LE MONDE DE JERONIMO
IL EST VENU À NANTES POUR ÉTUDIER L’ARCHITECTURE, MAIS LE FEU SACRÉ DU DESSIN BRÛLAIT EN LUI. ET L’ENVIE D’EXPLORER TOUS LES CHAMPS ARTISTIQUES QUI QUESTIONNENT LE RAPPORT DE L’HOMME AVEC SON TERRITOIRE.
Sérigraphies, linogravures, encres de Chine, les fresques de cet ancien élève en architecture s’invitent dans les restaurants comme dans les galeries d’art de Nantes.
Il vient d’exposer à la galerie L’Atelier. Enseigne à l’école de design Nantes-Atlantique. Une de ses fresques, Extraits, orne le nouveau restaurant Lulu Rouget. Et ses dessins sont disponibles au très sélect espace Mira, où Oscar et Eva parlent si bien de son travail. Jérôme Maillet, alias Jeronimo est un artiste incontournable à Nantes. « Pourquoi Jeronimo ? C’est un ami qui m’a suggéré ce nom de scène, j’aime bien résister aux idées toutes faites, je suis rarement d’accord », expliquet-il. L’architecture lui plaisait, comme la projection d’un fantasme dans un espace, la conception d’un lieu qui peut influencer un mode de vie, mais la phase « construction » était décidément trop aléatoire et frustrante. Il passait déjà beaucoup de temps à dessiner, au désespoir de ses professeurs. Parti à Dakar pour travailler dans une agence, il est repéré pour ses talents d’artiste et entame une première exposition. Le déclic. De retour dans sa ville préférée, il ne s’interdit rien. Sérigraphie, linogravure, dessin à l’encre de Chine, aquarelle, il ne veut pas être enfermé dans une identité graphique « Chaque nouvelle technique me stimule. Comme dans l’écriture, on n’utilise pas le même style selon son sujet ! » Mais la sociologie
et l’architecture sont ses dadas, qui se font souvent écho, comme cette série « Pionniers », inspirée par l’urbanisation brutale de Montréal ou l’oeuvre Fracas, sur les nuages de fumée créés par les détonations dans les carrières de pierre, où Jeronimo veut « dessiner le bruit et saisir l’intensité de ce moment suspendu, qui laissera place à un nouveau paysage ». Avec Bercail, c’est l’hommage à la nature foisonnante de son enfance, un paradis à la campagne. De Nantes, il a voulu livrer une vision condensée des architectures marquantes telles que dans ses souvenirs. « J’aime aussi beaucoup les travaux de commande, les “cartes blanches”, car on va à la rencontre d’un univers que l’on ne connaît pas, on se surprend mutuellement. Comme ces fresques que je réalise chez des particuliers, fruit de discussions passionnées, ou le restaurant Lulu Rouget, où je les ai étonnés avec un travail sur les cailloux, utilisés en tant qu’emblèmes des territoires, des terroirs qui s’assemblent pour créer la cuisine unique de Ludovic Pouzelgues. »