LA DYNAMIQUE DES DOLOMITES
Le Haut-adige… cette province italienne révèle un mix de cultures alpine et méditerranéenne.
Haut-adige/alto Adige/südtirol, c’est la même chose : une petite province italienne dont le joyeux «medley» de cultures alpine et méditerranéenne plaît aux architectes et designers comme aux excursionnistes et aux gourmands. Un trésor insolite au pied des Dolomites.
II faut à peine 1 h 30 pour relier la ville de Trente au col du Brenner par l’e45. C’est là, entre Trentin et Autriche, que se niche le Hautadige, Alto Adige en italien, en allemand Südtirol – l’appellation qui l’emporte sur les sites et brochures de la destination. Ce petit bazar linguistique, qu’il faut intégrer pour lire les panneaux de signalisation et programmer son GPS, raconte bien comment l’ex-province autrichienne, devenue italienne à la fin de la Première Guerre mondiale, balance en permanence entre deux langues et deux cultures – trois, avec la minorité ladine (une très ancienne langue parlée par 18 000 personnes). Depuis cent ans, elle mitonne sa cuisine fusion singulière et, si les vallées restent un peu nostalgiques, la nouvelle génération, plus cosmopolite et urbaine, s’y invente une identité all inclusive, avec knödel et bruschetta, dirndl et escarpins Prada, Stuben cosy et terrasses de café, gewürztraminer et capuccino, trains qui arrivent à l’heure et fine fleur des designers ! C’est vrai : pourquoi choisir quand on peut tout avoir ?
étape N°1 L’ALPE DI SIUSI/SEISER ALM
Mais, d’abord, il faut qu’on vous parle d’elles ! Parce que c’est le plus souvent à cause d’elles, les Dolomites, que vous viendrez en Haut-adige la première fois. On les appelait Montagnes Pâles avant de leur donner le nom d’un géologue français à la vie mouvementée: Déodat Gratet de Dolomieu. Il s’intéressa à ce récif corallien du Trias (-251 à -200 millions d’années), qui se retrouva propulsé, éponges, coquillages et crustacés compris, à 2000 ou 3000 mètres d’altitude. Parfois même à la verticale, ce qui fit dire à Le Corbusier, qui s’y connaissait un peu, que les Dolomites sont « la plus belle oeuvre architecturale au monde »! Peu de bâtiments, il est vrai, peuvent rivaliser avec l’effet produit par le Sassolungo, contemplé par un matin lilas du balcon ou de la piscine de l’adler Mountain Lodge. Bien avant leur inscription par l’unesco au Patrimoine mondial de l’humanité, ces montagnes attiraient les touristes, les aristocrates, russes en particulier, et les artistes, dont Dino Buzzati, qui y aurait trouvé quelques idées pour Le Désert des Tartares. Au printemps, le spectacle est d’autant plus fascinant que ces dents de la Terre se dressent sans sommation au-dessus du plus vaste pâturage d’altitude d’europe: l’alpe di Siusi. Des prairies fleuries à perte de vue qui font forcément penser à Heidi, mais non ! C’est plutôt Le Bal des Vampires que Polanski et Sharon Tate tournèrent ici, en 1967, autour du vieil hôtel Mezdì. Le nouveau lodge a un petit côté fantastique aussi, avec ses têtes d’aigle et de dragon, ses totems sculptés par Markus Delago et Adolf Vallazza. On se sent bien dans ce décor simple et luxueux à la fois, île à la dérive entre pelouses et ciel immense. Après une journée de randonnée, le sauna odorant, tapissé de foin, fait un clin d’oeil à la tradition de l’alpenbadl, ce bain à 40°C où les Sud-tyroliens mettent les touristes à infuser depuis le XIXE siècle avec un baluchon d’herbes. Eux savent bien que stress, fatigue, rhumatismes et contusions sont solubles dans cette tisane à forte teneur en achillée, camomille, arnica et génépi.