Le décorateur Laurent Dray a restructuré un hôtel particulier du XVIIIe siècle en reliant bâtiment historique et atelier d’artiste du XXe.
Dans le centre d’Angers, le décorateur Laurent Dray a restructuré un hôtel particulier du XVIIIe siècle. Une coursive relie le bâtiment historique à un atelier d’artiste construit au début du XXe, unifiant ainsi les époques. Un mariage de styles que vient souligner une modernité portée par la couleur et le graphisme.
PAR Amandine Berthon PHOTOS Julien Fernandez
La maison est une oasis de verdure et de calme en plein centre-ville. Dès que nous franchissons la porte, nous sommes ailleurs » , témoigne le décorateur Laurent Dray, qui vient de signer la restauration de cet hôtel particulier du XVIIIe siècle. À part quelques travaux de décoration effectués par les anciens propriétaires il y a une vingtaine d’années, le bâtiment n’avait pas connu de rénovation de fond depuis sa construction. La première intervention a consisté à rendre au lieu son caractère d’autrefois. Les sols en tommette, au style rustique en décalage avec l’architecture, ont été remplacés par du parquet vieilli et des carreaux de ciment dans les couloirs. Moulures et boiseries ont été ajoutées là où il n’y en avait plus, comme dans le salon bleu aménagé à la place de l’ancienne cuisine. Lustres et miroirs démesurés, bustes antiques, l’escalier a été traité en majesté : « C’est l’un des plus beaux éléments de la maison. Mais, situé sur le côté, il était invisible, se souvient l’architecte d’intérieur. Les miroirs permettent d’en profiter depuis la cuisine, située en face. » Le second point a été de réagencer l’ensemble afin d’adapter l’habitation à une vie de famille. « Le salon se trouvait à l’étage et la cuisine était séparée de la salle à manger par le hall d’entrée. Nous avons redonné une vocation à chaque pièce afin qu’il n’y ait plus de déperdition d’espace, comme c’était le cas auparavant » , explique le décorateur. Dans le jardin, l’atelier d’artiste, construit au début du XXe siècle, servait de maison d’amis. Laurent Dray l’a relié à la maison principale par une coursive afin de faire cohabiter les deux bâtisses de styles différents. « L’atelier, ouvert sur le jardin par une grande verrière, est l’un des espaces les plus agréables de la maison, ajoute-t-il. Cela a vite été une évidence d’y installer la cuisine-salle à manger, une pièce essentielle pour les propriétaires chez lesquels il y a toujours de grandes tablées. » Le décorateur a imaginé un aménagement sur mesure pour les dimensions hors norme de la pièce : 7 mètres au plus haut et 60 mètres carrés. « J’ai habituellement la problématique inverse à Paris, s’amuse-t-il. Ici, tout devait être volumineux pour ne pas être perdu dans l’espace. Le mobilier monte à 4 mètres de haut. Un nuage d’ampoules de tailles variées habille la hauteur. » La dernière ligne directrice du projet a été d’apporter une modernité rafraîchissante. Sur une base classique, le décorateur a marié les styles et les époques. Menuiseries, cage d’escalier et cheminée sont peints en noir « Off-Black No.57 » de Farrow & Ball, comme un fil conducteur. « C’est un révélateur de volumes qui donne un sens graphique et contemporain aux boiseries » , précise Laurent Dray, qui a réussi à mettre en valeur le cachet d’une maison ancienne tout en la rendant chaleureuse et conviviale pour une vie de famille.