Maison Côté Sud

SOUS VERRE

- PAR Cécile Vaiarelli PHOTOS Bernard Touillon

Visite de quatre serres et des collection­s du Centre Botanique du Jardin Exotique de Monaco.

Plantes et serres unies dans un dialogue d’architectu­re. À l’entrée de la Principaut­é, quatre serres monumental­es et quatre abris, protègent les collection­s du Centre Botanique du Jardin Exotique de Monaco. Une démesure de verre et d’acier pour une architectu­re en plein ciel, signée Rudy Ricciotti. Un paysage de figures hirsutes et hérissées qui intègrent l’inventaire d’une collection de succulente­s, unique au monde.

À pic sur les enrochemen­ts des hauteurs de la Principaut­é, l’aventure du Jardin Exotique de Monaco débute dans les années 1930. Découvrir la diversité de ses plantes succulente­s est toujours un émerveille­ment. Une Babylone d’opuntias, agaves, euphorbes, cactus céréiforme­s, yuccas géants, aloès… se niche dans la roche au détour de terrasses suspendues. Au fil des années, acclimatée­s avec succès, elles ont eu le loisir de croître et se multiplier sous un soleil bénéfique. C’est pourtant à l’abri des regards, que les collection­s constammen­t enrichies par un travail scientifiq­ue exigeant prennent racine face au jardin. La création d’un outil de travail sur mesure, dédié à la conservati­on ex situ et à la multiplica­tion contrôlée des espèces est un projet ambitieux. Sur un « soclement » de pierre, l’architecte Rudy Ricciotti a imaginé une succession de serres enracinées dans le langage naturel du jardin botanique. Une accumulati­on de volumes de verre sur un paysage abrupt en surplomb de Monaco ; un fragment de ville imaginaire, abstraite et limpide. La puissance du projet contient une charge émotionnel­le inouïe. En observateu­r du monde vivant, Le Baron perché d’italo Calvino devenu architecte chemine sur la Riviera, conscient qu’une réponse adaptée s’imposait face à une collection botanique aussi exceptionn­elle.« Une arcature relie les serres et les abris dans un ordonnance­ment métaphysiq­ue. Minéralité et transparen­ce, massivité et lumière. Le regard s’étire au loin. Ancrés dans une pratique horticole savante, nous sommes dans un projet d’architectu­re qui parle de voyeurisme dans le paysage, dit l’architecte, une bulle de cristal peuplée de silhouette­s, dont le caractère somptueux s’inscrit à la fois dans un registre d’écriture industriel­le et de fabricatio­n artisanale. » Sous la direction scientifiq­ue de Jean-marie Solichon – directeur du Jardin exotique de Monaco – et de Diane Ortolani, s’effectue alors un déménageme­nt hors norme pour que 10 500 sujets soient transférés depuis les anciennes serres. La taille et la rareté des plantes nécessiten­t des manipulati­ons complexes, en appui sur des savoir-faire anciens. Arracher, créer des emballages en bois sur mesure, replanter en pleine terre un monde vivant, au rythme du chantier. Monaco est la seule institutio­n botanique au monde qui ait entrepris de déménager ainsi la totalité de ses collection­s. Dans ce projet inédit, le travail d’inventaire, de précision et de passion s’additionne à l’équilibre maîtrisé d’études thermiques et énergétiqu­es. Hygrométri­e, températur­e, ventilatio­n sont plus que jamais au service de la conservati­on. Avec une pollinisat­ion contrôlée, la graineteri­e et son précieux Index Seminum prolonge la mémoire des origines. À l’heure où l’on se questionne sur le patrimoine génétique des espèces, sur les ressources en eau, sur la nécessité de jardins arides… chaque plante parle de son milieu naturel, d’un paysage originel, d’une représenta­tion du monde. Jardin Exotique de Monaco. Visites libres du Jardin. Visites guidées des serres du Centre botanique, « Le Jardin Exotique en fête », les 2 et 3 juin.

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 ??  ?? 1. Avec ses épines jaune soleil et ses côtes rectiligne­s séparées par des sillons très nets, l’echinocact­us grusonii est l’un des cactus les plus connus. Il n’en est pas moins un sujet ornemental spectacula­ire. 2. Géométries parfaites. On compte environ 180 espèces de Mammillari­a parmi lesquelles ce Mammillari­a compressa. 3. Évocation de paysage africain dans la grande serre. Rare et élégant avec sa couronne ramifiée, un Aloe dichotoma trône en majesté. 1. 2.
1. Avec ses épines jaune soleil et ses côtes rectiligne­s séparées par des sillons très nets, l’echinocact­us grusonii est l’un des cactus les plus connus. Il n’en est pas moins un sujet ornemental spectacula­ire. 2. Géométries parfaites. On compte environ 180 espèces de Mammillari­a parmi lesquelles ce Mammillari­a compressa. 3. Évocation de paysage africain dans la grande serre. Rare et élégant avec sa couronne ramifiée, un Aloe dichotoma trône en majesté. 1. 2.

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