunta Ruocco. Dans le séjour, les rebords des fenêtres sont animés par des objets d’art Inuit. Le fleuriste affectionne cette culture du Grand Nord, proche de la nature, comme il admire l’art des Indiens Hopi d’Arizona. Chargés d’attirer la présence bienfaisante des esprits, ces objets chamaniques sont porteurs de douceur et de force en même temps. Thierry s’intéresse aussi à l’art contemporain, comme en témoigne la collection d’animaux imaginaires de Sophie Woodrow, étranges créatures de porcelaine, ou bien les tissus et les aquarelles d’animaux chimériques de l’illustratrice et designer textile Ellie Curtis. On retrouve dans les chambres, à l’étage, la même douceur, le même sentiment de paix accentué par le parquet de bois clair. Mais c’est dans le jardin, « son » élément, habité par des sculptures d’animaux en bois proches de l’art naïf, que l’on retrouve l’âme bucolique du propriétaire, mâtinée de poésie, comme un monde à part.