AU DIAPASON DE LA CRÉATION
Antoine Corbineau ou Julie Flamingo croquent leur ville préférée avec des plans rigolos, Docteur Paper a imaginé un Nantes miniature de papier, dispersé en ville, le long de sa piste verte, Caroline Bourlès, alias Un Bikini sous la pluie, nous régale de ses jolis motifs frais et nature, qui égayent les faire-part de Rosemood, autre jolie société nantaise. Un seul bémol peut-être, une proximité avec la capitale qui n’encourage pas la création de galeries. « Les Nantais ont développé un rapport à l’art dans l’espace public » , explique Yolaine Mary, de l’exigeante galerie Confluence, qui a accueilli les artistes Georges Rousse et Arno Rafael Minkkinen et aussi révélé Wiktoria Wojciechowska, exposée à Arles cet été. L’historique Musée d’Arts a rouvert l’an dernier, après de titanesques travaux, avec une nouvelle aile consacrée aux oeuvres du XXIe siècle, dans un cube de marbre blond qui laisse passer les lueurs du jour. Mais le plus bel exemple de ce dynamisme incroyable, c’est l’île de Nantes devenue un laboratoire du design. On peine à croire qu’il y a 30 ans encore, c’était une friche où personne ne mettait les pieds. La céramiste Hélène Morbu raconte son installation « dans un quasi-désert, alors qu’aujourd’hui il y a plein d’adresses pour sortir mais tant de constructions que l’on a un peu perdu le sentiment de ne plus être en ville » . Après La Galerie des Machines où déambule et vrombit l’immense éléphant de bois, et La Fabrique, pilier de la vie nocturne, se sont établis, à deux pas du tribunal signé Jean Nouvel, l’École d’architecture et Les Beaux-arts, dans les anciennes Halles Alstom. On attend une université dédiée à la culture numérique et une école du design. C’est au HAB galerie que l’on retrouve les expositions du FRAC et sur le Quai des Antilles que l’on prend un dernier verre, auréolé des anneaux hypnotiques rouge, vert et bleu du plasticien Daniel Buren. « J’adore m’y promener le mercredi avec mon fils, en observant les marées qui rythment la journée » , raconte l’artiste Éva Taulois. Le restaurant gastronomique Lulu Rouget et la galerie Mélanie Rio viennent de rejoindre ce nouveau quartier de la création. Quant à l’usine Beghin Say et ses emblématiques tour et cheminée bleues, elles sont dorénavant protégées au titre du patrimoine industriel nantais. Un futur Lieu unique ? « Nantes, c’est une très belle pratique de la ville » , glisse Éva Taulois. « Une réflexion sur l’urbain, pratique et culturel à la fois, conscient de la place de la nature » , ajoutent les créatrices de Bloom. On ne saurait mieux dire.