Maison Côté Sud

CHAI CATHÉDRALE

Pierre Yovanovitc­h a conçu un chai contempora­in sur les valeurs d’un monde ancien.

- PA R Cécile Vaiarelli P H OT OS Jean-françois Jaussaud

Magique vallée du Douro au Portugal. Dans un paysage à couper le souffle, les vins de la Quinta da Côrte marient la tradition de cépages autochtone­s à l’invention d’un chai unique. Avec audace, l’architecte d’intérieur Pierre Yovanovitc­h a conçu un lieu contempora­in tout en conservant les valeurs d’un monde antique.

Au nord du Portugal, dans la vallée du Douro, le pouvoir drainant du schiste est à l’origine de toute chose. Classé au patrimoine mondial de l’unesco, le paysage dévale en restanques laissant lisible le labeur et la main de l’homme. On y vit à fleur d’eau, le long des rives du fleuve ou bien sur les hauteurs où les vignobles expriment la noblesse d’un terroir d’exception. La Quinta da Côrte est le fruit d’une complicité entre deux hommes. D’un côté, Philippe Austruy, animé par l’amour du vin et engagé dans la revalorisa­tion de vignobles dans le Haut-médoc, en Provence et en Toscane. De l’autre, l’architecte d’intérieur Pierre Yovanovitc­h. Leur rencontre a fait renaître la Quinta da Côrte, marquée par une forme d’abandon. Les premiers vins rouges, profonds et d’une intense minéralité, issus des millésimes 2013 et 2014, répondent à toutes les attentes. Les portos à la robe ambrée ont une singulière note aromatique. Pour Pierre Yovanovitc­h, ce signe du renouveau de la terre s’accompagne de la commande d’un chai contempora­in. Première étape, la réhabilita­tion d’une ancienne cave consacrée aux portos. Dernière étape, la rénovation de La Casa pour en faire douze chambres d’hôtes composées d’objets « collection de famille », et des créations dessinées en exclusivit­é par le décorateur d’intérieur. Bienvenue chez soi, au milieu des vignes ! Dans l’intervalle, l’étape magistrale a été celle de la création du nouveau chai. Échanges nourris, discussion­s animées, la vision des deux hommes s’exprime autour d’une ligne directrice : préserver l’authentici­té des lieux. Ainsi naît une architectu­re pratiqueme­nt absente du paysage, mais épousant sur trois niveaux le relief des collines. Alors que le chai prend sa source à plus de 20 mètres de profondeur, Pierre Yovanovitc­h vit ce projet comme une respiratio­n. Ses choix esthétique­s et fonctionne­ls sont cependant soumis à des contrainte­s d’environnem­ent et à la spécificit­é exigeante des métiers du vin. Mais s’il affirme que « la contrainte nourrit la créativité » , c’est aussi parce que le respect pour cette terre séculaire a pénétré toutes les phases du projet. Il imagine des volumes amples et dessinés, adoucis par un escalier magistral cerclé de métal noir et carrelé de faïence artisanale locale. Tandis que le regard se perd dans les croisées d’ogives de voûtes blanchies à la chaux, des puits de lumière créent des jeux d’ombres sur une constructi­on limpide. Monumental­e, mais à dimension humaine, elle laisse pleinement parler son terroir.

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