L’ÉVASION
D’abord, il y a Cahors, ville d’art et d’histoire, et puis il y a le Lot, qui réserve, par ses causses et ses vallées, une galaxie de surprises….
Cahors, en fin d’après-midi. Valises jetées à l’hôtel Divona, situé au pied du pont Valentré. Le spectacle peut commencer ! Prenez la route du mont Saint-cyr, un spaghetti qui tournicote jusqu’au sommet du causse. Marchez jusqu’à la table d’orientation à l’heure où s’éteint le soleil et là… Laissez le paysage vous conter comme un livre, l’aventure de la ville-presqu’île. Le méandre du Lot protecteur au coeur duquel s’installent les Cadurques – une riche idée vu que Jules César, les Huns, les Vikings sont venus leur chercher des noises. Puis l’énorme cathédrale Saint-étienne, ses coupoles byzantines et la vieille ville qui se presse autour d’elle, laissant imaginer l’effervescence qui régnait là pendant l’âge d’or (du XIIE au XIVE siècles) des Caorsins, ces marchands-banquiers lombards qui firent des affaires avec l’europe entière. Vue d’en haut, l’importance stratégique du pont Valentré, projet de la guerre de Cent Ans, passage quasi obligé des marchands et des pèlerins de Compostelle, saute aussi aux yeux. Avec celle du Lot, autoroute liquide sans laquelle le Quercy n’aurait pu expédier ses draps de lin, sa laine ou son vin, qui devait avoir peu ou prou la même couleur, noire teintée de parme, que la rivière au crépuscule. Mais l’histoire de Cahors peut aussi se lire au ras des pâquerettes. Littéralement. Car les jardiniers de la ville, agacés de voir les visiteurs scotchés au pied du pont Valentré, ont caché dans la ville vingt-quatre Jardins Secrets. Dans une cour, sur une terrasse oubliée, au chevet d’une église, ils dessinent au printemps (la meilleure saison pour les découvrir, avec le festival Cahors Juin Jardins) un jeu de piste botanico-historique. Car les plantes qui les composent renvoient à divers temps forts de Cahors. Près de la Barbacane, les arbres de Judée, roses de Damas et abricotiers racontent par exemple le retour des Croisades. Les cyprès et les lauriers roses de la cour des Caorsins sont un clin d’oeil aux origines italiennes de ces traders du Moyen Âge. Les Caorsins se firent pas mal de maille à Cahors, à en juger par les beaux hôtels particuliers qui ont traversé les siècles. Des visites guidées font admirer leurs façades de brique rose, baies géminées, fenêtres à meneaux. De belles portes sculptées ouvrent sur des cours privées, dont les vieux escaliers, les galeries couvertes devaient autrefois déborder d’activité. Si vous fermez les yeux, y ajoutez une basse-cour, des piles de drap, des ballots de laine, des barriques de vin et le va-et-vient incessant des marchands, vous ne serez plus très loin de l’ambiance de caravansérail qui devait y régner…