Livre Les envols de Pablo Reinoso
Les oeuvresde l’artiste franco-argentin Pablo Reinoso chamboulent le regard. Elles donnent à voir des sculptures qui se meuvent, s’échappent, se renversent. Sa première monographie est à découvrir, la tête à l’envers !
Le banc Spaghetti (2006) offre à Pablo Reinoso sa notoriété internationale. Des jardins du palais de l’élysée au Domaine de Peyrassol dans le Var, ses lattes partent à la conquête de l’espace, d’un jardin, ou d’un balcon se nommant pour cette déclinaison Roméo et Juliette. À travers plus de 200 pages de photos d’atelier et d’oeuvres, on touche du doigt le processus créatif de l’artiste. Les cadres de la série « Carabattos 2010» distordent leur propre carcan, l’iconique chaise Thonet n°14, premier objet design de l’humanité d’après Pablo Reinoso, s’ébouriffe de son cannage (2004). Le parquet se mue en plafond Ashes to Ashes (2002). Tout est invitation à changer de point de vue. « Lorsque je choisis un matériau, un objet et que je l’articule pour qu’il devienne autre chose, c’est à chaque fois pour libérer une contrainte, pour augmenter la capacité d’évocation, pour ne pas considérer que les choses sont dans l’ordre qui nous est donné », précise l’artiste. On appréhende aussi les défis de la matière quand Pablo Reinoso travaille le marbre noir, le transformant en étendue d’eau ( Paysages d’eau, musée d’art moderne, 1982). Et l’on regrette de ne pas avoir plongé son regard dans la « montgolfière » ovoïde suspendue à la coupole des Galeries Lafayette pour la Nuit Blanche. « Pablo Reinoso fabrique des objets qui laissent la théorie déconcertée. Les objets déconcertants obligent à penser autrement », souligne Gérard Wacjman, écrivain et psychanalyste. « Avionsnous jamais vu quelque statue danser ? », complète Michel Serres, philosophe. Pablo Reinoso, éditions 5 Continents, 280 p., 80€.