Maison Côté Ouest

PÉRENNE ÉLÉGANCE

- PAR Laurence de Calan

TRENTE HECTARES ORNÉS D’UNE DOUZAINE DE « FOLIES » ENTOURENT LE CHÂTEAU XIXE DE GROUSSAY, À MONTFORT- L’AMAURY. L’ OEUVRE DU CRÉATEUR DE DÉCORS ET COLLECTION­NEUR CHARLES DE BEISTEGUI, QUI L’ACQUIT EN 1938 ET Y FINIT SA VIE. LES DÉLICATES AQUARELLES DU PEINTRE ALEXANDRE SEREBRIAKO­FF NOUS EMPORTENT DANS SON RÊVE…

Ce fut, à n’en pas douter, un personnage ! Le décorateur mexicain et espagnol Charles de Beistegui (1895-1970), héritier d’une fortune familiale, n’eut de cesse de théâtralis­er sa vie. Nostalgiqu­e d’une civilisati­on bouleversé­e par deux guerres, il acquit en 1938 le château de Groussay, qu’avait fait construire en 1815 la duchesse de Charost, en modifia la façade, ajouta deux ailes, un théâtre, une salle de bal où donner des fêtes fastueuses et agrémenta le parc de trente hectares d’une douzaine de « folies » inspirées du xviiie siècle. Temple d’Amour, Pagode chinoise, Pont palladien, Tente tartare, volière, colonne, statues inspirées de la commedia dell’arte, théâtre de verdure virent le jour grâce à l’architecte décorateur Emilio Terry et au sculpteur Constantin Papachrist­opoulos. Ce qui n’empêcha pas l’esthète passionné d’acquérir, en 1948, le palais Labia à Venise, où sera donné en 1951 le fameux « Bal du siècle », puis de le revendre en 1964 pour finir ses jours à Groussay. Le peintre décorateur d’intérieur de la haute société parisienne et londonienn­e, Alexandre Serebriako­ff (1907-1995), fut chargé de magnifier à l’aquarelle l’ensemble du domaine. Troisième ouvrage du conservate­ur Pierre Arizzoli-Clémentel sur la collaborat­ion artistique qui lia Charles de Beistegui et Alexandre Serebriako­ff, Le Parc de Groussay, belle édition de Gourcuff-Gradenigo, raconte l’histoire et les origines des fabriques, leurs sources d’inspiratio­n, les projets non réalisés…, illustrés de documents d’archives et des aquarelles d’époque. Classé au titre des Monuments historique­s en 1993, récemment racheté et restauré, ouvert au public, lieu de tournages de films, d’émissions télévisées, de représenta­tions théâtrales ou défilés haute couture, Groussay n’a pas fini de nous émerveille­r.

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1. Dans le parc du château de Groussay, le Pont palladien imaginé par le décorateur Charles de Beistegui, devenu son propriétai­re en 1938, fut peint à l’aquarelle par Alexandre Serebriako­ff, tout comme l’ensemble du domaine. 2. Le Temple d’Amour, une parmi la douzaine de « folies » parsemées dans les jardins du château. 3. La Pagode chinoise apporte au lieu sa note orientale. 4. L’intérieur de la Tente tartare, oeuvre du sculpteur Constantin Papachrist­opoulos.
1. 3. 2. 4. 1. Dans le parc du château de Groussay, le Pont palladien imaginé par le décorateur Charles de Beistegui, devenu son propriétai­re en 1938, fut peint à l’aquarelle par Alexandre Serebriako­ff, tout comme l’ensemble du domaine. 2. Le Temple d’Amour, une parmi la douzaine de « folies » parsemées dans les jardins du château. 3. La Pagode chinoise apporte au lieu sa note orientale. 4. L’intérieur de la Tente tartare, oeuvre du sculpteur Constantin Papachrist­opoulos.

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