PROVENCE TROPICALE
C’est au coeur des Alpilles, mais ce pourrait être aussi quelque part dans une contrée exotique : nourri de références, un duo de grands voyageurs a su organiser l’espace autour d’un jardin extraordinaire.
Un duo de grands voyageurs a organisé une maison autour d’un jardin extraordinaire.
Quand la nature s’invite dans la maison ou comment apprivoiser un vert foisonnant. Le terrain s’épanouit entre oliviers, palmiers, lavandes, bambous et figuiers de Barbarie. Sources de mouvement, de lumière et de légèreté, les graminées bordent la longue piscine habillée de pierre et de béton. L’élégance contemporaine et feng shui, est évidente. Il faut dire que le paysagiste à la manoeuvre, Patrice Gonfond, se définit comme géobiologue. Rappelons aux profanes que la géobiologie se concentre sur l’étude de l’influence de la terre sur le vivant. « Lorsque nous avons aménagé ce terrain très brut au départ, confient ensemble l’expert et René, l’un des deux propriétaires, nous avons eu à coeur d’harmoniser les énergies ambiantes. Nous sommes allés chercher des essences jusqu’en Italie près de Florence pour créer notre paysage sur mesure. » Bâtie sur l’histoire d’une maison de village, l’habitation révèle un univers serein. L’idée d’une modernité, mais échafaudée sur les vieilles pierres datant d’un autre siècle, résume finalement l’intention des propriétaires, de grands voyageurs passionnés d’art et d’histoire, d’exotisme et de bien-être. René, décorateur d’intérieur, a vécu à Paris et New York. Ric, son compagnon, a grandi en Iran, aux Pays-bas et aux USA avant de devenir financier entre les rives de la Seine et de la Tamise. C’est lors d’une visite avec Gérard Faivre, marchand de biens de la région, que le duo est séduit par Eygalières, ses environs sauvages, mais aussi par l’attrait de son architecture et de son esprit. Nous sommes en 2011, René et Ric songent d’abord à retrouver le charme disparu des lieux en rénovant et décorant, mais de l’avis général il vaut mieux tout reprendre, démolir et bâtir un nou- vel étage pour profiter de la vue sur la statue de la Vierge et de sa tour. L’inspiration vient des voyages en Californie, au Brésil et même en Inde, avec l’envie de construire une maison connectée au jardin. L’acte de renaissance est signé de l’architecte Anne Infante, installée à Gordes, mais auteur d’une superbe rénovation dans le centre du village. Les règles strictes en matière d’urbanisme exigent de se donner du temps. L’aventure prendra trois ans, plus une année consacrée à la décoration. La volonté d’ouvrir les espaces de plain-pied sur le jardin, comme si celui-ci devenait un «salon» à part entière, cette fluidité indispensable à toute vie méditerranéenne, induit des volumes simples, articulés selon des plans libres qui tendent à l’interpénétration des pièces avec un sol unifié par du béton. Le choix des matériaux naturels et des ouvertures en baies vitrées oxygène le projet. La cuisine, signée Boffi, allie simplicité et esthétisme tirés à la ligne. Cette demeure ancrée dans une atmosphère subtropicale célèbre une Provence universelle, celle du « mélange de l’homme et du monde » à laquelle Giono s’est souvent référé.