Vie de village

Cassis, paradis surnaturel

Il fallait y plonger, le coeur en avant, pour comprendre pour

quoi Cassis est encore et toujours à la mode ! Faire le tour des maisons de famille, des domaines, partager, échanger autour d’un verre de vin pour cerner les enjeux de demain qui motivent ces hommes et ces femmes de terrain, la sincérité d’un art de vivre qui porte, l’amour et la protection, d’un environnement d’exception. Rudy Ricciotti, Grand Prix national d’architecture, architecte du Mucem et cassidain d’adoption, l’avoue non sans tendresse : « Pour moi, c’est l’endroit le plus extraordinaire au monde. Un paradis extravagant, surnaturel, métaphysique… » Comment oublier l’été dernier, l’incendie qui a une nouvelle fois, dévasté les collines alentour ? Comment braver le mauvais sort des flammes, si ce n’est emprunter à nouveau la sinueuse route du col de la Gineste, séparant Cassis de la cité phocéenne ? De part et d’autre, en quelques heures de mistral fou, des hectares sont partis en fumée à la frontière du Parc national des Calanques. Et avec eux, nombre d’espèces terrestres, animales et végétales protégées : un décor sidérant, lunaire, sur quelques kilomètres et pourtant soudain, comme un miracle de survie, les pousses du printemps qui inondent de taches roses, mauves, jaunes, le massif pansant encore ses cendres. Il y a des asperges sauvages pour le marcheur averti, des brassées de thym, de romarin qui vont parfumer le quotidien dans l’assiette. Là, est sans doute la magie préservée, si authentique de Cassis. Une résistance à l’épreuve du temps qui a forgé son caractère, comme celui des pêcheurs, vignerons, carriers qui l’ont tour à tour façonnée, structurée, paysagée, depuis des générations. Des eaux cristallines, mais si vite profondes qu’elles déroutent d’emblée le voyageur rêvant de sable et de plat pays. Ici, il n’y a que la roche, les failles abruptes du cap Canaille, la plus haute falaise maritime d’europe, deux millions de galets sur la plage, une nature grandiose qui invite de loin, mais se mérite de près et à travers laquelle chacun s’adapte et trouve son rythme. Toute l’année, on randonne, on navigue, on plonge, on pédale (deux nouveaux circuits guidés emmènent en matinée les cyclistes amateurs en VTT électriques, pour une itinérance au coeur du parc), mais on sait aussi faire l’éloge de la lenteur et de la contemplation. Loin de la carte postale et de ses deux millions de visiteurs par an, 7 500 habitants veillent, à travers une ambition locale écoresponsable. Alors, empruntez les chemins de traverse, partez le nez en l’air et les yeux grands ouverts à la découverte de son étonnante biodiversité. Les impressions sont toujours au rendez-vous…

Ci-contre, unité géologique, climat atypique, terroir complexe, identité singulière… Entre 10 et 200 mètres d’altitude et jusqu’à 3,5 kilomètres des terres, les vignerons cultivent leur vignoble et leur palette de cépages méridionaux, comme un grand jardin, entre plaine et restanques ! Tout autour, le Parc national des Calanques les protège…

71 et 3. L’église Saint-michel et le phare sur la jetée, deux « balises » qui rythment le quotidien du village. 2, 5 et 6. Les plaisirs de la mer… Ici, le nautisme est un état d’esprit, comme le bain du matin. Certains habitués font même l’aller-retour depuis Marseille, des vêtements de rechange dans le coffre, pour piquer une tête avant d’aller travailler… 4 et 7. À la sortie Est de Cassis, il faut emprunter la route panoramique des Crêtes, se garer au fil des points de vue et marcher. Pour contempler la majesté du cap Canaille et mieux comprendre la configuration des calanques : vallées marines creusées en forme de fjords calcaires, elles abritent d’incroyables anses naturelles, dans lesquelles il fait bon « mouiller » au large et arrêter le temps…