DANS LE BAIN ART DÉCO
Sur la Côte basque, la villa Trinidad conjugue Années folles et courants contemporains.
Passionné par l’architecture de la première moitié du XXe siècle et par l’histoire des objets, Emmanuel Cazals de Fabel met en partage une collection de maisons particulières, à louer dans les plus belles stations atlantiques. Sur la Côte basque, la villa Trinidad est un de ces ports d’attache, conjuguant Années folles et courants contemporains.
Avec son arche et son bow- window, ses volumes modernistes apostrophent d’emblée ses visiteurs. Sur les hauteurs du quartier impérial de Biarritz, la villa Trinidad promet un voyage dans le voyage, loin de ses voisines en pierre de Bidache et parements bigarrés. Contre-plongée à la plage Miramar toute proche, la piscine, terrassée par des planches où du mobilier Fermob prend le soleil. À tribord alors que s’esquisse Anglet, le phare fait redoubler son éclat quand la nuit le tempère, balayant sa géométrie spacieuse jusqu’à sa toiture horizontale. Dès l’entrée, l’intérieur surfe sur une fresque de baigneuses, escortée par un Basque vintage à l’échelle humaine. Sous une fenêtre où les arbres s’invitent plein cintre, un salon joue les alcôves entre pièces chinées et meubles contemporains. Au coin d’une cheminée, la même ambiance joue un autre air, entre vinyles et bandes dessinées. Happant le regard, une vaste salle à manger s’ouvre sur une cuisine à l’esprit atelier ; du Touquet au Pyla, en passant par Deauville et l’île de Ré, cette fabrique de convivialité est le pilier commun des Maisons Fabel, sans compter leur ancrage dans les plus belles stations balnéaires. « Plus que des maisons, ma collection réunit des lieux pour les passionnés d’architecture et de décoration. L’idée est de revisiter l’art de la villégiature en famille ou entre amis », se félicite Emmanuel Cazals de Fabel. L’homme parle d’expérience. Non content d’être le père de cinq enfants, cet ingénieur de formation a tôt fait de partir à la chasse aux trésors, développant plusieurs entreprises, dont le magasin de jouets parisien Mic Mac. Fasciné « par un extraordinaire château de famille » doublé d’une caverne d’Ali Baba, il court les expositions et les brocantes d’un pays à l’autre. Quant à son aventure immobilière, elle est née il y a vingt ans en Guadeloupe, inspirée par sa grand-mère qui avait acheté une villa à Ibiza dès les années 60. « Mes coups de coeur se nourrissent d’anecdotes », confie ce fantaisiste qui a de la suite dans les idées. Après qu’il fut tombé en arrêt devant la villa Trinidad, construite en 1922 par Charles Siclis, les tractations pour cette « belle endormie » ont duré un an, puis la rénovation autant. Et il lui a gardé son nom, intrigué que sa première propriétaire soit native des Caraïbes. Plans d’époque à l’appui, le fabuleux toitterrasse a été restauré, pendant que les quartiers du personnel se métamorphosaient en chambres thématiques. Dans la suite Miami, un papier peint arborant des flamants roses. Dans la chambre Gabrielle, des oiseaux semblant voler vers le balcon, du lin ainsi que des jeux de noir et blanc, en hommage à la créatrice qui aimait l’élégance de Biarritz. Les carreaux de ciment de la grande pièce à vivre ? Dessinés sur mesure, ils entremêlent un poulpe évoquant l’aquarium – de style Art déco – et le logotype T. Ici, une malle de déguisements pour petits pirates ; là, des skis nautiques pour sportifs chics. Des vagues d’histoires en tiroirs.