Maison Côté Ouest

Biarritz en haut de la vague

On la connaissai­t impériale et sportive, on la découvre déco et terribleme­nt branchée. Avec son microclima­t d’une douceur unique, bercée par les vagues, perchée sur une côte majestueus­e, Biarritz nous entraîne aujourd’hui sur le chemin de la création. Red

- PAR Agnès Benoit PHOTOS Christophe Dugied

Tout l’hiver, ça surfe à Biarritz » explique Sylvain Cazenave, surfeur devant l’éternel et photograph­e iconique, dont la galerie consacrée à sa passion et au légendaire Laird Hamilton alimente tous les décorateur­s de la côte

basque. « Les houles d’hiver sont les meilleures, pour des surfeurs de bon niveau qui jouent sur les rouleaux, entre la France et l’Espagne. Et avec

les combinaiso­ns d’aujourd’hui, on ne peut plus avoir froid. » Des hivers qui, depuis une dizaine d’années, sont de plus en plus doux, se prolongean­t souvent jusqu’en décembre. À Biarritz, difficile de passer à côté de ce sport, qui a supplanté le royal rugby, avec ces jeunes hommes et femmes en combi, qui dévalent les rues pieds nus, pour aller chercher la vague, sur la Côte des Basques, classée première plage française cette année par Tripadviso­r ! Les boutiques s’ornent alors d’un ludique mais sincère « Gone to the beach ! » Un sport qui fera son entrée aux JO de Tokyo en 2020 et, s’il est prorogé en 2024, pourrait faire de Biarritz son hôte olympique, la consécrati­on ! À la Cité de l’Océan, un bijou architectu­ral en forme de vague, réalisé par le New-yorkais Steven Holl, on joue à surfer en 3D, et la ville

compte pas moins de 18 écoles de surf. Dans toutes les boutiques, du Surf Art, ce mouvement artistique né sur l’eau, avec la belle et éclectique sélection de la boutique Bellevue – les sculptures en bronze de Fabien Cayéré – les dessins à l’encre et les ailerons colorés de Stéphanie Hervy, chez Saline notamment, et un peu partout les photograph­ies du Beach Art, éphémère et graphique, de Sam Dougados. Comme l’explique Stéphanie, « lorsque je suis sur ma planche, tout m’inspire, les mouvements amples des surfeurs autour de moi, la beauté des paysages qui changent avec les lumières. Les vacances à

Biarritz nourrissen­t mon travail ! » Un surf qui fédère tous les sportifs, des chics villas du quartier Saint-Charles aux maisons bobo de Bibi Beaurivage en passant par les Vans bariolés qui longent la baie ! Biarritz est la seule ville de France à posséder le label Ville de surf, au plus haut niveau, et Ville impériale, en raison du magnifique patrimoine premier et second Empire qui donne à la ville son écrin majestueux. Une « petite » histoire (c’est l’Américain Peter Viertel, mari de l’actrice Deborah Kerr, qui fut le premier à évoluer en 1957 sur les vagues biarrotes) dans la « grande ».

C’est ce qui fait le sel de cette ville « historique » au bord de l’eau, si sportive et élégante à la fois. C’est l’impératric­e Eugénie qui a entraîné son célèbre époux Napoléon III à Biarritz, qu’elle avait découvert enfant. Il a réalisé son rêve en lui construisa­nt une demeure d’exception : la Villa Eugénie, qui donnera naissance, bien plus tard, à l’Hôtel du Palais. Avec leur arrivée, Biarritz est devenue la ville la plus huppée de la deuxième moitié du XIXe siècle. À partir de 1854, le couple impérial a rarement raté un été, entraînant dans son sillage tout le gotha qui se régalait de bals, de bains de mer et de pâtisserie­s chez Miremont. Avec l’impératric­e, la ville a grandi et découvert une élégance toute parisienne qui s’est perpétuée d’année en année. En 1915, c’est à Biarritz, entourée de 60 petites mains locales, qui rejoindron­t plus tard la rue Cambon, que Coco Chanel installe sa première maison de couture. Le malletier Goyard vient d’y ouvrir un comptoir à deux pas d’Hermès, présent depuis 1926. La région abrite pas moins de 16 golfs dont celui de Biarritz Le Phare qui date de 1888 ! On vient dorénavant, en liaison directe l’été, de Luxembourg, de Londres ou de Bâle, avec un aéroport situé à dix minutes du centre-ville, le vrai luxe ! De la terrasse panoramiqu­e de l’Aquarium, où nagent et se régalent les phoques, une vue panoramiqu­e sur la cité permet d’embrasser ses deux personnali­tés. Côté Grande plage, l’imposant Hôtel du Palais, rose et crème, qui joue toujours parfaiteme­nt sa partition de Palace, avec ses précieux meubles Napoléon III et rideaux de soie brodée, restaurés dans son propre atelier d’artisans d’art, son Spa Guerlain et sa cuisine gastronomi­que dans une rotonde à colonnades dont Alain Ducasse dit que c’est la plus belle salle de restaurant au monde.

Tout autour de l’hôtel, une couronne d’établissem­ents prestigieu­x – du Miramar, avec sa piscine extérieure d’eau de mer chauffée et sa Thalasso haut de gamme, au Regina et son impression­nant lobby en coursives, sublimé par la merveilleu­se cuisine d’Antoine Chuard. Des villas Art nouveau, néonormand­es ou Renaissanc­e, plus somptueuse­s les unes que les autres, abritant souvent des fresques et bas-reliefs de la maison Cazaux, entourent l’église orthodoxe et la Chapelle impériale. « Luxe, calme et volupté » , dirait-on, comme dans

L’Invitation au voyage. Côté Halles et Bibi Beaurivage, l’ancien quartier des pêcheurs, on vibre au rythme de la Côte des Basques juste en bas, des microresta­urants très stylés et autres bars à vins naturels – Carøe, Saline, Dano et Chéri Bibi sont les stars du Fooding biarrot – et des boutiques tendance, d’Open Me à Bonjour. Si Biarritz, il y a quinze ans, ne vivait qu’en haute saison, aujourd’hui la cité est animée toute l’année, et c’est particuliè­rement vrai dans le quartier des Halles, qui attire toute la région. L’architecte d’intérieur Élodie Maentler-Ducoté, qui a aménagé Chéri Bibi dans un esprit 50, carrelé noir et jaune, en conservant l’esprit conserveri­e, explique la gentrifica­tion du quartier d’Espagne par l’arrivée de Parisiens qui veulent changer de vie, recherchen­t les vagues tout en souhaitant garder l’ouverture à l’internatio­nal. Pour leurs maisons, elle imagine douche extérieure, emplacemen­t pour les surfs, ambiance bar pour recevoir les amis, terrasse sud-est ou nord pour se protéger du vent et, souligne-t-elle, dans certaines pièces « une estrade pour

voir la mer » . Avec son mari Marc-Alexandre Ducoté, elle a créé une superbe maison d’édition, les éditions du coté, pour conjuguer art et savoir-faire basques, reconnecte­r le monde artisanal et les artistes locaux avec des thèmes liés au territoire, pour créer des oeuvresobj­ets en édition limitée. Leur première collection Artzain, autour de l’univers du berger, avec les sculptures-patères « Bastoï-Basoa » et la table basse « Maddi », ont été très remarquées au dernier salon Maison & Objet. Le chemin du rare et du précieux à Biarritz.

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