FÉERIE EN SOUS- SOL
Avec leurs 12 000 m² de surface de projection, soit trois fois les Carrières de Lumières des Baux-de-Provence, les Bassins de Lumières offrent à l’art l’architecture monumentale d’une base sous-marine, un écrin différent et complémentaire aux grands musée
La base sous-marine de Bordeaux offre ses espaces de béton et d’eau à un centre d’art numérique exceptionnel.
À Bordeaux, l’ancienne base sous-marine offre désormais ses espaces gigantesques au plus grand centre d’art numérique au monde. Cet univers sombre de béton et d’eau s’illumine de mille lueurs, transfiguré par les chefs-d’oeuvre du passé et les créations contemporaines digitalisés.
C’est un vestige vecteur de vertiges artistiques. La base sous-marine de Bordeaux, monolithe hérité de la Seconde Guerre mondiale, invitait déjà l’art au gré d’expositions temporaires. Désormais, ses quatre bassins de 110 mètres de long, 22 mètres de large et 12 mètres de hauteur s’offrent tout entiers à une fête picturale. Devenus Bassins de Lumières, développés par l’agence Culturespaces pour 14 millions d’euros, ils présentent des expositions numériques immersives consacrées aux maîtres de l’histoire de l’art et à la création contemporaine. Soit une vulgarisation digitale pour sortir les oeuvres du confinement des musées. Gustav Klimt et Paul Klee ouvrent le bal avec leurs toiles les plus célèbres, seules ou assemblées dans des collages. « Gustav Klimt, d’or et de couleurs » retrace un siècle de peinture viennoise illustré par les portraits, paysages, nus, couleurs et dorures du chef de file du mouvement de la Sécession viennoise et de ses successeurs, Egon Schiele notamment. Ce voyage commence au Kunsthistorisches Museum et au Burgtheater, témoins néoclassiques de ses jeunes années. L’architecture est le premier terrain d’expression du mouvement et va s’étendre aux arts décoratifs.
Fils d’artisan doreur, Klimt sublima ses personnages par l’or, l’absence de perspective et la suppression des ombres, les rapprochant des icônes religieuses. De cette « période dorée » datent ses chefs-d’oeuvre Le Baiser, Danaé, Le Portrait d’Adele Bloch-Bauer I. La suite du parcours illustre l’artiste peignant la nature sur le motif, puis son merveilleux travail sur les femmes, dans leur beauté juvénile ou plus matures. Des airs de Wagner, Chopin, Mahler, Glass... accompagnent la présentation des oeuvres. Place ensuite au peintre-musicien Paul Klee, fils d’un pianiste-violoniste et d’une cantatrice, lui-même grand violoniste. La musique fit partie de son processus de création. Il était fasciné par l’opéra et par Mozart. L’exposition s’appuie ainsi sur des airs de la Flûte enchantée. Enfin, la partie contemporaine présente au nouvel espace Le Cube : Ocean data du studio Ouchhh, composée de millions de données captées dans la mer pour livrer une oeuvre digitale contemplative, où formes, lumière et mouvements sont générés par un algorithme ; et Anitya, du collectif bordelais Organ’Phantom, qui retrace l’histoire de la base sous-marine. Les Bassins de Lumières, impasse Brown-de-Colstoun, 33300 Bordeaux.