LE POUVOIR DES FLEURS
SEMEUR DE RÊVES, MONSIEUR PLANT UTILISE L’ÉLOQUENCE DU VÉGÉTAL POUR DÉNONCER LES DÉRIVES DU CONSUMÉRISME. UN COMBAT ARTISTIQUE MENÉ AU PLUS PRÈS DE LA NATURE.
L’artiste Monsieur Plant utilise le végétal pour dénoncer les dérives du consumérisme.
Ni jardinier New Age, ni pseudo-hippie, Christophe Guinet est un artiste, un vrai. L’un de ceux qui défrichent leur propre voie, creusent patiemment leur sillon et laissent germer leur singularité. Né entre ville et campagne, le petit Christophe a poussé au gré du vent, fasciné par les splendeurs multiples de l’univers végétal… À l’adolescence il entame une collection d’orchidées, se passionne pour la beauté sulfureuse des plantes carnivores, avant de céder à l’appel de la rue et des cultures urbaines. Il plonge dans l’univers de la glisse et du skateboard, tâte du graff, monte une marque de vêtements puis une agence de design graphique. Désormais installé à Marseille, il cherche sa voie, expérimente toutes sortes de moyens d’expression. Un voyage en Inde déclenche sa rupture éthique avec les excès du consumérisme… À son retour, Christophe a l’idée de planter des coquelicots dans une paire de baskets usagées. La photo postée sur Instagram suscite un buzz massif et immédiat. Les propositions commerciales affluent. Sous le nom de Monsieur Plant, Christophe Guinet se met alors à végétaliser les objets iconiques de notre société capitaliste (ordinateurs, sneakers, skateboards…). Utilisant les trouvailles glanées au gré de ses promenades, il fabrique, avec une concentration proche de l’état méditatif, des oeuvres éphémères et poétiques qui célèbrent la transcendance de la nature et son pouvoir régénérant. Armé de ses pouces verts, il ensemence des objets partout sur la planète et multiplie les mises en scènes oniriques en milieu urbain, à New York, à Berlin, à Mexico… « Just Grow It », conseille-t-il en semant du mimosa dans sa paire de Nike, ou « Plant your Mac ! », en affichant la photo de son ordinateur colonisé par les orchidées. Profondément originale, sa démarche a séduit de grandes marques (Warner, Coca Cola, L’oréal, Heineken, Orangina, Le Bon Coin…) qui en ont fait le relais d’une communication décalée. Récemment, l’équipe de Thecamp lui a commandé une intervention pour l’inauguration du campus d’innovation d’aix-en-provence : cinq sculptures mi-arbres, mi-hommes, disséminées dans la pinède et symbolisant la troublante unité du monde vivant…