DÉCOR ROYAL
« Ici, on ne voit pas ses clients de la journée, il y a beaucoup trop de choses à faire, constate, amusé, Jérôme Perrin, le créateur du Lanternon et du Secret, deux belles maisons d’hôtes situées à l’entrée de la ville. Quel bonheur d’entrer dans le paysage rétais à vélo, de rencontrer des sauniers, des ostréiculteurs, et de profiter des plages sauvages ! » Pour déguster un pineau de l’île, lorsque le soleil embrase le port, c’est en haut du Lanternon, au spectaculaire panorama à 360 °C, que ça se passe. Ou sur la terrasse du George’s, le restaurant chic du Toiras, avec sa vue imprenable sur les bateaux amarrés et au nom inspiré par George Washington, premier président des États-Unis et descendant du Rétais Nicolas Martiau ! On s’y régale d’un Risotto de petit épeautre et légumes juste glacés ou d’une incontournable Sole meunière. Ancienne demeure d’armateur, l’hôtel 5 étoiles, labellisé Relais & Châteaux, est reconnaissable à sa tourelle du XVIIe ; ses chambres sont décorées par Pierre-Yves Rochon de tissus Manuel Canovas, Pierre Frey... On prend le thé autour du patio valorisé par le paysagiste Louis Benech. À quelques mètres, la Villa Clarisse & Spa, elle aussi créée par Didier et Olivia Le Calvez, s’ouvre sur un grand jardin profond, dont les maisons rétaises ont le secret, et sa piscine chauffée. À Saint-Martinde-Ré, la « capitale », l’art de vivre s’exprime en majesté dans un décor historique. Pour ne pas risquer de voir l’île tomber aux mains des Anglais ou des Néerlandais, Louis XIV donna l’ordre au maréchal de France le marquis de Vauban de la fortifier. Louis XIII n’avait-il pas surnommé Ré « l’île royale », lui donnant pour devise Et tanti servasse fuit (« ça vaut la peine de la conserver ») ? Le réseau de fortifications devait rendre SaintMartin imprenable, d’ailleurs les rues convergeaient toutes vers le port afin que, en cas d’attaque de l’envahisseur, la population puisse aller se protéger derrière les remparts. Puis la Citadelle fut transformée en prison. Elle compta comme prisonniers célèbres Honoré de Mirabeau ou Alfred Dreyfus. Près de cinquante mille forçats passèrent sur le port, fers aux pieds, devant une foule silencieuse, avant d’embarquer pour Cayenne et son sinistre bagne. Au milieu de ces fortifications, aujourd’hui inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco, et des somptueux anciens hôtels particuliers, on patiente devant La Martinière pour déguster une glace caramel au beurre salé, on se régale au Bistrot marin de couteaux en persillade, on fait la fête jusqu’au bout de la nuit au Bastion, on collectionne les gris- gris d’Aimé vendus chez Gisèle, on craque pour un tapis berbère, une chaise scandinave ou une antiquité XXe au Magasin de la République. Et à toute heure de la journée, même pour le goûter, on fait une halte gourmande à Ré Ostréa, face à l’océan, pour y déguster leurs merveilleuses huîtres.