L’ART, L’AUTRE VOYAGE
EN AVANT-PREMIÈRE, LA FONDATION CARMIGNAC D’ART CONTEMPORAIN DÉVOILE SON SITE MUSÉAL SUR L’ÎLE DE PORQUEROLLES. « SEA OF DESIRE », DONT LES MOTS SE DÉPLOIENT SUR LA SURFACE D’UNE GRANDE PEINTURE D’ED RUSCHA, PROMET L’EXPOSITION INAUGURALE. ÉMOTIONS FORTES
La Fondation Carmignac d’art contemporain dévoile son site sur l’île de Porquerolles.
Un collectionneur discret sur une île préservée, un musée dissimulé sous une bastide, des jardins à l’état sauvage, Édouard Carmignac ne choisit ni Venise ni Paris pour sa collection mais un bout de terre dont 75% de la surface est une forêt, entourée par la Méditerranée. « Pour larguer les amarres, quitter les inerties continentales. Je suis un ancien de 68, un situationniste, je crois à la psychogéographie, à l’influence d’un lieu». Il débute sa collection en acquérant, en pionnier, des sérigraphies d’andy Warhol, des lithographies de Roy Lichtenstein, des héroïnes d’ed Rusha, des graffitis de Jean-michel Basquiat… Il se fera faire son portrait et lui achètera un grand nombre de tableaux. La première exposition en juin est organisée par le commissaire de l’exposition Basquiat au musée d’art moderne de Paris en 2010. 300 peintures, sculptures, photographies, dessins se dévoilent à Porquerolles dans un rapport que Charles Carmignac veut intime, initiatique, physique. « Je veux ritualiser la visite, que les gens sentent l’énergie de la terre, la vitalité de l’art. L’importance que ce soit une île, c’est qu’elle oblige à un temps de passage, puis 680 pas du port à la fondation que l’on pénètre pieds nus, désaltéré par une boisson aux plantes, sur une bande-son assez rock. Un parcours immersif en sous-sol suivi d’une marche dans le parc, de la découverte de sculptures dans les bosquets, puis on traverse la forêt et on se laisse glisser jusqu’à la mer». À l’inverse d’un geste architectural, les 2000m2 sous cinq mètres de hauteur demeurent invisibles, les murs simplement enduits de blanc, le plafond en plan d’eau plus surprenant. Sur le million de visiteurs qui fréquentent l’île annuellement, combien se plongeront dans l’art ? « Toujours 50 à la fois pas plus, dans un face-à-face avec l’oeuvre, pour susciter des émotions fortes » précise Charles Carmignac, directeur du projet. Le paysagiste Louis Benech souhaite aussi une relation vraie avec la nature endémique de l’île, «des non-jardins ». À l’unisson les protagonistes se réclament de Lou Reed Walk on the wild side. On a hâte de lâcher l’esthète qui est en nous !