BRETAGNE D’AVANT-GARDE
APRÈS LA PÉRIODE 1870- 1920 QUI ATTIRA PLUS DE 4 000 VISITEURS, LE MUSÉE DE PONT- AVEN PARCOURT, CETTE FOIS, LA MODERNITÉ BRETONNE DURANT L’ENTRE- DEUX- GUERRES.
Rénové et agrandi depuis 2016, le nouveau musée de Pont-Aven, riche de quelque 4 500 oeuvres et documents d’archives sur la vie artistique en Bretagne de 1850 à 1950, bénéficie du soutien du musée d’Orsay, son partenaire jusqu’en 2021. Une première exposition sur la modernité artistique en Bretagne au cours de la période 1870-1920 et son influence sur Paul Gauguin, Eugène Boudin, Claude Monet et tant d’autres, aura attiré des milliers de visiteurs l’été passé. Cet hiver, sur une scénographie de Loretta Gaïtis, le musée aborde la période 1920-1940. Après la Première Guerre mondiale, tandis qu’est fondé le fameux Bauhaus, partout émergent des mouvements innovants. En Bretagne aussi, le désir de modernité s’intensifie, teinté cependant d’un attachement marqué à la région et d’un mysticisme plus grave causé par la guerre. C’est un renouveau qui n’oublie pas l’authenticité bretonne, ainsi les thèmes des oeuvres tels que la vie portuaire et ses pêcheurs, le littoral, le vent, les costumes et coiffes traditionnels, les incontournables pardons, les ostréiculteurs ou les cueilleurs de fraises à Plougastel... Mais une audace, un expressionnisme marquent compositions et couleurs. Jean-Julien Lemordant, Mathurin Méheut, Pierre de Belay (un protégé de Max Jacob), Yves de Kerouallan, Paul-Émile Guillaume, Jean-Georges Cornélius, Ernest Guérin, Yvonne Jean-Haffen, pour ne citer qu’eux, apportent ce souffle à l’art breton. On le constate en peinture ou en céramique, mais aussi en sculpture avec François Méheut, René Quillivic ou encore l’ébéniste Joseph Savina, ami de Le Corbusier. En 1923, lors du pardon du Folgoët, se forme le groupe des Seiz Breur (« sept frères »), initié par Jeanne Manivel, René-Yves Creston et Suzanne Candé-Creston. Ils conçoivent un pavillon de la Bretagne à l’exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de Paris en 1925. Le mouvement s’amplifiera et s’ouvrira à d’autres disciplines – architecture, sculpture, littérature, musique... – mêlant style Art Déco et singularité bretonne. Un esprit d’avant- garde dont Pont-Aven se fait aujourd’hui le merveilleux témoin.