RETOUR AU CAP- FERRET
Juste avant l’été, avant que sa population ne se voie multipliée par vingt, quand sa dizaine de villages se parcourent aisément, le Cap-Ferret se révèle dans toute sa magie. Bijou de lumière posé entre Bassin et océan, dont la dune fragile, laminée à chaq
La presqu’île et ses plages rien que pour soi, juste avant l’effervescence estivale.
UN TRÉSOR NATUREL
« Je n’ai d’yeux que pour elle… » L’île aux Oiseaux de Pascal Obispo, comme toute la presqu’île, est un monde à part, une bulle de douceur. 25 kilomètres toniques côté océan, paisibles côté Bassin, une soixantaine de kilomètres de pistes cyclables parcourant la forêt, longeant les cabanes d’ostréiculteurs, les pignots piqués de mouettes, les pinasses élancées, le phare remis à neuf, la langue du Mimbeau et, au loin, le banc d’Arguin, la silhouette blanche et mauve de la dune du Pilat annonçant les passes mouvementées. À l’origine, un rêve de pêcheurs, de chasseurs, puis de Bordelais venus en voisins, de Parisiens épris de nature, de stars jouant l’anonymat. Sur la commune de Lège-CapFerret, le village du Ferret, le plus éloigné, le plus couru où le prix du mètre carré a augmenté de 200 % en dix ans bien que les autres n’aient rien à lui envier côté charme, accueille tant bien que mal 7 000 résidents secondaires ! « Au Ferret, on ne trouve plus de maison à moins de 1 million d’euros, confie Laurent, agent immobilier. Les maisons en succession sont rasées et reconstruites en style cabane contemporaine. On a de plus en plus de demandes et de moins en moins de biens, les gens foncent sans s’arrêter dans les villages, pourtant, c’est le moment d’y acheter, leurs prix vont flamber aussi ! » L’autre menace qui pèse sur ce paradis rare, c’est l’érosion côtière. La plage de la Pointe a beau être interdite, le résistant Benoît Bartherotte consolider son royaume à l’aide de rochers et béton (procédé discuté), du sable être apporté chaque année, le préfet de Gironde a demandé de nouvelles mesures d’urgence. « De précaution, précise Sophie Panonacle, députée du Bassin d’Arcachon, qui prépare une proposition de loi sur le sujet. Les tempêtes sont de plus en plus violentes, il faut gérer l’urbanisation. Nous devons tous avoir conscience du risque, nous adapter, créer de nouveaux outils, prendre soin ensemble de ce trésor naturel. » Un trésor à préserver pour que l’on puisse encore savourer ses huîtres au goût de noisette sur une terrasse face au Bassin, fouler la dune plantée d’oyats et d’immortelles, respirer les parfums de résine… Cette beauté qui fait dire à l’ostréiculteur Joël Dupuch – que l’on retrouvera en mai dans la suite des Petits mouchoirs de Guillaume Canet – depuis la terrasse de sa maison des Jacquets : « Où voudriez-vous que j’aille, avec ça tous les matins devant les yeux ! »