Étape N° 1
URBANITÉS BALNÉAIRES
Papier peint ciel, panneaux boisés, tables marbrées, suspensions aériennes : à un jet de pierre Art déco de l’hôtel Westminster, le salon de thé Opaline fait un effet de nouvelle vague. « Avec nos grands-parents, puis avec nos parents, nous avons passé toutes nos vacances au Touquet » , racontent Julie Pâquereau et Charles Fontaine, soeur et frère lillois. « Dans le sillage du regretté Lido, qui a été pour nous une madeleine de Proust, nous avons eu envie de redonner une place à la pâtisserie haut de gamme. » Multipliant les habitués six mois après son ouverture, cette affaire de trentenaires n’est pas la seule à faire une révolution de palais dans la station du Pas-de-Calais. En mal d’iode, Delphine et Baptiste sont venus de Paris pour mettre à table leur appétit de nature. Lookée juste comme il faut, leur cave à manger a la bonne idée d’associer « une cuisine de bistrot et d’humeur, variant au fil des saisons et des rencontres avec les producteurs » et « des vins vivants, loin de la standardisation oenologique moderne ». Maquereau cru, céleri, grenade et cacahuète ; poitrine de cochon confite, pickles de moutarde et choux pack choï ; maroilles affiné de chez Caseus… De l’entrée au dessert, le restaurant Les Canailles confirme que leurs propriétaires en sont de bien belles. La déco a aussi le vent en poupe, découvre-t-on chez Cube, dont une annexe est dédiée aux enfants, ou chez Wunderkammer, tenu par deux soeurs. Après avoir parcouru le monde – jusqu’en Australie pour l’une d’elles –, ces natives de la région laissent libre cours à l’atavisme paternel : en choeur et avec coeur. En témoigne leur univers aussi foisonnant qu’épuré, sur une note scandinave. Quant aux Anglais, qui fréquentaient ces dunes plantées de forêt avant même que le train n’officialise ce « Paris Plage », la tendance va à contre-courant du Brexit. Depuis deux ans, notamment, Croque’s & Pies concocte des brunches comme là-bas et propose de l’épicerie fine en rayon. Sportive par vocation, du tennis à l’équitation, la station marque par ailleurs des points au golf. Mer, forêt ou manoir, ses trois parcours rivalisent de beauté avec le tout nouveau club house, qui fond son design dans le décor. Avec ses abords végétalisés et ses pistes cyclables, le front de mer n’échappe pas à cet appel d’air vivifiant, bien au-delà de la digue. Depuis 2016, des bars modulaires campent leurs transats dans le sable, assortis aux couleurs des cabines historiques. Toutes toiles dehors, ces invitations au farniente s’ajoutent aux moments contemplatifs et sportifs dont le Touquet a le secret : entre vent et marées, chaque ode à l’iode s’irise d’une préciosité opaline.