NOUVEL HORIZON
A Belle-Île-en-Mer, la revitalisation audacieuse de l’hôtel du Phare.
Ancré sur le port de Sauzon depuis 1880, l’hôtel du Phare change de mains. Design chiné et artistes locaux animent ses nouveaux quartiers, tandis que le restaurant signé Jean-Michel Wilmotte met en avant les producteurs de l’île. Une nouvelle vague qui revitalise l’institution belliloise.
Derrière sa façade historique ripolinée, où pavoisent en rouge et blanc les lucarnes et toitures restaurées à l’identique, l’hôtel du Phare cache bien son jeu. Après quasiment deux ans de travaux, incluant une extension du côté de la rue du Canon, cette escale prisée sur le port de Sauzon a revu de fond en comble son hospitalité. Exit, les chambres qui ont vécu de beaux jours sous la houlette de la famille Pascalet ; avec les Lorenzetti à la barre, experts de l’immobilier comme des grands crus bordelais, les voyageurs sont invités à se poser dans l’une des huit locations saisonnières, à la semaine. « Ce cap s’est concrétisé par notre habitude des gros projets » , déroule Françoise. « Jacky a passé son enfance à pêcher face au port de Sauzon. En association avec ses copains bretons, l’idée originelle était de mettre à flot une petite auberge… » Qu’à cela ne tienne ! Cette férue de décoration a meublé les six studios et deux appartements, pêchant ici des antiquités marines, là du mobilier vintage, tout en puisant dans le design contemporain et les oeuvres d’artistes locaux. À la clef ? Huit ambiances bien trempées face à la douceur de la ria qui borde les quais et la digue de pierre. En référence à la pointe toute proche, le studio Les Poulains est aménagé en repaire chaleureux, jalonné des photos huma
nistes de Pierre Jamet. L’appartement Sarah, de son côté, rend hommage à la Belliloise d’adoption Sarah Bernhardt : la mythique actrice comptait en effet parmi les célébrités qui aimaient arpenter l’île, de ses falaises écumeuses à ses landes sauvages. Les criques paradisiaques de l’île sont évoquées, elles, à travers les tons grège et émeraude du studio Port Puce. « Inspirée par les années 1950, j’ai insufflé à l’hôtel, une intemporalité confortable, comme si les meubles avaient toujours été là » , commente Françoise Lorenzetti, en se référant à une hospitalité que l’on destinerait à ses amis. Les visiteurs d’une semaine ou d’un jour apprécieront tout autant le restaurant de la maison. Gérée par un neveu de Jacky, Lucas Pariente, et confiée au chef étoilé Laurent Clément, cette table sur deux étages traduit leur attachement respectif à ce terroir maritime. L’iode comme la terre se retrouvent dans les plats à base de produits de saison produits en circuit très court, d’un atelier de salaison à Quiberon à une fromagerie artisanale du Palais. Signé par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, l’aménagement intérieur ne démérite pas, surfant avec audace sur le folklore breton et un esprit « retour de pêche ». Du bar central, vert et blanc, à la terrasse, surplombant le port, une ambiance de criée réussie, fraîche et énergisante.