Maison Côté Sud

LE LANGAGE DE LA LUMIÈRE

Au coeur de la casbah de Tanger, l’architecte d’intérieur Jacques Aupetit a transformé deux petites maisons de ville en un riad.

- PAR Virginie Manivet PHOTOS Alexandra Meurant

Au coeur de la casbah de Tanger, l’architecte d’intérieur Jacques Aupetit a transformé deux petites maisons de ville en un riad avec, pour ligne d’horizon et d’intention, la lumière. Un chantier important et, à l’arrivée, une bâtisse immaculée, redessinée de terrasses et d’un patio à ciel ouvert.

Le voyageur ne peut échapper à la fascinatio­n de Tanger, la Blanche. Ville égérie, elle a séduit nombre d’artistes et d’écrivains, d’henri Matisse à Paul Bowles, Jean Genet, Joseph Kessel et tant d’autres. De la Croix-rousse à la casbah, il y a une quête de lumière toujours plus intense. C’est ce qu’est venu chercher à Tanger, l’architecte d’intérieur lyonnais Jacques Aupetit qui a choisi d’y installer sa vie et son repaire, le riad « Les Orientales ». Épris de la Grèce, il a créé pour ce projet un univers où le blanc est absolu, où la lumière est essentiell­e et où l’océan devient le prolongeme­nt naturel de la maison. Dès l’entrée, le regard est saisi par la luminosité et la verticalit­é. Repensée dans un esprit minimalist­e et contempora­in, la bâtisse s’articule autour d’un patio créé de toutes pièces, sur trois niveaux. « Je voulais une maison où chacun puisse être autonome », souligne l’architecte. De là, une volée d’escaliers, peints en blanc, dessert cinq chambres spacieuses et la pièce commune, où la cuisine s’ouvre sur un coin salon. Puis les marches s’élèvent jusqu’aux terrasses. Passerelle entre les deux édifices, la première déploie une longue banquette maçonnée habillée d’une multitude de coussins, tandis que la seconde semble suspendue dans le ciel. Au fil de la journée, la lumière, véritable langage architectu­ral, fait danser les ombres sur les façades rythmées de fenêtres aux châssis invisibles. Ce projet est aussi un hommage à l’artisanat traditionn­el. Jacques Aupetit a souvent réinterpré­té l’usage de matériaux d’ici. C’est le cas des carreaux de zellige ou ceux de bejmat, rectangula­ires. Pour les intérieurs, il a préféré libérer le champ visuel. Peu de meubles donc, mais des pièces choisies, au profit d’éléments maçonnés comme des banquettes et du mobilier fabriqué sur mesure ou bien chiné aux puces de Casabarata. Un fauteuil en cannage et bois précieux donne ainsi la réplique à une table berbère en bois clouté, un fauteuil de Harry Bertoia côtoie un petit tabouret en liège, des tables en fer à roulettes conçues par l’architecte se mêlent à des poufs en jonc de mer. Et dans cette palette sous l’emprise du blanc, le bleu et le beige font des incursions choisies. Le ciel, la mer et la lumière sont les invités permanents de ce lieu qui cultive la douceur du bien-vivre.

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