Maison Côté Ouest

DU VERT DANS LES BULLES

- PAR Philippe Bidalon

En retard dans la certificat­ion bio de son vignoble, la région progresse doucement. Une poignée de vignerons visionnair­es ont ouvert la voie qu’empruntent désormais de plus en plus de récoltants-manipulant­s, soucieux de concilier protection de l’environnem­ent et qualité de leurs vins.

Terrible année 2021 : gel, mildiou, la nature n’a pas épargné la Champagne, qui fait pourtant beaucoup d’efforts pour renouer avec une production plus écologique. Le nombre d’exploitati­ons certifiées biologique­s ou en conversion, 593 à ce jour, a bondi de 216% en deux ans. Mais derrière ce chiffre spectacula­ire, seulement 2 550 hectares, au total, sont passés au vert – sur les 34 300 que compte l’appellatio­n. Soit à peine 7,5 % de la surface viticole, quand la moyenne nationale s’élève à 14 %. Il y a des raisons à cette tardive mise au pli environnem­ental: à l’issue des trois années de conversion, outre la difficulté de pratiquer une agricultur­e bio en climat septentrio­nal, la baisse du rendement, les coûts en matériel et en personnel, il faudra aux propriétai­res patienter encore deux ou trois ans avant d’imprimer le précieux logo AB sur l’étiquette. Un délai plus long que dans les autres vignobles, lié au mode d’élaboratio­n du champagne (temps de prise de mousse et élevage sur lattes). Pourtant, voilà cinquante ans, cela n’a pas découragé les pionniers Jean-Pierre Fleury, Georges Laval, Jacques Beaufort… de tracer la voie. Comme, plus tard, Pascal Doquet, qui préside aujourd’hui l’Associatio­n des champagnes biologique­s (ACB): « Rien ne m’a poussé vers le bio, tout m’a retenu ! » Ou encore Eric Rodez, merveilleu­x conteur du pinot noir d’Ambonnay, qui regrette : « Nous ne sommes pas assez dans cette logique-là, car elle est exigeante : il faut accepter de vivre au rythme de la nature et pas de l’horloge mondiale. » Un précepte qu’il partage avec son fils Mickaël. Les coopérativ­es entrent aussi dans la course sous l’impulsion de leurs membres. Mais elles sont confrontée­s à un écueil pour généralise­r le bio: la multiplica­tion des approvisio­nnements – jusqu’à 5 000 adhérents chez Nicolas Feuillatte. En attendant, l’option Viticultur­e Durable en Champagne a séduit 21 % des exploitati­ons. Un label régional plus contraigna­nt que le HVE3 (Haute Valeur Environnem­entale) mais moins que l’obtention de la petite feuille verte AB. Un premier pas.

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1. Au domaine Mouzeron- Leroux, à Verzy, en biodynamie depuis 2008, dix- huit poules et deux coqs se révèlent de précieux auxiliaire­s d’entretien des parcelles durant l’hiver. 2. Après un parcours oenologiqu­e initiatiqu­e à l’étranger, Mickaël Rodez veille sur le vignoble familial, dans la Montagne de Reims, qu’il conduit en agricultur­e biologique. 3. Comme des phares dans un océan de vignes, les arbres symbolisen­t le retour de la biodiversi­té en Champagne.
1. 2. 3. 1. Au domaine Mouzeron- Leroux, à Verzy, en biodynamie depuis 2008, dix- huit poules et deux coqs se révèlent de précieux auxiliaire­s d’entretien des parcelles durant l’hiver. 2. Après un parcours oenologiqu­e initiatiqu­e à l’étranger, Mickaël Rodez veille sur le vignoble familial, dans la Montagne de Reims, qu’il conduit en agricultur­e biologique. 3. Comme des phares dans un océan de vignes, les arbres symbolisen­t le retour de la biodiversi­té en Champagne.
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