PUMPHOUSE POINT
Le pays des Tassi est divisé. Une route principale le coupe en deux comme une orange. West Coast : les rainforest, pas de connection Internet ; East Coast : les bushfires et les villes, qui n’ont plus d’eau à cause du tourisme croissant. Cradle Mountain, la plus célèbre des montagnes tasmaniennes, sépare l’Est de l’Ouest, un spectaculaire alignement de falaises s’élevant depuis les rives du lac Dove, au nord- est de l’État. Tout au sud du parc national de Cradle, un spectacle stupéfiant nous attend. Tel un temple au coeur d’un paysage majestueux, une centrale hydraulique des années 1930 transformée en hôtel est posée au milieu du lac Saint-Clair. L’expérience est d’autant plus troublante et irréelle quand on choisit de rejoindre l’hôtel en hélicoptère. L’alternative est de longer le lac. Ce « joyau de la couronne » du système hydroélectrique tasmanien a été réveillé en 2015 par Simon Currant, promoteur visionnaire. Si la seconde vie des entrepôts en lofts ou des usines en galeries n’étonne plus personne de Berlin à Brooklyn, ici, l’impression n’est pas la même… Longtemps abandonnés, puis réhabilités en hôtel, ces bâtiments sont situés à 3 heures de route d’Hobart – ou 20 minutes d’hélicoptère. Là se cachent dix-neuf chambres privilégiées : douze sont posées sur le lac dans la station de pompage – la Pumphouse –, six au bord de l’eau, sur terre, – dans la Shorehouse – et la dernière dans la Retreat House, cachée dans la forêt. Au coeur du Tasmanian Wilderness World Heritage Area, région protégée, le lac SaintClair est à 900 mètres au-dessus du niveau de la mer. Profond de 200 mètres, il mesure 18 kilomètres de long et est entouré par les montagnes. Il était connu par la population aborigène comme Leeawuleena ( « l’eau dormante »). Derrière les fenêtres indus- trielles, les anciennes turbines à eau et les portes en métal, s’ouvrent des chambres chaleureuses, à l’esprit masculin, en flanelle grise, boiseries teintées, tuyauterie en cuivre et éclairées par une simple ampoule façon postindustriel gothique tasmanien. À part un pub, à 3 miles d’ici, il n’y a rien d’autre que vous, vous, et vous-même ! Au choix : on marche, on repère les wallabies (nom d’origine aborigène, qui est donné au kangourou de petite taille), les wombats (marsupiaux herbivores qui creusent des terriers à la manière des blaireaux) et les opossums ( de petits marsupiaux arboricoles à fourrure grise), on fait du vélo – des casques à vélo sont disponibles dans le lobby – jusqu’au Lac oublié (Forgotten lake), au mont Petit Hugel. On peut s’essayer aussi au kayak ou au bateau à rame sur le lac. En hiver, on baigne dans les rouges et oranges enflammés des bois.